Quand le vol devient un art... et la séduction, une arme à feu chargée

Ah, "Lupin III : Une femme nommée Fujiko Mine", où l'on découvre enfin que derrière chaque grand voleur se cache une femme encore plus maligne, plus dangereuse... et qui, clairement, n’a pas froid aux yeux (ni ailleurs, d’ailleurs). Ici, Fujiko Mine ne se contente pas d'être un personnage secondaire manipulant Lupin de temps à autre — elle est le centre du tableau, la Mona Lisa du crime, mais avec un flingue dans son sac à main.


Dès le premier épisode, on sent que la série a décidé de prendre un virage radical par rapport aux aventures habituellement rocambolesques et bon enfant de Lupin III. Exit le fun décomplexé à la "Arsène Lupin", place à une ambiance plus sombre, plus sulfureuse, et tellement stylisée qu'on se demande si l'animation ne va pas un jour sortir du cadre pour venir nous piquer nos objets de valeur. La série se pare d'une esthétique rétro à la limite du psychédélique, digne des années 70 mais avec une touche de modernité qui ferait pâlir les films noirs.


Fujiko, de son côté, est un tourbillon. Femme fatale par excellence, elle incarne tout ce que l’on adore dans ce type de personnage : imprévisible, calculatrice, et, bien sûr, terriblement sexy. Mais ici, elle est bien plus que cela. Le récit nous entraîne dans les méandres de son passé (un brin nébuleux et torturé, comme tout bon personnage d'anime adulte qui se respecte), et on découvre que sous son masque de séductrice voleuse, il y a une profondeur surprenante. Ou alors, c’est juste une nouvelle façon de détourner notre attention pendant qu’elle s’empare de notre portefeuille.


Les épisodes oscillent entre braquages dantesques et moments de tension érotique palpable (on ne peut pas ignorer les sous-entendus qui suintent à chaque coin de scène). C’est un peu comme regarder un film de braquage, sauf que le coffre-fort à percer, c’est le cœur de Fujiko (ou du moins, on essaie, mais bonne chance à quiconque oserait). Tout en continuant à jouer avec Lupin, Goemon et Jigen, Fujiko prouve qu’elle est plus qu'une simple complice : elle est celle qui tire les ficelles, parfois sans même avoir besoin de s’en donner la peine.


La série se distingue par son côté expérimental. Visuellement, chaque scène ressemble à une toile où les couleurs semblent prêtes à déborder du cadre pour nous en mettre plein les yeux. Tout est hyper-stylisé, du design des personnages à l'animation des scènes d’action, avec une touche de surréalisme qui rappelle que cet univers n’obéit pas tout à fait aux mêmes lois de la réalité que le nôtre. Une moto qui traverse un gratte-ciel en feu ? Un mardi ordinaire pour Fujiko.


Le ton est volontairement plus adulte, plus cru, et c’est ce qui distingue cette série des autres itérations de Lupin III. Ici, la moralité est aussi floue que les motivations de Fujiko. Est-elle une héroïne ? Une anti-héroïne ? Un puzzle en forme de femme que Lupin ne résoudra jamais ? On ne sait pas vraiment, et c’est là toute la beauté de la chose. Ce n’est pas le genre de série qui vous donne des réponses sur un plateau d’argent. Non, ici, l'argent est volé, et les questions, elles, restent sans réponse.


En résumé, "Une femme nommée Fujiko Mine" est un cocktail détonant de sensualité, de mystère, et de scènes de vol artistiques à souhait. Une série qui vous laissera perplexe, mais aussi étrangement hypnotisé, comme si vous veniez d’assister à un spectacle de magie et que, malgré vous, vous cherchiez encore votre portefeuille.

CinephageAiguise
8

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le 8 oct. 2024

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