La série aurait dû être plus courte
On n'attendait pas Jonathan Rhys Meyers en Henry VIII d'Angleterre tant nous en avons gardé de ce roi l'image d'un ogre vieillissant, énorme et bouffi par les excès de tout ordre qui l’achevèrent. A sa mort, à 56 ans, d'un ulcère infecté, il pesait 178 kg, ce qui, de nos jours est considéré pour de l'obésité morbide, même pour un homme de haute taille, puisqu'il mesurait 1,83, ce qui le faisait apparaître comme un géant pour ses contemporains.
Le jeune acteur irlandais incarne Henri VIII au début de son règne, alors qu'il était appelé à succéder à 18 ans à son père décédé subitement. Ses débuts furent d'autant plus difficiles qu'on le maria, contre sa volonté, et pour des raisons purement politiques, à l'austère Catherine d'Aragon, qui, pour arranger les choses, était sa propre belle-mère puisqu'elle était la veuve de son père ! O tempora, o mores où la raison politique était la loi et passait par-dessus toute autre considération.
Comme de nombreux autres monarques, le jeune Henry dut affronter, dès son accession au pouvoir, les grands du royaume qui, plus encore en Angleterre qu’ailleurs, croyaient pouvoir manipuler à leur guise ce tout jeune homme sans expérience. Cette réalité des débuts du règne d’Henri VIII est fidèlement rendue.
Jonathan Rhys Meyers incarne à merveille ce jeune monarque, plein d'énergie, insistant peut-être un peu beaucoup (trop à mon avis) sur son attrait pour le sexe qui s'explique aussi en partie par le fait que son épouse officielle était beaucoup plus âgée que lui et d’une pruderie qui ne convenait pas à un jeune homme débordant de vitalité. En outre, elle était espagnole, très portée sur la religion et sur la morale et on peut comprendre que, dans ces conditions, le monde qui les séparait.
Une fois le premier choc de voir le beau Jonathan RhysMeyers incarner Henry VIII, on apprécie une réalisation dégagée de tout complexe et où l'on n'a lésiné ni sur les décors, ni sur les costumes, qui sont somptueux.
Mais la série n'est pas, loin de là, « tous publics », tant en raison de certaines scènes ouvertement sexuelles qu'en raison d'autres, même si elles correspondent aux mœurs de l'époque, d'une cruauté à laquelle on n'est pas habitué dans une série télévisée grand public.
C'est dommage car, si les producteurs avaient été un peu plus modérés dans ces deux domaines, cela aurait permis de montrer de manière nettement plus ludique que dans des manuels poussiéreux une partie de l'histoire de l'Angleterre à des élèves ou des étudiants de langue et de littérature anglaise (tout en rectifiant certaines libertés prises par la série comme certains faits omis - ou de pure invention - ainsi qu'une chronologie par moments parfaitement arbitraire). Les spécialistes reconnaissent cependant que l'œuvre reste, dans ses grandes lignes, proche de la vérité.
Outre l'acteur qui joue Henri VIII, la distribution est particulièrement soignée avec des acteurs de grand talent, notamment Sam Neill dans le rôle du cardinal Thomas Wolsey, Jeremy Northam dans celui de l'érudit Thomas More, Max von Sydow dans le rôle du cardinal Von Waldburg ou Peter O'Toole dans celui du Pape Paul III ainsi qu'une pléiade de jeunes acteurs moins connus mais tout aussi sympathiques comme l'ami intime d'Henry III, Charles Brandon (Henry Cavill qui faillit jouer le rôle-titre du beau vampire Edward Cullen dans Twilight, ce qui aurait sans doute été une promotion pour lui, en tant qu'acteur, mais une erreur de casting manifeste).
Quant aux costumes et aux décors, ils sont tout simplement sublimes. Le problème, avec cette série, est sa durée. Quatre saisons, là où deux auraient amplement suffi, c'est beaucoup trop. En effet, quelles que soient ses qualités, on est très vite lassé de voir se répéter, saison après saison, les mêmes scènes de chasse, de repas, de réceptions mondaines, de ballets (on finit par être saturé de menuets !!!) et de coucheries...