Lost : Les Disparus
6.8
Lost : Les Disparus

Série ABC (2004)

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La «critique» qui va suivre sera plus une sorte d’hommage à cette série qui est devenue ma préférée avec le temps. Je vais me trouver contraint de vous raconter quelques périodes de ma vie si je veux réellement retranscrire l’émotion que je ressens à parler de Lost.

J’ai commencé Lost au tout début. C’était il y a à peu près 10 ans et j’étais un jeune adolescent assez introverti. A l’époque, je ne me rendais pas compte que cette série allait bouleverser ma petite vie. Je ne savais pas non plus qu’une dizaine d’années plus tard elle resterait intacte dans mon panthéon si sacré des séries. Je ne me rappelle plus exactement les circonstances exactes mais je prenais plaisir à regarder les épisodes toutes les semaines avec ma mère. C’était notre petit rituel comme plein d’autres à l’époque où nous vivions encore ensemble. Je ressentais le même degré d’apaisement lorsque nous partagions ensemble Prison Break à peu près à la même époque même si les deux séries sont incomparables.

Lost a tout d’une grande série et, point par point, tout me laisse penser qu’elle est au dessus de toutes celles que j’ai pu connaître. Je ne vais pas me pencher sur le scénario car cette «critique» ne sert pas à faire l’analyse de cette oeuvre mais plutôt à me raconter et, si ce n’est à rendre la pareille, au moins faire en sorte qu’elle aussi puisse avoir droit à un peu de mon temps sur SensCritique.

Bien plus que le scénario, le casting (et les personnages d’une manière générale) est pour moi l’arme ultime de cette série. Cela fait maintenant dix ans et, depuis les premiers jours, je me rappelle de toutes les têtes, de tous les noms des personnages, de leur vie et des scènes cultes qu’ils partageaient parfois. Alors, certes, j’ai revu la série quatre ou cinq fois depuis mais ces visages que j’avais en mémoire, je les avais aussi six ans après, c’est à dire à la toute fin de la série. C’est la première fois que je me rappelle autant des personnages. La seule série qui, dans mon esprit, tient à peu près cet exploit est True Blood. La comparaison peut être barbare mais c’est une évidence que je ne peux cacher sous prétexte que les deux séries ne seraient pas au même niveau. Le casting de Lost est très fort et tous les personnages, au summum de la caricature, sont des êtres à qui on peut s’identifier. Il y a eu des acteurs plus ou moins célèbres et d’autres qui, grâce à la série, le sont devenus.

Ce constat amène bien évidemment au scénario. Quelle autre série provoquait chez les fans comme chez les autres un suspense aussi intense et frustrant ? La compagnie aérienne avait son propre site, le monde entier pariait sur ce qui allait leur arriver et tout le monde s'en donnait à cœur joie pour deviner le destin de ces gens, plus ou moins approximativement je vous l’accorde. Plus jamais je n’ai découvert autant de suspense dans une série. Certains, voire beaucoup disent que la série se perd lors de la troisième saison pour ne plus jamais revenir. Il y a eu, à un moment donné, une certaine faiblesse ou du moins un creux qui je l’accorde a été préjudiciable pour la série. Je trouve cependant qu’il était nécessaire car elle a pu rebondir et amener de nouveaux enjeux. D’ailleurs, c’est une prouesse exceptionnelle que de monter une série d’aventure sur plus d’une vingtaine d’épisodes par saison. Et ça tient la route. Cette série porte tellement de mystères qu'elle est encore aujourd'hui expliquée et analysée par certains tant elle est riche et foisonnante. Comment ne pas parler de la réalisation impeccable qui savait contenir la tension jusqu’à son paroxysme ou de la musique qui m’a suivie durant des années sur mon MP3.

Lost a changé ma vie dans la mesure où c’est la plus belle leçon de courage, d’humanité et de fraternité que j’ai pu voir à ce jour sur le petit écran. Ca dépasse même ce simple cadre. Et ces valeurs, qui pourraient être rébarbatives ou niaises pour certains (car on apprend pas ça dans les séries mais dans la vie de tous les jours) ont été extrêmement importantes pour moi. Six ans, pendant six ans j’ai vécu cette série année après année. Je me suis forgé avec elle, j’ai résisté aux épreuves de la vie avec elle, je m’y suis plongé et replongé lorsqu’à certains moments je ne me sentais plus à ma place. Elle fut d’une aide capitale lorsque, paumé, je me demandais bien comment j’allais survivre en pensant être si différent des autres. Le courage, l’entraide, le sens de la vie, j’ai appris tout ça au fil du temps, de mes rencontres et grâce à ma famille mais aussi grâce à Lost. C’est avec le recul que j’ai pu dresser ce constat. Si je suis l’homme que je suis aujourd’hui, pas exempt de défauts mais toujours à l’écoute, toujours prêt à se mettre de côté pour favoriser le bonheur de ceux que j’aime, c’est en partie grâce à cette série. Est-ce l’adolescence ou la série de manière générale qui veut ça ? Incontestablement, une série laisse des traces car elle nous suit dans le temps, elle nous prend aux tripes. Et ici, la survie de ces gens, perdus, qui ne sont forts que s’ils sont entourés, est un parallèle intéressant et décisif avec ce qu’a pu être ma vie à ce moment précis. C’était un guide de survie immersif et magnifique qui a fait de mon adaptation difficile une force de caractère. Vivre en étant tous différents, c’était possible.

Lost est une série que je n’ai plus jamais regardé seul. Et c’est pourtant un paradoxe avec ce que j’ai réellement dans la tête. Cette expérience, cette histoire, mon histoire, elle est à moi et je souhaiterais dans un sens ne la partager avec personne. J’aurais souhaité l’avoir regardé seul une seconde fois, puis une troisième fois car ressentir de telles émotions devrait être personnel et précieux. Mais c’est tout le contraire qu’il s’est passé. A chacune de mes plus grandes histoires d’amour, j’ai revu cette série avec la femme concernée. Trois fois. Parce que vouloir me connaître, vouloir savoir ce que je suis et comment j’en suis arrivé là, c’est aussi passer par là. Me découvrir et entrer dans mon monde, pour y jeter un simple coup d’oeil, c’est aussi passer par là. Je suis bien conscient que, pour la femme en question, il s’agissait d’une expérience totalement différente et que nous ne partagions pas les mêmes souvenirs, mais c’était d’une importance capitale de «vivre» ça ensemble.

Cette série restera gravée en moi pour toujours et j’en suis fier.

Je m’excuse d’avance car ce n’était pas une critique au sens premier du terme et je n’ai finalement rien soulevé. J’avais simplement besoin d’écrire ces quelques lignes. Il se peut que vous ne compreniez absolument pas ou que vous jugiez ça ridicule. Vous en avez le droit, mais les séries comme le cinéma, la peinture ou la littérature font partie intégrante de ma vie. C’est une partie de mon oxygène.

Lost est la plus belle série du monde. Celle qui me suivra tout au long de ma vie.
Quand, encore aujourd'hui, j'écoute une des musiques de la série, je fonds complètement.

«Vivre ensemble ou mourir seul».
EvyNadler

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