Lutins est une petite série danoise qui débarque sur Netflix en prémices aux fêtes de Noël. Cette courte série de six épisodes de 25 minutes s'inscrit dans le genre du fantastique grand public en mélangeant folklore traditionnel, drame, et fantastique familiale glissant vers l'horreur soft. Un esprit finalement assez proche du Gremlins de Joe Dante avec lequel la série partage quelques points communs.
Lutins c'est donc l'histoire d'une petite famille qui débarque sur une île paumée afin de fêter noël loin de tout, dans une maison isolée en pleine forêt. Sur la route ils vont heurter une créature qui va s'enfuir mais que la jeune fille de la famille va ensuite retrouver et ramener à la maison. Sauf que cette île abrite un secret derrière les barbelés électrifiés d'une immense clôture et qu'en recueillant cette créature la jeune fille va mettre en péril un fragile équilibre de sécurité entre les créatures et les humains.
Lutins est un conte fantastique familiale globalement plutôt sympathique qui détourne légèrement l'esprit de noël et la vision édulcorée du lutin pour lentement faire glisser la fable vers l'horreur. Si Lutins fait beaucoup penser à Gremlins c'est qu'il partage non seulement la période de son action mais aussi le schéma de la gentille créature toute mignonne dont les congénères sont foutrement moins sympathiques et des fameuses règles qu'il ne faut pas briser. Les premiers épisodes de Lutins fonctionnent parfaitement bien, le casting est convaincant avec en particulier la jeune Sonja Steen, l'ambiance entre fantastique et folk horror est très réussi, la série est visuellement très agréable à regarder et même si le récit n'est pas des plus palpitant il maintient un intérêt constant. Le bébé lutin est trop choupinou et la menace sourde qui se cache au fond des bois est plutôt bien suggéré par la crainte qui dicte quasiment tout le mode de vie des habitants . La série réussi parfaitement à poser son ambiance, installer ses enjeux et faire monter la tension mais bien malheureusement elle sera loin de tenir toute ses belles promesses.
Si le bébé lutin est tout mignon, les lutins adultes eux sont des créatures féroces qui exigent des sacrifices réguliers et qui aimeraient bien reprendre possession de toute l'île en tuant les humains qui s'y trouve. On pouvait donc espérer une vraie lutte intense, violente et acharnée lorsque vient le moment inévitable de la confrontation entre les insulaires et les créatures mais ce ne sera pas vraiment le cas. Tout d'abord si le lutin bébé est très réussi graphiquement en matière d'effets spéciaux (il a un petit côté Bébé Groot), les lutins adultes sont eux sont bien plus brouillons et moins marquants visuellement alors qu'ils devraient remplir pleinement leur rôle de monstres effrayants. Sans doute faute de budget suffisant, mais là ou l'on pouvait espérer voir les lutins déferler sur la ville et s'attaquer aux habitants on devra se contenter de la confrontation un peu molle entre les créatures et les huit personnages principaux. Il faudra également combler par sa propre imagination et un esprit magnanime les quelques incohérences et facilités du récit pour comprendre notamment comment ce bébé lutin s'est retrouvé hors de son enclos électrifié ou comment la jeune héroïne sur son petit vélo va aussi vite qu'un type dans son gros pik-up pour se retrouver en bout de course et en même temps au même endroit.
Lutins reste une petite série globalement agréable et sympathique à regarder même si faute de budget ou d'un carcan de divertissement familiale elle est bien loin de tenir toutes ses belles promesses.