Les Experts (ou CSI: Crime Scene Investigation pour les puristes), diffusée à partir de 2000 sur CBS, c’est la série qui a transformé chaque téléspectateur lambda en détective en herbe, prêt à crier "Zoom ! Enhance !" dès qu’il aperçoit une vidéo pixelisée. Plongeons dans un univers où chaque scène de crime est plus lumineuse qu’un concert de rave et où les laboratoires ressemblent à des boîtes de nuit ultra branchées, avec plus de néons que de microscopes fonctionnels.
La série suit l’équipe de Gil Grissom, un entomologiste à la voix posée et à la passion un peu inquiétante pour les insectes, qui mène un groupe de scientifiques forensiques à Las Vegas. Ces experts, qui semblent avoir été sélectionnés pour leur capacité à poser des questions existentielles tout en portant des lunettes de soleil (merci, Horatio Caine, pour l’inspiration indirecte), résolvent des crimes à l’aide de la science, de la déduction, et d’une technologie qui ferait pâlir d’envie la NASA.
Les enquêtes sont un enchaînement de mystères rocambolesques, où chaque indice, aussi petit soit-il, devient la clé d’un complot de plus en plus tordu. Un cheveu sur le sol ? C’est l’épisode entier. Une empreinte de chaussure ? Préparez-vous à une analyse poussée qui dure quinze minutes, entrecoupée de plans dramatiques et de discussions ultra-sérieuses où tout le monde se regarde de biais comme si la vie de l’humanité en dépendait. Chaque fois que Grissom prononce un mot, on dirait qu’il prépare un monologue shakespearien sur la fragilité de l’existence et l’ironie de la mort. L’enthousiasme pour la poésie macabre est réel.
Le point fort de Les Experts, c’est son usage excessif des effets spéciaux. Chaque reconstruction de crime est un spectacle : ralentis sur la balle qui traverse le corps, zooms extravagants sur des cellules microscopiques, et transitions qui vous font traverser l’écran à la vitesse d’une pensée de scénariste en quête de suspense. C’est un festival visuel qui peut faire sourire de nos jours, mais qui, à l’époque, était le summum du cool. L’univers des Experts est tellement stérile et brillant que l’on pourrait manger par terre, à condition de ne pas regarder de trop près l’éclaboussure de sang projetée en 3D qui accompagne chaque épisode.
Les personnages sont un autre point intéressant. Catherine Willows, ex-danseuse devenue scientifique, est là pour rappeler que tout le monde peut se reconvertir dans la police scientifique si on sait bien tenir une pipette. Warrick Brown, le pro du jeu et des analyses chimiques, et Nick Stokes, le type bien sous tout rapport qui finit souvent en fâcheuse posture, complètent l’équipe. Ils se lancent tous dans des analyses poussées avec un niveau de conviction qui ferait croire que chaque fibre textile est un thriller à elle seule.
Les dialogues sont savoureux de sérieux. Il est difficile de ne pas sourire quand un expert sort une phrase telle que : "Le sang ne ment jamais" ou "Chaque meurtre raconte une histoire, et je suis là pour l’écouter", le tout accompagné d’une musique de fond qui tente désespérément de maintenir la tension. L’humour involontaire de la série réside dans sa propre exagération : le simple fait d’analyser un chewing-gum trouvé sur le trottoir peut mener à une théorie conspirationniste digne d’un roman de Tom Clancy.
Mais attention, tout n’est pas parfait sous les lumières crues des laboratoires. La série peut être répétitive, et une fois qu’on a compris que le gros twist de l’épisode est souvent caché dans un détail exagérément zoomé, l’effet de surprise s’essouffle un peu. Les personnages, bien qu’attachants, ne sont pas toujours développés au-delà de leurs compétences ultra-spécifiques et de leurs petites manies scientifiques. Et bien sûr, le réalisme prend des vacances quand un test ADN revient en moins de trois minutes, le tout accompagné d’un "enhance" magique.
En résumé, Les Experts est une série qui a marqué son époque avec ses enquêtes improbables et ses visuels tape-à-l’œil. C’est le spectacle parfait pour ceux qui aiment les intrigues policières où la science est plus un prétexte à l’effet dramatique qu’un réel processus d’analyse. Si vous êtes prêts à suspendre votre incrédulité et à vous immerger dans un monde où tout le monde travaille la nuit dans un labo éclairé comme un bar lounge, alors Les Experts est fait pour vous.