Les Fils de Sam n'est pas l'histoire de cette série de meurtres terrifiants et imprévisibles qui secoua New York pendant l'été 1977. Cette histoire là, l'officielle, sera expédiée dans le premier épisode de ce documentaire en quatre parties. Les Fils de Sam, c'est surtout l'histoire de l'enquête (plus qu'une enquête en elle-même) de Maury Terry, journaliste monomaniaque, têtu et autodidacte qui se met en tête de prouver que l'auteur identifié de ces meurtres, David Berkowitz, n'a pas agi seul, mais dans le cadre d'une secte satanique organisée.
Suivant la thèse de ce personnage solitaire et souvent marginal, qui n'est pas sans rappeler le Jake Gyllenhaal du Zodiac de David Fincher, on collecte avec lui des indices qui tendent à connecter une série d'évènements violents à travers les Etats Unis et ceux attribués à Berkowitz. Une quête obsessionnelle qui deviendra progressivement complètement hors de contrôle et où on verra un homme à priori rationnel et méticuleux lâcher prise sur le scepticisme et provoquer malgré lui un emballement médiatique paranoïaque autour d'une prétendue diffusion à grande échelle du satanisme.
Les Fils de Sam, c'est donc aussi l'histoire d'un homme qui parce qu'il questionne une thèse officielle se retrouvera balancé dans l'arène populaire par les incroyables machines à broyer la vérité que sont les systèmes judiciaires et médiatiques américain. Et c'est bien entendu ce récit de la perte de contrôle totale sur lui-même et ses enquêtes par un journaliste sorti de nul part qui est intéressant dans ce documentaire.
Très typique des documentaires policiers américains, cette série appelle à des doses assez malaisantes de spectacle (le générique rock, la mise en scène du suspens en fin d'épisodes...) et oublie un grand nombre d'éléments factuels, comme le fait que le FBI et ses profilers valident assez unanimement la version du NYPD. Elle a également tendance à étirer un propos qui aurait mérité un épisode de moins sans les inutiles effets de manche.
Néanmoins, le mérite de ce type de documentaire est de réussir un storytelling efficace autour d'un personnage attachant dans son entêtement et à la recherche d'une vérité qui ne viendra jamais, qui persistera malgré les humiliations subies, envers et contre la facilité de la version officielle.