Voilà l'une des meilleures séries jamais produites pour la télévision. Belle, drôle, artistiquement parfaite et révolutionnairement intelligente, la création de David Chase apporte au petit écran la magnificience de certaines oeuvres cinématographiques, le côté évolutif d'une série en plus. Rien n'est laissé au hasard : les personnages progressent dans un univers à la fois complexe et impressionnant de profondeur.
La psychologie de chaque protagoniste est traitée avec justesse, conférant à certains d'entre eux une dimension quasi mystique. Chez les Soprano, on ose tout : d'une vulgarité extrême à une fâcheuse tendance à tirer sur tout ce qui bouge, les personnages représentent la part sombre qui est en chacun de nous, libérée ici sous couvert de complots mafieux. Ce que toute personne raisonnable et civilisée n'ose pas faire pour des raisons morales, la fine équipe de Tony Soprano se le permet sans broncher !
Et c'est ça, aussi, qui explique le succès de la série. N'oublions pas les multiples réflexions métaphysiques que le show nous offre, se servant du crime organisé pour dépeindre la vie en elle-même, ses morts tragiques et la fatalité qui l'anime. N'oublions pas non plus l'harmonie établie entre la musique et l'image, comme une grande symphonie aux mélodies venues des quatre coins du monde. N'oublions pas l'exceptionnel jeu d'acteur de Monsieur Gondolfini et de tous ses collègues, avec une mention spéciale pour Lorraine Bracco qui, comme le disait une critique sur Allocine, incarne une psy plus vraie que nature.
On pourrait juste regretter à ce sujet que les scénaristes aient un peu délaissé la relation entre Tony et sa psychiatre lors des dernières saisons.
Quoiqu'il en soit, "The Sopranos", malgré deux saison d'introduction qui peuvent paraître assez longues au spectateur avide de sensations fortes, est un oeuvre d'art, une pièce incontournable dans le musée de la télévision.