Made In England
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Luther, série tirée d'un bouquin du même nom, écrit par la même personne est une série policière anglaise très prenante. Et pourtant, quand j'ai appris que l'auteur était également celui de Pacific Rim, c'était loin d'être gagné.
On ne peut que noter et applaudir la prestation d'Idris Elba dans le personnage de Luther, torturé et digne, paradoxal et classe. Et oui, ce même Idris Elba salué pour son interprétation de Stringer Bell, dans la série non moins notoire The wire/Sur écoute.
Ici, les frontières entre le bien et le mal sont minces, et très souvent remises en question. Contrairement à d'autres séries policières où les criminels s'enchaînent et les preuves se trouvent à chaque coin de rue, le paysage est dans cette série extrêmement travaillé et la recherche de preuves amène son lot de questions sur la pertinence de certaines manœuvres très (trop ?) procédurales. D'ailleurs, c'est la traque qui compte, car le coupable est connu dès le début. Luther a une façon bien à lui de voir les choses, et certains lui reprocheront souvent. Mais son plus fidèle acolyte Justin Ripley dit à un passage de la série une phrase que je n'ai pas pu m'empêcher d'admirer (qu'ils sont bons et bien écrits, ces personnages) : "there's a difference between getting your hands dirty, and being dirty" soit littéralement "Il y a une différence entre le fait de se salir les mains et celui d'être un sale flic corrompu"
Il m'est d'avis qu'une citation de Nietzsche caractérise à merveille ce côté "borderline" qu'adopte Luther dans la série éponyme : "Quand tu contemples l'abîme, l'abîme te contemple aussi.".
Et c'est Alice Morgan qui représente ici le côté tendancieux, machiavélique. Le lien entre les deux personnages est incroyablement bien tissé.
Si l'on arrête 2 minutes de contempler d'un oeil béat la qualité du jeu des acteurs et de la finesse du travail sur les personnages ou le scénario, on peut alors se rendre compte de l'esthétisme certain dont Luther fait preuve. Rien n'est laissé au hasard, la caméra déborde et laisse entendre que les personnages avancent tant bien que mal dans un univers dont ils sont la proie. La violence est dessinée de manière très réaliste, sans misérabilisme. Tout ça est sublimé par un format de 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes par saison (4 épisodes pour les saisons suivantes). Parce que oui, ça joue, et les saisons policières qui traînent en longueur sur chaque saison, c'est rarement bon signe.
Quant-à la bande son, on passe du Massive attack (générique) voire même du Nina Simone (Même Sweet dreams y passe). C'est pour moi un gros gage de qualité.
Alors, quand une série propose des personnages complexes sur une réalisation finement travaillée, un décor oppressant et une bande son du tonnerre, je demande ma dose !
Bref, je crois que je peux dire une chose : J'ai apprécié la série. Elle est géniale, mangez-en sans modération.
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Créée
le 7 août 2015
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