Royal !

J'ai déjà dit de nombreuses fois que j'adorais la série de romans qu'on doit à Maurice Druon de l'Académie Française ( voir ma critique sur cette série de romans, pour plus de détails ) et, pourtant, j'ai commencé par aimer l'ambiance médiévale et par connaître l'histoire des derniers Capétiens directs soit-disant maudits jusqu'à la 13e génération par le grand maître du Temple sur son bûcher en 1314 et les intrigues de Robert et Mahaut d'Artois entre autres à cause du somptueux feuilleton de Claude Barma, mettant en scène les 6 premiers tomes de romans ( les plus intéressants et les mieux gérés dramatiquement parlant ), qui m'a tellement prise que je l'ai revu un certain nombre de fois.

Les dialogues, largement repris des romans, sont un pur délice, sans parler du royal et somptueux écrin musical composé par le grand Georges Delerue. Quant au scénario de cette fantastique saga, il présente magnifiquement la naissance de l'Etat moderne sous la main de fer de Philippe IV, puis les difficultés du royaume de France, sous les règnes successifs de ses trois fils mort sans descendance masculine posant un cas épineux suite à l'invention de la pseudo-loi salique et l'Affaire de Tour de Nesle. A quoi s'ajoutent les prémices de la guerre de Cent ans liés à la formidable épopée tragique d'Isabelle de France, reine d'Angleterre, dans lesquels on plonge tout aussi volontiers.

Il reste qu'a priori l'aspect théâtral avec des décors dépouillés ( pas souvent d'extérieur mais suggérant très bien les intérieurs du XIVe siècle ) , des riches costumes et des jeux très emphatiques par des Comédiens du Français peut être un obstacle pour rentrer dans l'action mais, au contraire, je n'ai que de plus en plus de tendresse pour cette version précisément à cause de cette dimension qui lui donne un parfum si particulier et une âme, qui rend fidèlement les pages de Druon. En outre, ce choix laisse toute la place aux talents de monuments du 6e Art, en particulier, mes deux préférés : le regretté Jean Piat, inimitable dans le rôle du baron écarlate Robert d'Artois, et Geneviève Casile, qui fut sans doute la Louve de France dans une autre vie, tellement elle m'impressionne à incarner toutes les facettes du personnage de la plus froidement cruelle à la plus simplement humaine, en passant par l'aura la plus fièrement majestueuse qui devait être la sienne, et par toutes les autres nuances ou finesses de sa délicieuse duplicité.