Quand le coma t’emmène dans une virée psychédélique dans les années 70

Life on Mars, c’est un peu comme si David Bowie avait écrit un guide de voyage temporel pour flics en mal d’aventure. BBC One nous offre ici un cocktail improbable entre enquête policière, mystère existentiel, et trip nostalgique des années 70, le tout emballé dans une intrigue où même le héros ne sait plus s’il est fou, mort ou juste en train de rêver avec une moustache disco.

L'histoire commence comme une classique série de crime, avec Sam Tyler, un inspecteur moderne, efficace et sans doute un peu trop propre sur lui. Puis, BAM ! Accident de voiture, et le voilà qui se réveille en 1973, vêtu d’un costume aussi marron que les tendances capillaires de l’époque. Est-il mort ? Est-il en coma ? A-t-il simplement découvert une nouvelle drogue très puissante ? Voilà le mystère qui nous tient en haleine pendant toute la série. Sam se retrouve coincé entre son désir de rentrer à son époque (avec ses téléphones portables et ses lois un peu plus humaines) et sa nouvelle réalité où les méthodes de police ressemblent à une longue soirée au pub, suivie d'un interrogatoire musclé.

Le plus amusant, c’est de voir ce flic du 21ème siècle naviguer dans un monde où le mot "politically correct" n’existe même pas, où la paperasse se fait à coups de machines à écrire, et où les suspects sont traités avec à peine plus de délicatesse qu’un punching-ball. Le chef, Gene Hunt, est une véritable caricature de la masculinité toxique des années 70, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. Avec ses répliques tranchantes et sa manière d’envoyer valser les lois modernes de la procédure judiciaire, il est l’anti-héros parfait face à Sam, qui semble plus perdu que jamais dans ce chaos rétro.

La série joue habilement sur cette dichotomie entre les deux époques, mêlant enquêtes criminelles à des questionnements beaucoup plus profonds sur l’identité, la réalité et la frontière parfois floue entre les deux. Chaque épisode est une nouvelle énigme, non seulement criminelle, mais aussi existentielle. Et tout ça, avec une bande-son à vous faire ressortir vos vieux vinyles et danser comme si vous n’aviez pas d’Internet.

Visuellement, Life on Mars excelle à recréer une ambiance seventies sans tomber dans le cliché outrancier. Les décors, les voitures, et même les couleurs semblent avoir traversé une machine à remonter le temps pour nous plonger dans cette époque avec une fidélité remarquable. Mais là où la série brille vraiment, c’est dans son usage du décalage temporel : le choc des cultures entre Sam et ses collègues devient souvent le prétexte à des moments hilarants, surtout quand Sam tente d'appliquer ses méthodes modernes à une époque qui fonctionne à coups de clopes et de gros bras.

Mais attention, Life on Mars n'est pas juste une promenade nostalgique dans le passé. Elle nous questionne sans cesse : et si on ne savait jamais vraiment si tout cela est réel ? Si cette vie dans les années 70 n’était qu’une illusion, une projection de l’esprit de Sam pour lui faire affronter ses propres peurs ? La série flirte constamment avec le fantastique sans jamais lever complètement le voile, nous laissant dans un flou savamment entretenu.

Au final, Life on Mars est une virée rétro à mi-chemin entre la série policière et la quête introspective, le tout saupoudré d’un humour aussi mordant qu’un inspecteur qui en a trop vu. C’est comme un mix entre un polar noir et un voyage dans une machine à remonter le temps… où la machine serait un vieux taxi jaune des années 70, avec Bowie à la radio et une bouteille de whisky dans la boîte à gants.