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Travelers c’est un voyage dans le temps différent de ce qu’on a l’habitude de voir.
Un voyage qui nous fait sortir du schéma classique de la téléportation temporelle physique au profit d’une autre méthode, qui soulève par la même d’autres problématiques : et ça fait du bien.
Cette méthode c’est le transfert de conscience.


Depuis un futur post-apocalyptique, des milliers d’agents ayant chacun un rôle bien précis sont envoyé au 21e siècle par Le Directeur


,une intelligence artificielle quasi-omnipotente,


afin d’empêcher que ce futur ne se réalise.
Dès le premier épisode nous est présenté l’équipe que nous allons suivre pendant toute la série, cinq agents dont les spécialités sont complémentaires : un chef d’équipe, un ingénieur, une tacticienne, un historien et une médecin.
Les cinq protagonistes arrivent au 21e siècle en transférant leurs consciences dans des « hôtes » (et en écrasant par la même celle de ces derniers) quelques secondes avant que ceux-ci ne meurent historiquement, une méthode considérée comme éthique par Le Directeur dans le sens où aucune vie n’est volée. Une fois leurs hôtes sortis d’affaire, les voyageurs peuvent alors se consacrer à leurs missions tout en continuant à vivre la vie de leurs hôtes.


Les premiers épisodes du show canado-américain sont un peu laborieux à mon goût. Outre l’épisode introductif, on est vite amené à croire qu’un épisode équivaudra à une mission, presque comme un procédural, ce qui heureusement s’avérera faux par la suite. La série emprunte de nombreux raccourcis, notamment sur l’usage et la fabrication d’une technologie futuriste au 21e siècle qui paraît improbable, mais aussi sur la gestion des paradoxes temporels. En sommes, quelques facilités scénaristiques.


Et puis finalement, tout prend sens, on se rend compte que cela n’impacte pas le propos profond de la série, mais surtout qu’elle a beaucoup plus à offrir qu’elle en a l’air. Le fil rouge se dessine, les personnages et leurs relations évoluent…


et le futur aussi,


ce qui tend évidemment à exacerber l’intérêt qu’on a à suivre les aventures des voyageurs et nous aide largement à passer outre le petit nombre de défauts superficiels dont fait preuve la série.


Les personnages et leur traitement sont une des grandes réussites du show. Mac, Carly, Philip, Trevor et Marcy sont tous attachants. Même les personnages secondaires ( David, Jeff, Kat, Grace ou Yates pour n’en citer que quelques-uns) sont réussis.
Quand beaucoup des séries actuelles se concentrent sur un outsider ou un personnage particulièrement sombre ou charismatique pour faire monter la hype et accrocher le spectateur, on est au contraire dans Travelers pris d’intérêt pour l’histoire personnelle de tous les voyageurs et pour la manière dont ils gèrent leur vie au 21e siècle.
Le fait qu’ils doivent suivre des protocoles (et parfois les transgresser) créée un cadre d’obéissance/désobéissance qui nous permet de mieux cerner les personnages, qui loin de suivre aveuglément les ordres du Directeur, se posent bon nombre de questions


(questions grandissantes au fil de la série, lorsque le Directeur semble commettre des erreurs ou encore lorsque la faction apparaît). Nous nous en posons d’ailleurs également. Les voyageurs sont ils prisonniers de leur situation ? Ne sont-ils pas plus des cobayes qu’autre chose ? Une IA devrait-elle décider du destin de l’humanité ?


La partie de l'intrigue qui consiste à voir les voyageurs s’adapter à une vie qui n’est pas la leur (protocole 2 et 5) et tout faire pour que personne ne remarque qu’ils ne sont plus eux-même, est très bien implémentée : on se surprend à s’intéresser autant aux missions des protagonistes qu’à leur nouvelle vie.


C’est alors que la série prend une autre dimension, plus inattendue, mais finalement logique : celle d’une histoire très humaine qui ne se cantonne pas à de l’action ou de la science-fiction. On en apprend plus petit à petit sur le futur et sur les personnages (cela peut paraître évident mais je me permets de le relever car les informations sont disséminées efficacement et au compte-goutte : jamais trop mais toujours assez) en choisissant tout de même de laisser la part belle à l’imagination ;


on ne connaîtra d’ailleurs le vrai visage d’aucuns des personnages, outre celui de Carly et de Trevor qui seront très brièvement montrés à l’écran à des occasions différentes.


Une dernière remarque, et pas des moindres : au-delà des fins de saisons toujours réussies (surtout celle de la dernière), les épisodes et les saisons s’affinent et s’améliorent avec le temps. Pour moi, c’est un critère important. Le nombre de séries crées (puis annulées) étant exponentielles, avoir une idée, la mettre en œuvre et la terminer avec les honneurs malgré les contraintes, et même si cela peut paraître normal d’un point de vue objectif, est aujourd’hui une réussite assez rare pour être remarquée et appréciable.


En conclusion, Travelers est à mon goût une série surprenante, un petit coup de cœur qui arrive à brouiller la frontière entre les genres et qui est en de nombreux points touchante. La photographie est propre, la réalisation et les quelques effets spéciaux sobres mais efficaces, la bande originale envoûtante et électrique et les acteurs impeccables.
On notera cependant afin de nuancer le propos et de mettre les choses au clair qu’avant d'être une série de science fiction, d’action et de drame sur fond pseudo intellectuel (dans lequel le show s'empêtre parfois) c'est d'abord et surtout un divertissement réussi, rythmé et accrocheur.


PS : Bien que la série ait officiellement été annulée le 1er février 2019, la fin est cohérente et laisse la porte ouverte à une suite, qu’un jour peut-être elle connaîtra


(un programme voyageur 2).


En attendant... protocole 5 !

Leto-Tinatum
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le 5 oct. 2020

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Leto Tinatum

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