Cela faisait quelques temps que je voulais regarder Les Soprano. Déjà car c’est une série HBO et surtout pour sa réputation, mais je doutais beaucoup avant de me lancer car 6 saisons c’est un investissement. Après réflexion, la restauration en qualité HD de la série m’a permis de passer le cap.
Comme la plupart des séries le début est problématique, la première saison des Soprano me faisait penser simplement aux films mafieux de Scorsese en moins bons et par instant à Mafia Blues pour les entretiens avec son psy mais moins drôle. Je me demandais comment les scénaristes allaient rendre intéressante cette série car son univers n’était pas assez intéressant pour le regarder encore pendant 5 saisons car peu originale dans ses débuts.
Comme les plus grandes séries, elle décolle à partir de la saison 2 pour monter en crescendo jusqu’à la fin de la saison 6, à tel point que je suis devenu accro comme rarement pour une série. Il faut savoir que je n’apprécie pas les séries et pour qu’une seule m’accroche il faut qu’elle soit très intéressante. Et pour cette série c’est le cas, et même plus, car je souhaiterai qu’elle ne s’arrête jamais.
La réussite des Soprano vient tout d’abord à son acteur principal, du regretté James Gandolfini allias Tony Soprano gangster du New Jersey, fils de mafieux, en pleine ascension pour devenir parrain. Il est à la fois très empathique dans ses troubles intérieurs liés à son métier et à ses problèmes personnelles et familiaux, puis très antipathique quand il use de la violence pour ses affaires. Un peu comme Whalter White de la série Breaking Bad (qui a beaucoup de similitudes avec les Soprano dont je pense est la digne héritière)
Les acteurs secondaires ne sont pas en reste et donne de la richesse et l’authenticité qui font le sel de la série. Par exemple, Edie Falco allias Carmela la femme de Tony a une force incroyable et possède beaucoup de charisme, il faut avoir du répondant face à la montagne qu’est son mari. J’ai beaucoup apprécié le neveu de Tony, Christopher (Michael Imperioli) qui même s’il a une tête à claque est un personnage très intéressant surtout vers la fin de la série. Sa copine Adriana (Drea de Matteo) est aussi un personnage très bien développée dont l’évolution est surprenante. Je note aussi la prestation de « Junior » l’oncle ambigu de Tony (Dominic Chianese) qui est un personnage tout droit sorti des films de Scorsese dont j’ai eu beaucoup de plaisir à le suivre tant par sa méchanceté et touché par sa fragilité qui en fait un personnage très humain au fond comme son neveu Tony. Je vous laisse découvrir les autres personnages qui composent cette galerie mafieuse extrêmement réussi comme les acolytes de Tony (Paulie, Silvio, Pussy, Bobby, Artie, Vito), les autres familles (Johnny, Phil, Hes) et aussi les enfants de Tony qui sont aussi très bien interprétés et joués par des jeunes acteurs que nous voyons grandir. Il y a aussi la cerise sur le gâteau pour les cinéphiles car certains personnages importants sont joués par des Guest-stars, notamment Steve Buscemi et Joe Pantoliano allias Cypher de Matrix. On peut apercevoir aussi un petit rôle pour le jeune Paul Dano en ami d’Anthony le fils de Tony Soprano.
Le cœur de cette série c’est la Famille. Tony Soprano porte le monde sur ses épaules et se bat pour sauvegarder tout ce petit monde : son couple et ses enfants, sa mère, son oncle et sa sœur Janice et enfin sa famille mafieuse. Le fantasme de Tony c’est que tous ces différents types de personnes se mélangent pour former une seule et même famille où tout le monde serait en harmonie. Il est seulement difficile, voire impossible, pour Tony de faire coexister tout ce monde dans une seule famille sans subir des attaques extérieurs et intérieurs (le FBI, les guerres de pouvoir et la loyauté de ses hommes, l’avenir de ses enfants, son penchant pour l’adultère). Ce qui amène par moment à en délaisser un au profit d’un autre et donc indéniablement à des trahisons, petites et grandes qui ont de grandes et graves conséquences, ce qui me fait dire que Tony Soprano est un personnage moderne de tragédie grecque. Comme pour Breaking Bad pour la drogue, cette série n’est pas une apologie de la mafia, bien au contraire, l’issu fait froid dans le dos.
Pour conclure et finir de résumer mon ressenti (très dur à écrire car très riche, c’est comme faire une critique unique de Game of Thrones). La série mérite sa réputation et demeure encore à l’heure actuelle une référence tant par son écriture (la saison 6 est un bijou), par son jeu de ses acteurs qui est exceptionnel lui aussi comme l’écriture (et le bon vin italien) qui se bonifie de saison en saison pour atteindre des instants de grâces comme cette fin brutale et inattendue de la série.
Un aspect négatif persiste après la fin de cette épopée mafieuse, une impression immense d’être orphelin. Je vous la conseille fortement.