Ca commence fort et puis plus ça va plus ça s'attarde en longueur et devient irréaliste.
J'ai beaucoup aimé la construction narrative. La jeune femme ne comprend pas qu'elle est victime d'abus parce que c'est "seulement émotionnel" et qu'elle n'est pas battue. Au début on se dit qu'elle a raison, qu'elle a la tête sur les deux épaules, et elle-même dit qu'elle serait stupide de retourner avec son ex. Mais la série est si bien faite qu'on la suit quand elle finit quand même par se remettre avec lui, et ça offre une clarté indicible sur la nature de l'abus et l'inévitablité de la galère quand on est pris dans l'étau des circonstances avec un enfant à charge. Ca met d'autant plus en lumière la nécessité d'avoir une aide concrète et accessible de l'état quand on n'a personne vers qui se tourner, ni ami ni famille.
Etude de personnage excellente : les personnages toxiques sont représentés avec un réalisme fulgurant, ambigus dans leur médiocrité, ils font douter à chaque instant de leur vraie nature et on suit péniblement l'héroïne en se faisant rouler avec elle.
Ils ont fait le choix scénaristique de traiter l'enfant comme un objet, càd qu'il n'a servi strictement à rien à part d'être un poids mort sur le dos du personnage principal. J'ai trouvé que c'était un choix qui se défend mais c'était difficile d'avoir de l'empathie pour un enfant aussi inintéressant.
Bémol sur la fin : ça se termine bien, elle finit par s'en sortir, mais j'ai trouvé que c'était trop facile. La réalité c'est que pour se sortir de ce genre de situation, il faut avoir un coup de chance, car le travail et toute la bonne volonté du monde ne suffisent pas, souvent. Le personnage au eu plusieurs coups de chance, mais ils étaient un peu tirés par les cheveux, et finalement quand son ex abandonne les poursuites judiciaires car il "comprend qu'il est alcoolique et qu'il serait une mauvaise influence sur sa fille" j'ai trouvé que c'était vraiment une manière douce et insatisfaisante de terminer une lutte pour la survie aussi éprouvante, en plus d'être irréaliste.
J'aurais aussi aimé que l'héroïne aie eu un corps plus réaliste pour une jeune mère de sa classe économique et sociale, de la voir tomber malade et galérer plutôt que d'être en permanence active et sur le qui-vive. Ca me rappelle "Hatchet", un livre de Gary Paulsen qui raconte l'été d'un garçon de 13 ans qui survit à un crash d'avion et parvient à survivre dans une forêt du Canada avec seulement une hachette pendant deux mois. Suite aux récriminations des lecteurs qui lui écrivaient que le garçon n'aurait jamais réussi à survivre si le crash avait eu lieu en hiver, Paulsen a écrit une suite qui s'appelle "L'hiver de Brian" qui est juste la même histoire mais en hiver, pour leur prouver que si.
Si l'héroïne de cette série était tombée malade une semaine, je pense qu'elle ne s'en serait jamais sortie. Prouvez-moi le contraire.
+1 pour Andie Dowell dans son rôle de mère insupportable, c'est une vraie star elle est détestable et hypnotique à la fois.