Un scénario d'une simplicité frappante et d'une construction atypique : succession de tranches de vie, d'épisodes isolés ou d'impressions relatées en flash-back entrecoupant la scène centrale de l'accident, qui ouvre le film. Le tout magnifié par le style épuré de Sautet et sa poésie tragique insondable qui en font un film que j'aurais souhaité simplement garder en tête avec les merveilleuses compositions de Philippe Sarde (ses premières, de mémoire), surtout celle qui me ramène le plus à ma situation et n'aura jamais mieux correspondu à mon humeur, qu'actuellement (je préfèrerais en garder les raisons pour moi, en revanche). Lui conférant toutes ou la plupart une atmosphère lyrique et nostalgique, doucement porteuse ; cette perfection atemporelle accompagnant son ambiance tellement française années 1970, en même temps, et non pas le revoir tant il me touche personnellement et me bouleverse (avec plus de force, encore, à la seconde vision, d'ailleurs).
Au passage, un revisionnage obligé, faute à "l'insulte ambulante" qu'est le remake américain infâme des années 1990, qui gâche mes souvenirs de ce chef d'œuvre universel, hors du temps et aux plans d'une beauté esthétique sans faille. Ce qui me permet de me rendre compte que je n'avais jamais écrit de critique pour ce film sublime, qui m'évoque tant de choses et me parle, me paraît familier dans le moindre détail et que je n'avais donc pas revu depuis que je l'ai découvert, il y a moins d'un an. Je m'en vais donc corriger cet oubli.
Ce que je réaffirme, encore une fois, ce rafraîchissement de mémoire fait et après avoir lu le roman original, c'est que le sel de ce qui aurait dû en être la seule adaptation à mon sens. Je ne vois, en effet, pas quoi apporter de plus au film de Sautet, réussissant un dangereux équilibre entre sa capacité à magnifier encore plus l'oeuvre de Paul Guimard, qui lui sert d'inspiration, et à lui tout en lui restant fidèle. Mais surtout sa force vient de ce jeu entre une histoire totalement universelle, simple ainsi mais touchant aussi à des aspects plus particuliers, tant les comédiens sont en adéquation exacte avec leurs personnages et s'y coulent aisément au point d'en devenir indissociables dans ma mémoire cinéphilique, surtout le trio central (Romy/Piccoli/Léa Massari) mais aussi les rôles secondaires (notamment, un Jean Bouise parfait).
Et puisque j'ai plus d'affinités avec Romy, il restera toujours pour moi une interrogation ou plutôt une certaine zone d'ombre en ce concerne ce long-métrage et qui lui donne comme une sorte d'aura mystérieuse qui me fascine : il fait, incontestablement, partie des raisons pour lesquelles j'aime énormément ce film (et n'ai pas envie qu'on y touche, au risque de me sentir "agressée" dans ma cinéphilie) de voir ma comédienne préférée se mettre autant au service d'une œuvre dont elle était elle-même si proche, touchant aussi à l'occasion une corde sensible en moi, mais je ne peux mettre le doigt sur laquelle, puisqu'elle a elle-même gardé sur ce qui la bouleversait avec ce film un silence compréhensible.