Par où commencer?
Un peu de contexte concernant mon visionnage, peut-être? Il m'a fallu, en l'espace de 2 ans, trois essais pour véritablement accrocher à la série et dépasser le premier épisode. Il est vrai que le design des personnages, l'ambiance heroic fantasy/steampunk, la multitude de règles spécifiques à l'univers ( nécessaire à la crédulité) et les objectifs un peu flous ne m'ont pas absorbés lors des minutes de visionnage les plus précoces. Mais c'est comme beaucoup de bonnes œuvres dont on fini par s'intéresser parce qu'une fois, à un moment, quelqu'un ( que je remercie chaleureusement), quelque part, nous implore de tenir un peu le coup car il le vaut, le coup. Ca a été pour moi le cas avec Puella Magi Madoka Magica, ça le sera également avec Made In Abyss.
Car, vous vous en doutez bien, si ma critique et la note qui lui correspond existe, simplement, c'est que j'ai persévéré et poursuivit le visionnage.
Suivons le plan. En un mot, qu'est-ce que c'est que Made In Abyss? Une aventure. Simplement. Dans une fosse digne des Mariannes, autant symboliquement que métriquement, au milieu d'un village qui la borde, les yeux plongés dans ses profondeurs, crépite et bouillonne le mystère. Un monde dans le monde, avec son bestiaire, tant attachant qu'impitoyable, ses lois naturelles, ses épreuves mais surtout ses trésors obsédants. Et pour chacun des protagonistes que nous croiserons, ses trésors prendront une forme différente : l'amitié, la vengeance, la souffrance, l'amour, la vérité ou simplement un objet. Autant de thèmes abordés par l'entremise des personnages. Et l'objectif prépondérant sur lequel se focalise cette aventure, c'est celui de Riko, jeune fille courageuse et obstinée, qui, suite à sa rencontre fortuite avec un garçon robot provenant des tréfonds de l'abysse, se décide à aller rejoindre sa mère qui semble l'attendre, patiemment, en bas, tout en bas.
Poursuivons, pourquoi cela m'a plu à ce point? Permettez moi de ne pas m'appesantir sur certains éléments ( l'animation, les designs, la musique, le rythme et j'en passe ) qui sont juste excellents, mais ne sont pas nécessairement synonymes de qualité, de mon point de vue, car il me semble que la réussite se situe ailleurs. Je me contenterai donc uniquement d'aborder trois thèmes qui sont, pour ma part, représentatifs de ce que j'ai trouvé d'incroyable dans la série.
Tout d'abord, l'innocence. C'est un sujet qui m'a paru assez explicite par le design des personnages principaux. Et il me semble que cela n'est pas anodin car, à l'image d'un enfant dont s'érode l'innocence face aux expériences qu'il éprouve et aux témoignages de ceux qui, déjà âgés, sont bien enfoncés dans les sombres tourments de la vie, nos jeunes héros s'enfonceront dans l'abysse où la brutalité, inévitable progéniture des lois de leur monde, leur sera imposée. Et cette innocence, précieuse et fragile, continuera, malgré son inaltérable dégradation, à se battre pour exister dans les rares moment où elle peut encore permettre aux aventuriers de s'émerveiller. L'innocence, comme le temps, s'épuise, reste derrière sur le bord du chemin, et ne revient jamais.
Ensuite, l'assistance ( ou la protection, je ne savais pas bien comment nommer ce paragraphe). Car entre Légu, Riko et Nanatchy se créé un triangle d'interdépendance, principalement alimenté par l'envie de chacun de prendre soin des autres. Cela est valable avec nombre d'autres protagonistes, mais ce rapport est particulièrement fort entre ces trois personnages. Toute personne ayant eu à prendre soin d'une autre dans son existence, avec son lot d'angoisses, d'inquiétudes et de doutes, mais également de joies, de réconforts et de soulagements sait à quel point cela devient l'alpha et l'oméga de ce que j'aime appeler l'amour. Absolu et désintéressé, et, dans un sens, destructeur. C'est ce qui rend certaines scènes aussi touchantes et aussi puissantes. On fini par vouloir prendre soin des jeunes héros dans la tourmente, tout autant que ceux qui se sacrifient à les sauver.
Le sacrifice. Ca sera pour terminer cette critique à l'objectivité peut-être douteuse tant la dimension superlative de mes propos semblent prendre le pas. Car la quête de nos personnages se construit par un enchaînement de sacrifices, dont le coût ne cesse de s'accroître, alimentée par un sacrifice consenti par le personnage de Riko, explicite dès les premiers instant : de l'endroit où elle se rend, on ne remonte pas. Et pour l'accompagner dans son voyage sans retour, dont elle seule paiera à coup sûr le prix fort, de par sa nature humaine et fragile, ses compagnons se soumettront eux aussi a un dévouement sans limite, dans cette quête qui n'est pas au départ la leur.
Il est possible de trouver nombre de choses qui, je l'espère, vous parlerons si vous vous lancez dans le visionnage de cette série, et certaines d'entre elles, dont je vous épargnerais mon ressenti, m'ont traversé l'esprit, mais, pour ceux qui souhaitent tenter l'aventure, un seul conseil : tenez le coup, car il le vaut, le coup.