Les Piliers de la Terre par LeChiendeSinope
Ah, ça, l'homme savait vivre, au Moyen-Age ! Et ne passait pas, comme vous, son temps à lire des critiques inutiles sur Internet ! Et que je débauche une ribaude, et que je viole une roturière, et que je j'ouvre le ventre d'un maroufle ! Tout en n'oubliant pas, bien sûr, de me confesser une fois la nuit venue.
C'est ça que j'aime dans les Piliers de la Terre, le roman. Et j'ai longtemps été surpris de ne pas voir d'adaptation, au moins au cinéma. Chose désormais réparée, avec cette série, produite par Ridley Scott, et sous la protection de ce gros vicelard de Ken Follett en personne. A priori donc, difficile de douter de la qualité de la série.
Le scénario s'attarde sur les nombreux évènements, souvent dramatiques, qui viendront jalonner la construction d'une cathédrale dans le petit prieuré de Kingsbridge. Complots, trahisons, histoire de cul, sont les principaux mots-clés de cette mini-série de huit épisodes.
Réaliser une série historique de qualité n'est jamais facile. D'abord à cause du budget. Pour être un minimum crédible, il faut que la reconstitution soit réaliste (Rome avait parfaitement saisi cela). Ici, c'est globalement le cas : les décors sont très réussis, les costumes également. Quelques effets sont un peu kitschs, mais ne choquent pas non plus outre mesure. On pourra critiquer le fait que tous les héros aient de belles gueules et soient parfaitement coiffés, mais c'est du détail pour le spectateur lambda.
Globalement, le roman est respecté. Pas à la lettre non plus, mais tout est là, hormis, sur le dernier tiers de l'histoire, quelques passages supprimés qui, il est vrai, avaient tendance à alourdir l'histoire (le passage en Espagne, notamment, quand Aliena vient retrouver Jack). On a donc droit à un scénario de qualité, ponctué de nombreux rebondissements, et très accrocheur, le tout porté par des personnages charismatiques. On pourra pester contre un certain manichéisme de l'ensemble, et surtout une histoire d'amour particulièrement niaise. Un trait un brin dommageable surtout que la série aborde parfois des thèmes assez noirs (inceste, amour du pouvoir, pédérastie, impiété).
Notons aussi la qualité des scènes de combat, sanglantes et brutales comme il faut.
Je vais devoir aussi parler du casting. Il oscille entre le médiocre (Jack, ce sale roux à qui on a envie de donner des baffes, Aliena) au très bon (l'évêque Waleran Bigod, le Prieur Philip, la mère de William) en passant par le correct (Tom le bâtisseur, William, Ellen). Vraiment, c'est un brin dommageable. Rien de grave non plus, mais parfois j'avais quelques frissons de la honte devant le jeu agaçant de Jack, le roux ténébreux et timide (!).
Dernier point noir : le plan final de la série, qui montre une cathédrale terminée, dans une belle ville, de nos jours. Très insidieux : on veut sans doute faire croire au spectateur de la véracité de l'histoire. C'est faux, puisque le prieuré de Kingsbridge n'existe pas.
D'une manière générale, ma critique peut paraître sévère. Mais lancez-vous, c'est une bonne série historique dont il est difficile de décrocher. Je ne me suis pas senti trahi, on sent l'adaptation de qualité, et l'envie de proposer du grand spectacle, même si le souffle épique est quelque peu diminué.