Si j'entends UN SEUL vieux con réac me dire que cette série est une propagande lesbienne, je lui répondrai :
j'avoue ça marche bien, moi aussi je veux être lesbienne maintenant...
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Je savais que Alex Hirsh, créateur de Gravity Falls, doublait plusieurs voix dans The Owl House, mais j'ai appris hier qu'il est en couple avec sa créatrice Dana Terrace ! Qui elle aussi a travaillé sur Gravity Falls ! Quand on connaît, impossible de ne pas être enthousiaste : Gravity Falls est un des meilleurs dessins animés américains jamais produit, et son ambiance se retrouve beaucoup dans The Owl House. Mais bon, assez parlé du passé : The Owl House s'est conclu en Avril 2023 avec sa 3e saison et je peux ENFIN tout regarder d'un coup ! Allez !
[1 bingewatching plus tard]
Ok ! La première saison de The Owl House comprend 26 épisodes à la formule très répétitive, on a toujours :
-une situation initiale problématique
-un élément perturbateur qui exacerbe cette situation
-un perso va essayer de détourner la situation en mentant/trichant
-ça tourne mal !
-pardon je suis désolée, maintenant finissons cet épisode ensemble !!!!!
-résolution, tout va bien !
Bien rangés dans cette structure, on trouve des moments de caractérisation très forts, des mystères, de la découverte, des déceptions, de la résolution, du développement, de l'humour parfois très affiné... Bref c'est bien fait ! Parfois même très bien fait. Mais la structure est répétitive et les résolutions sont très moralistes, ce qui rend parfois The Owl House assez niais pour un spectateur adulte.
Bref un bon 7/10, une saison efficace qu'il est difficile de ne pas comparer à Gravity Falls avec qui elle partage beaucoup de similarité, autant structurelles que thématiques. Mais... attendons un peu avant de développer cette comparaison.
La saison 2 de The Owl House reprend juste après une finale de la saison 1 qui rabat les enjeux : le fil rouge est plus engageant, plus grave. Les protagonistes sont affectés et scarifiés par les évènements récents, ils sont affaiblis et ont beaucoup à réapprendre. Du coup, la structure des épisodes change : au lieu de reprendre la formule très épisodique de la première saison, on a cette fois un vrai développement des enjeux de la série : le monde bouge, les protagonistes et antagonistes sont toujours en mouvement. Les protagonistes changent de look, ils sont forts des nouvelles relations qu'ils ont tissé. Plus les révélations s'enchaînent, plus le mystère s'épaissit : tout ne colle pas. Et avant même de s'en rendre compte, on est déjà à l'épisode 19 : il ne reste plus que 2 épisodes, avec une tension et des enjeux inouïs. Puis, ces épisodes arrivent enfin, bousculant tout ce qu'on a appris. Tout est chamboulé, tout ce que les protagonistes ont construit est mis en jeu, et nou sommes laissés à la porte de la saison 3.
Cette saison 3 part avec une défaveur de poids : elle sera condensée en 3 épisodes de 50 minutes, au lieu d'avoir droit à ses 20 épisodes de 25 minutes. Ça, on le doit à notre ami Disney qui est très en colère d'avoir financé une série comportant une romance lesbienne qu'il ne pourra pas exporter en Chine et en Russie. En plus, cette romance est importante à l'histoire et donc difficile à découper pour faire une version homophobe-friendly !
Alors venons-en à cette saison 3 : Chacun des 3 épisodes représente un mini-arc qui aurait facilement pu contenir 6 épisodes entiers, ce qui auraient permis au status quo de se diluer, de souffler. Le premier épisode de la saison 3 ouvre justement sur un montage bourré d'idées qui avaient certainement pour ambition de devenir des épisodes entiers, mais bon, y'a pas le droit. Malgré tout, l'écriture et la direction sont très cohérentes par-rapport au final de la saison 2. On est plongés dans l'ignorance face à certains évènements bouillonnants, on ne sait pas si nos amis vont bien. La tension et l'insatisfaction des personnages est omniprésente et merveilleusement orchestrés. Dommage : on nous raconte des évènements se déroulant sur plusieurs mois, en seulement quelques minutes.
Les épisodes 2 et 3 souffriront moins de cette sensation de manquer de temps puisqu'ils se déroulent dans la hâte. Les pièces se remettent en place pour préparer l'acte final, les enjeux grandissent encore et encore. Puis, après seulement 1h40 de visionnage et un dénouement magistral, on a enfin droit à la résolution d'un des meilleurs dessins animés depuis Gravity Falls. Encore une fois, on sent le manque de temps dans la conclusion, on aurait voulu passer plus de temps avec nos personnages préférés maintenant que le conflit est résolu. Mais qu'importe !
The Owl House est une réussite dont j'ai encore beaucoup de mal à sortir de l'univers. Les personnages sont adorables, leurs difficultés sont touchantes, la résolution des mystères est toujours satisfaisante c'est beau, mignon, fort, drôle, lesbien, badass, c'est le TOP du TOP et même que c'est PRESQUE aussi bien que Gravity Falls ! Oui, la comparaison semble maintenant inévitable, ce sont deux dessins animés Disney écrits par Alex Hirsh et Dana Terrace où des jeunes protagonistes découvrent un monde qui les font sortir du banal de leur vie actuelle. Puis, grâce à leur relation avec un mentor problématique, ils s'attacheront à ce monde où ils auront l'impression d'avoir trouvé leur place. The Owl House est presque une suite spirituelle de Gravity Falls en ce sens, et je préfère le voire comme une continuation plutôt qu'un concurrent. Ici, la comédie est moins affûtée, le début est plus niais, la fin est alourdie par les difficultés de production... Mais ! Les personnages sont tout aussi attachants, l'humour est très efficace, c'est un vrai plaisir de résoudre les mystères, la romance est adorable, l'animation est meilleure, les idées de worldbuilding sont super inventives, les scènes d'action sont diaboliquement bien chorégraphiées (en particulier les finales de saison !) et les moments d'émotions sont très touchants.
J'ai déjà envie de re-regarder The Owl House à partir du début, le seul truc qui me retient est que j'ai peur de TROP aimer et de faire un blocage dessus. C'est comme se réveiller d'un beau rêve, on a pas envie d'en sortir et de retourner dans la vraie vie. A l'heure où mon réveil sonne, j'ai envie d'appuyer sur Snooze et d'y retourner, juste encore un peu...