...mais je doute d'aller plus loin, c'est juste une idée qui me vient sur le moment parce que j'ai pas de meilleur titre à proposer pour cette critique.
Quand on est un gosse de prolo qui grandit dans la Lorraine des années 80, sur quels objets vont se former son sens esthétique? La télé et la bédé. Après avoir fait ses classes dans Pif Gadget, on se tourne rapidement vers Marvel. Et si l'on a commencé la télé avec les dessins animés japonais, le reste est d'une fadeur insupportable.
Je me souviens d'une période où je refusais de regarder quoi que ce soit d'autre que des dessins animés. Le reste était aussi excitant qu'une journée d'école. Une ou deux séries échappaient au cadre terne des micro-budgets tournés dans des studios reproduisant des intérieurs bourgeois éclairés au néon : Magnum, et l'idiote Starsky et Hutch. Certes, il y avait les poursuites automobiles - mais avant tout les coûteux extérieurs.
Rien de tout cela n'égalait la mise en scène picturale d'un Rintaro pour Albator, qui compensait la misère des moyens par son sens phénoménal du cadrage et des couleurs. Je n'étais pas non plus insensible à la poésie martiale de ces rebelles alcooliques et autodestructeurs. Bon, ils avaient moins de style, mais j'appréciais aussi la bande des Joyeux Loufoques. Et j'imagine que si je tombais par hasard sur Dr Slump, je ne me privais pas de savourer les exploits d'Arale - en voilà une qui aurait donné du câble à retordre à Terminator.
Voilà. C'était plus varié que l'horizon d'un touareg, mais avec le recul on peut facilement mesurer le fossé qui nous sépare de cette période de disette culturelle (ça s'arrange quand on a l'âge de fréquenter les bibliothèques - ce qui n'empêche pas de continuer à regarder Dr Slump).
Alors j'ai cru les quelques critiques de cette mini-série anglaise de 1985 lues dans IMDB, toutes élogieuses. Pourtant, à l'exception de quelques paysages, et d'un étonnant bon douzième de scènes en extérieurs scandinaves (tout de même, on se paie un tournage à l'étranger!), avec une passionnante journée pique-nique, cette série en cinq épisodes en remontre en matière d'ennui à ses homologues actuelles les plus mollassonnes. Elle est bien sûr visuellement insignifiante; ce qui est regrettable car elle repose sur un "mystère" qui aurait trouvé une meilleure place dans un giallo, où une bonne rasade de ketchup humain aurait fait passer le plat. A sec, comme ça, c'est vraiment impossible à avaler, et la présentation manque de couleur.
Pour ceux qui voudraient connaître l'histoire, une Anglaise se rend en Norvège je crois, prendre sa part de l'héritage d'un parent inconnu, qui avait sauté sa mère un soir en passant (la maman n'est plus là pour témoigner). Elle y rencontre ses demi-frère et soeurs, dont une qui a brûlé presque toutes ses peintures morbides mais réussies (apparemment à l'époque représenter des scènes de torture n'était pas très bien vu, c'était quelques années avant les frère Chapman), et qui se prend pour sa mère défunte qui avait vécu les dernières décennies de sa vie enfermée dans un chalet sur une petite île, et tente de tuer l'Anglaise une paire de fois, mais la rate. Fin.
Un giallo sans meurtres, donc sans intérêt.