Incomplet, grossier, niais, pas instructif (pour qui a déjà un minimum de connaissances sur le sujet). Ainsi pourrais-je résumer ce documentaire...

La vulgarisation est un exercice périlleux, j'en conviens, en cela qu'il doit trouver un juste équilibre entre le trop complexe, accessible aux seuls experts, et le trop connu qui ne vulgarise rien. Et si Stephen Hawking était un grand scientifique, il n'est pas selon moi un bon vulgarisateur, n'arrivant pas à trouver l'idoine équilibre. Quant à savoir si sa plume est du moins poétique, comme peut l'être celle d'un Hubert Reeves, je ne saurais en juger via ce documentaire.

Ce qui soulève la question: la vulgarisation a-t-elle encore un sens à l'ère des supercordes ? Chaque domaine, en science comme ailleurs, s'est tellement complexifié que la vulgarisation semble toujours moins pertinente. C'est en tout cas mon ressenti. Et malgré le rabâchage dans ce documentaire que "c'est facile", les sujets évoqués n'en demeurent pas moins compliqués.

Incomplet et grossier, donc, car on nous mentionne que la lumière est une onde, or c'est à moitié vrai puisque la lumière est tout à la fois ondes et corpuscules (dualité onde-corpuscule), ce qui n'est pas dit tel. On nous montre bien l'expérience des fentes de Young, mais là encore, sans expliciter le problème de la mesure quantique, ou le chat de Schrödinger. Et si la théorie de la décohérence quantique est "considérée aujourd'hui comme étant l'approche la plus aboutie pour résoudre le problème de la mesure quantique, elle a reçu un grand nombre de confirmations expérimentales, des problèmes subsistent, qui ne sont pas entièrement, ou pas du tout, résolus par cette théorie." Cela reste un problème majeur pour expliquer la transition entre l'état quantique à macroscopique (les règles physiques classiques).

Ces trois épisodes s'attardent de fait trop sur la généalogie de la science et des éléments qui devraient être connus de tous (Galilée et les satellites de Jupiter, Einstein et son E=MC², etc), ou sans importance, comme Kaluza qui apprend seul à nager, et ne prend pas assez soin de développer les problèmes intéressants de la physique moderne ou d'expliquer concrètement pourquoi un Dieu n'est pas nécessaire à la Création.


Un mot sur la conclusion douteuse du premier épisode.

Monsieur Hawking, dans ce documentaire datant de 2013 qui repose sur son ouvrage de 2010, part du postulat le plus populaire, certes, l'inflation cosmique, pour nous dire que le temps n'existait pas avant le Big Bang, et comme le temps n'existait pas, Dieu ne pouvait pas exister non plus, mais poursuit de façon contradictoire en racontant qu'on ne peut remonter (observer) avant ledit Big Bang. Ce n'est donc pas très scientifique comme démarche, et c'est également omettre les différentes hypothèses émises, que ce soit celle récente de sir Roger Penrose (avec qui SH a collaboré) affirmant que le Big Bang n'a pas été la première singularité cosmique et qu'il ne sera pas la dernière (hypothèse ultérieure à la mort de SH, on peut donc lui pardonner), que ce soit celle sur le pré-Big Bang, datant de 1990, ou celle, si l'on remonte encore, d'Aristote, qui "défendait l’absence de commencement en invoquant le principe selon lequel rien ne surgit de rien. Si l’Univers ne peut naître ex nihilo, il doit avoir toujours existé." Je passe outre la confrontation d'un éventuel Dieu avec la science, qu'on appréciera ou non, pour simplement souligner le manque de sérieux de cette conclusion hâtive.

Piètre utilisation des termes employés également, car SH parle de la théorie M comme d'un modèle avéré, or ce n'est "qu'une" théorie mathématique, aussi belle et convaincante soit-elle, qui ne peut être vérifiée et ne le sera donc sans doute jamais.


Quant au sens de la vie.

Peut-être l'épisode le plus intéressant, mais là encore, le sujet est survolé de façon maladroite, pour arriver à une conclusion tout aussi expéditive:

la réalité, ou perception du monde, dépendant forcément de nos sens, il appartient à chacun d'imposer un sens à la vie. Moue... Ou comment éviter de se mouiller.

En conclusion (je passe sous silence certains points pour éviter de m'étendre, comme les mises en images souvent niaises), un documentaire qui ne peut ravir que les néophytes en la matière, et déplaira forcément aux philomathes plus avertis. Le comble étant que la spécialité de SH est à peine évoquée, les trous noirs, et leurs rayonnements absents de ce documentaire.

Nielad-Divinorum
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le 8 avr. 2024

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