Mad Men
7.7
Mad Men

Série AMC (2007)

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Quand les publicitaires fument plus que des idées (et que le sexisme a encore plus de style)

Mad Men, c’est un plongeon dans les années 60, où tout semble être une question de style, de whisky, de cigarettes et d’idées marketing aussi fumantes que les clopes qui se consument à chaque scène. Ici, les bureaux de publicité sont plus chauds qu’un volcan en éruption et les costumes aussi taillés que les punchlines. Mais sous cette surface lisse et glamour, Mad Men t’embarque dans une exploration profonde et sombre des illusions, des regrets et des aspirations d’une Amérique en plein changement. Et croyez-moi, les campagnes publicitaires ne sont pas les seules à être manipulées.


Don Draper, c’est le mec qu’on aimerait être (sauf quand on se rend compte qu’il est aussi paumé que nous tous). Il est beau, mystérieux, fume comme une cheminée, boit comme un poisson et vend des idées comme s’il possédait un super-pouvoir. C’est le roi de la pub, le gars qui te fait acheter des trucs dont tu n’as pas besoin avec une simple phrase bien placée. Mais derrière ce sourire en coin et cette coiffure impeccable, se cache un homme en chute libre. Don a plus de secrets que de slogans, et au fur et à mesure que tu plonges dans sa vie, tu réalises que sa plus grande réussite est de réussir à cacher son désespoir sous des tonnes de charisme.


La série nous plonge dans un New York des années 60 où le sexisme, le racisme et l’alcoolisme font partie du quotidien, comme si tout cela était une simple extension des meubles en bois massif de Sterling Cooper. Les femmes de la série, malgré l’environnement toxique, sont les vraies forces silencieuses (ou parfois bruyantes) de l’histoire. Peggy Olson, la secrétaire devenue créative, est un modèle de résilience et d’ambition. Elle progresse dans un monde dominé par des mecs en cravate qui pensent que leur virilité les dispense de traiter les femmes avec respect. Joan Holloway, avec ses courbes dignes d’une déesse et son regard perçant, navigue elle aussi dans cet univers impitoyable, avec une subtilité et une force qui font pâlir ses collègues masculins.


L’un des points forts de Mad Men, c’est son ambiance. Les années 60 n’ont jamais été aussi bien capturées : tout, des décors aux costumes, est impeccablement reconstitué. Chaque détail te plonge dans cette époque où l’apparence compte plus que tout, mais où les façades impeccables cachent un malaise grandissant. L’alcool coule à flots, les cigarettes se consument à chaque scène, et les discussions sur les campagnes publicitaires se déroulent souvent dans un brouillard de fumée. Mais derrière cette atmosphère enivrante se cachent des personnages tourmentés, incapables de se libérer des contraintes sociales et personnelles.


Les campagnes publicitaires, bien que fascinantes, ne sont que la toile de fond. C’est surtout le portrait d’une société en mutation qui retient l’attention. On assiste à la montée du féminisme, aux bouleversements sociaux, à la transformation des valeurs familiales et à la révolution culturelle, tout cela à travers les yeux de personnages qui essaient désespérément de garder le contrôle. Mad Men est une lente descente dans l’angoisse existentielle de ceux qui, malgré leur succès professionnel, ne savent pas vraiment qui ils sont ou ce qu’ils veulent.


Les dialogues sont ciselés comme un slogan parfait. Chaque réplique pourrait finir sur un panneau publicitaire tant elle est bien écrite. Mais c’est aussi ce qui rend la série un peu exigeante. Il n’y a pas d’action spectaculaire ici, pas de grands retournements de situation à chaque épisode. Mad Men prend son temps, tout est dans la subtilité, les non-dits, les regards en coin et les silences lourds de sens. Si tu es du genre à aimer les séries où tout explose, tu risques d’avoir du mal à t’accrocher. Mais si tu apprécies les séries où le drame se construit lentement, avec des personnages profondément humains, alors tu es au bon endroit.


Visuellement, Mad Men est un pur plaisir pour les yeux. Les costumes, les bureaux élégamment rétro, les décors new-yorkais des années 60… tout est fait pour te plonger dans cette époque de manière si immersive que tu pourrais presque sentir l’odeur du tabac froid à travers ton écran. Chaque scène est comme un tableau, parfaitement composé, et la réalisation est aussi impeccable que les costumes trois-pièces de Don Draper.


La série n’a pas peur d’aborder les sujets difficiles, et c’est là que réside sa force. Elle montre sans filtre une époque où le progrès se heurtait à des mentalités encore profondément archaïques. Les personnages sont tous à leur manière des victimes de leur temps : Don, prisonnier de ses mensonges, Peggy, luttant pour sa place dans un monde d’hommes, Joan, essayant de concilier sa féminité avec ses ambitions, et Roger Sterling… qui s’en fout un peu, tant qu’il a un verre de whisky à la main.


En résumé, Mad Men est une série aussi élégante qu’introspective, qui te plonge dans un monde où les apparences sont trompeuses et où les protagonistes se débattent avec des questions existentielles sous une avalanche de fumée de cigarette. C’est une série qui ne te prend pas à la gorge avec des rebondissements spectaculaires, mais qui t’accroche avec une profondeur psychologique et sociale que peu d’œuvres parviennent à atteindre. Si tu es prêt à entrer dans cet univers où tout semble parfait en surface, mais où tout est sur le point de s’effondrer à tout moment, alors installe-toi et prépare-toi à déguster une clope virtuelle avec Don Draper.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 28 oct. 2024

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