Troisième série canonique de la galaxie Macross derrière II Lovers Again et DYRL dont il est la suite directe. S'il est bien le benjamin de la trilogie en termes de fil rouge chronologique, il fait moins honneur à ses ainés pour ce qui est de sa qualité intrinsèque disons le tout de suite. Techniquement moins abouti que les deux ou trois séries qui le précèdent (si on compte Macross PLUS), ce M7 leur est surtout inférieur dans sa capacité à produire de l'intensité narrative autour de ses propres enjeux scénaristiques. Ce qui est bien dommage vu tout le mal que les auteurs se seront donnés pour la construction des personnages principaux comme secondaires, en premier lieu desquels Les Fire Bomber. Petit groupe de hard rock et accessoirement héros de la série, totalement méconnus dans City Seven (la ville où se situe l'histoire, une ville elle-même posée à l’intérieur de la coque du Macross 7 tel un mollusque dans son coquillage), et qui vont progressivement gagner en popularité à force de concert Live endiablés, de succès au hit-parade et de joutes féroce contre les armées ennemis.
Si seulement il ne s’agissait que d’une narration un peu bancale il aurait été beaucoup plus facile pour nous de ne pas lui en tenir rigueur, mais le mal ne s’arrête pas là. A ce premier écueil s’ajoute une animation trop souvent sommaire lors des combats, des assets aux plans répétitifs réutilisés jusqu’à plus soif, des longueurs artificielles cherchant de manière à peine voilée à rallonger des chapitres creux… Toutes ces lacunes mises côte à côte alourdissent l’expérience visuelle et donne le sentiment qu’une vingtaine d’épisodes au moins sont en trop (surtout au début).
Pour autant la série a des arguments qu’elle va petit à petit au fil des épisodes apprendre à mettre en avant.
Le truc de ce Macross 7 c’est qu’il m’aura eu à l’usure… Parce que oui, il est temps de passer aux aveux. Malgré toutes les critiques (absolument justifiées) qu’on pourra émettre à son égard, malgré les 15 ou 20 premiers épisodes totalement abscons qui viennent un peu ternir le tableau, j’ai bien aimé cette série et pas qu’un peu…
Animé japonais oblige ça passe d’abord par une identité visuelle tape à l’œil qui sait retenir le spectateur. Les avions de chasses, les méchas, les immenses flottes spatiales etc… Le Macross 7 lui-même est une merveille d’architecture futuriste qui propose une vision inédite de la colonie outre espace. C’est tout de même un Kawamori motivé comme jamais qui supervisera tous ces layouts embellis par des effets de lumières et d’éclairages top niveau. Avec pour couleur de référence sur les cellulos une variété de bleu typique de Macross et même plus généralement de l’animation japonaise anté-numérique. On a l’impression qu’il fait tout le temps beau dans la ville de City7, même quand il fait nuit… On arrive derrière notre écran à deviner l’atmosphère estivale qui se dégage de la scène grâce à tout un ensemble de petits artifices très intelligemment posés çà et là par les animateurs clés. Preuve en est qu’ils ont bossé leur sujet. Prenons pour exemple le QG ou vivent et répètent les héros. Ils occupent à eux seuls - façon Nicky Larson et Laura - un immense immeuble éventré laissant pénétrer les rayons du Soleil par les orifices béants de ses plafonds et façades démolis. Tout un style ! Même si les intervalles ne sont pas les plus fins que l’on ait vu dans un animé jouissant d’un tel budget, le composing final reste soigné et cela se ressent dans le rendu final.
C'est donc en dépit d’un premier tiers relativement poussif que j’ai fini par être convaincu par la série. Tellement convaincu que j’ai directement enchainé avec les 3 OAV Macross 7 Encore (OAV se déroulant peu de temps avant la fin de la série), pour poursuivre avec le court métrage Macross 7 The Galaxy’s Calling Me. Et d’enfin terminer avec le très survolté Macross 7 Dynamite (qui lui est plutôt jolie et mieux animé que la série principale). Terminer ? Pas vraiment… Puisque j’ai encore poursuivi l'aventure avec la mini-série Macross 7 PLUS, composée d’une douzaine de mini-épisodes d’environ deux minutes chacun. Un ajout très superflu sur le papier mais qui en réalité sait se montrer efficace par la subtilité de son écriture (ce qui au passage vient prouver que les auteurs de la série ne manquaient pas de talent).
Pourquoi une telle constellation d’ajouts en tout genre – entre un film, des OAV en plus d’une mini-série sans compter l’univers étendu en cross média - pour un animé qui possédait déjà 49 épisodes, seriez-vous tentés de demander ? Eh bien déjà parce que Macross 7 a cartonné lors de sa sortie au Japon durant l’automne 94… En parallèle du but non-avoué de laver l’affront subi après la débâcle sur Lovers Again, l’ambition affichée était de viser un public plus jeune afin de relancer un nouveau cycle avec une longue série un peu plus frivole (d’où le scénario moins exigeant qu’a l’accoutumé). Le résultat ne s’est pas fait attendre : aussi bien les jeunes que les moins jeunes ont mordu et c’est même les ados et jeunes adultes qui seront les plus fervents fans remplissant jusqu’à l’étouffement les salles de concert dédiés aux musiques de la séries (je vous invite a visionner l'un de ces concert juste pour vous rendre compte à quel point c'était quelques chose, ca se trouve encore dans certains sites de fans ou sur YouTube). Musiques absolument époustouflantes et qui malgré un caractère kitch totalement assumé auront su déclencher chez moi un intérêt loin d'être timoré. Pour être claire, la BO est dingue !
Les studios d’animation et autres comités de production auront créé un véritable groupe de Rock pour répondre et même faire face à la légende de Lynn Minmay, l’emblématique chanteuse de Macross Dyrl. L’ironie culminera à un point tel qu’aussi bien dans le scénario de la série animé que dans le vrai monde des fans japonais, une concurrence de chapelles va opposer les pro Minmay aux groupies des Fire Bomber pour déterminer lequel de ces artistes est le plus légendaire… (perso j’aime bien les deux). Honnêtement il faut prendre au sérieux la bande originale de Macross7 ! Et même si le mixage sonore fut une des réussite de la post-prod, rien de mieux que les OST de rigueur pour en profiter pleinement.
Compte tenu de tout ce qui vient d’être dit, l’honnêteté et l’intégrité vis-à-vis des éventuels lecteurs de ce texte m’obligent donc à rester mesuré sur ce qui nous est proposé ici. S’il tenait qu’à moi de noter cette série avec le fond des tripes j’aurais pu très facilement rajouter deux points de plus à Macross 7 (avec au moins 1 point si ce n’est 2, dédiés rien qu'à la BO que j’écoute en boucle depuis près de 20 ans). J’aurais pu porter en triomphe sa générosité et son jusqu’au-boutisme en assumant haut et fort avoir malgré tout passé un moment inoubliable au sortir de ces 49 épisodes. Mais c’est une série que je ne peux malheureusement conseiller à tous sans faire de casse.
A l’exception peut-être d’une poignée qui – comme moi – composent malgré eux avec le cerveau à moitié éclaté d’un cinquantenaire japonais de la bulle. Coincé dans un loop temporel quelque part entre Antenne2 et le vaporwave.
PS : Se référer a ma grille de notation si persistance d’ambiguïté il y a