Cette critique ne contient pas de spoilers ; ou alors vraiment minuscules.


Sabrina, cuvée Netflix, est une excellente série selon moi. Même si la fin a dû être précipitée (à cause de vous-savez-quel-virus), et donc un peu moins à la hauteur de ce qu'on aurait pu espérer, l'ensemble reste à mon sens magistralement bien exécuté dans le genre. Roberto Aguirre-Sacasa et son équipe l'ont d'ailleurs rongé jusqu'à la moelle, ce genre : l'horreur prend toutes les formes possibles, ou en tout cas une bonne poigée de celle qu'offrent les mythes pagano-judéo-chrétiens.


Et c'est ce qui a fait la différence pour moi. Les scénaristes n'ont jamais peur d'aller plus loin, cassant complètement les codes de ce qui peut ressembler à du Riverdale rencontrant Harry Potter pour offrir au spectateur toutes sortes de scènes glauques, parfois malsaines, où le manichéisme est fréquemment mis à rude épreuve. N'espérez pas trop de soirées entre Sabrina et ses potes ou de guéguerres au lycée ; il y en a juste le quota nécessaire pour rappeler qu'on est sur Netflix, mais très (très) souvent cet aspect est laissé de côté pour une narration somme toute plus originale, où tout devient possible.


J'aime quand une série me surprend, et celle-ci a su le faire au fil des quatre parties. Paradoxalement, même si la machine à clichés bat son plein, la trame, elle, n'a rien de classique. Il est très rare qu'on s'installe dans une routine rassurante - par rapport aux événements ou au développement des personnages. Dans cette deuxième catégorie, on peut citer l'évolution de Lilith : celle qui apparaît en saison 1 comme la grande méchante classique et manipulatrice se révèle assez vite plus complexe, plus nuancée. Elle pourrait même susciter une certaine forme de compassion.


Tous les personnages n'ont pas le droit à un traitement égal, ce qui semble malheureusement une fatalité pour les séries comptant un si large casting. Au départ, Ambrose
est intéressant à suivre, tant qu'il est astreint à résidence et qu'il souffre de ne pas pouvoir se mélanger au monde des mortels. Dès qu'il est à nouveau "mobile", et c'est assez manifeste, le jeune homme se transforme en Géo Trouvetou de service. À part s'agiter quand sa cousine exagère ou se réjouir quand l'une de ses idées fonctionne, on ne peut pas dire que son parcours ait de quoi maintenir l'intérêt.


Toujours est-il que, de manière globale, l'intrigue et ses composants prennent des directions inattendues. Certains épisodes sont à eux seuls des mini-films où tout peut basculer. En prime, le script n'est pas dénué d'humour et plusieurs touches de second degré, voire de "meta", viennent rééquilibrer les forces dans ce cosmos de références bibliques et mythologiques. On ne rit pas à gorge déployée - sans doute déjà plus que pour la sitcom des années 1990... (ok, ça c'était gratuit) - mais on sent parfois que l'équipe joue avec les codes, les pousse à leur paroxysme pour voir ce que ça donne. Il y a, je crois, eu du plaisir dans le processus d'écriture et de réalisation, ce qui n'est pas négligeable pour un format qui privilégie souvent la séduction du public au détriment du produit lui-même.


Je ne mets pas 10 parce qu'il y a un peu trop de maladresses, par-ci par-là, pour que je cède à la note maximale. Un ou deux épisodes sont objectivement ratés ou peu inspirés. Certains personnages ont un intérêt relatif (j'ai le droit de dire "Harvey" ?). Mais je ne mets pas non plus moins que 9 car j'ai adoré suivre ces "chilling adventures", j'ai adoré leur côté hyperbolique, gratuit, excessif. Diabolique.

Botwin
9
Écrit par

Créée

le 29 mars 2021

Critique lue 90 fois

Botwin

Écrit par

Critique lue 90 fois

D'autres avis sur Les Nouvelles Aventures de Sabrina

Les Nouvelles Aventures de Sabrina
Ninesisters
7

Chilling Adventures of Sabrina

Nous connaissons Sabrina l'apprentie sorcière à travers les adaptations télévisuelles de ses aventures, en particulier la gentille comédie romantique des années 90 avec son chat animatronique. Il y a...

le 28 oct. 2018

26 j'aime

3

Les Nouvelles Aventures de Sabrina
Shinobu
3

Sabrina Contre le Monde

Je n'ai pas pour habitude de noter une série ou un film sans l'avoir terminé, mais là vraiment j'ai pas pu. M'étant arrêté à l'épisode 3, j'ai quand même poussé jusqu'au 4 à cause du nom de l'épisode...

le 27 déc. 2018

7 j'aime

4

Du même critique

Monk
Botwin
8

Critique de Monk par Botwin

Nous sommes en 2004 (je crois), je suis chez ma grand-mère. J'ai (il me semble) quatorze balais, une gamecube, et un Journal de Mickey sur la table du salon. Et j'adore les séries policières. Enfin,...

le 2 janv. 2011

68 j'aime

6

L'Étrange Noël de Monsieur Jack
Botwin
5

Que vois-je ?

Ce genre de films devrait être diffusé dans une salle réservée à ceux qui aiment l'univers de Tim Burton, une sorte de fan club exclusif. Ca devrait pas être lâche sur le domaine public. Arrêtez de...

le 30 nov. 2010

37 j'aime

24

Happy Tree Friends
Botwin
1

Critique de Happy Tree Friends par Botwin

Des animaux se massacrent, ha ha ha, au début on aurait dit qu'ils étaient mignons et en fait non, ho ho ho. C'est moi ou, en plus d'être complètement con, ce concept ne peut être que terriblement...

le 20 déc. 2010

32 j'aime

4