Six épisodes pour rentrer dans l'intimité des victimes des attentats de Bruxelles en 2016, ça peut paraître court, mais le récit est finement construit et le personnage central, Samira, placé à un endroit-clé qui permet d'appréhender bien des aspects de la tragédie. Présente le jour des explosions, mais indemne physiquement, elle travaille à la police de l'aéroport et tente de gérer seule le stress lié au décès de l'une de ses amies employée dans une cafette, dans ses bras. Pour oublier, elle se plonge dans le boulot à corps perdu, et tout son service est débordé. Aussi, quand son chef lui confie la tâche de restituer les milliers de bagages entreposés dans un hangar aux familles des victimes, elle ne le prend pas très bien. Sauf qu'elle est douée d'une empathie naturelle qui lui fait vite réaliser l'importance symbolique de cette tâche. En quoi elle se retrouve bien seule. Avec ce personnage à la fois sensible et inflexible, on appréhende la charge émotionnelle liée à ces attaques foudroyantes et injustifiées, qui ont touché dans leur chair bien des familles au hasard. Le premier épisode peine un peu à trouver un rythme, mais, dès le second, le cadre est bien posé et les quelques exemples exploités par le scénario permettent d'appréhender de l'intérieur une tragédie perçue avec de la distance depuis la France. L'histoire fait notamment très bon usage d'objets chargés symboliquement : des téléphones et des doudous, par exemple. Tout comme une veste d'uniforme ou un placard prennent d'emblée une importance finement suggérée. Après, on n'évite pas certaines situations convenues, notamment dans le rapport de Samira à la maternité ou à son père, mais la série a aussi le mérite de montrer les institutions dans leurs manquements, à travers les personnes qui les incarnent ou souffrent de leurs contraintes absurdes. C'est en cela qu'elle m'a semblé réussie : notre vie moderne est pétrie de contradictions paralysantes pour un esprit humain démuni, et nous pouvons tous, à moment donné, nous sentir ballotés par des événements extérieurs sur lesquels nous n'avons pas la main, attentat aveugle, réglementation contraignantes, injonctions paradoxales, pressions familiales, etc. Bref, nos vies ne sont pas toujours des journées à la plage, et les équilibres que nous nous efforçons de construire au quotidien son éminemment précaires. Ces personnages qui collent au plus près au réel nous le rappellent douloureusement.