Je me retrouve dans une situation étrange où j’écris un compte-rendu pour présenter une suite sans avoir l’envie de parler de la première partie (datant de 2018). Mais voilà, la deuxième saison de Major 2nd m’a tellement plus enthousiasmé que je ne peux pas m’empêcher de lui consacrer un petit texte pour le bilan animesque de 2020.
Je ne vais donc pas m’attarder sur un avis prématuré sur l’ensemble de cette oeuvre sportive basée sur le baseball, surtout qu’il est fort probable que je revienne dessus une fois sa/ses suite(s) diffusée(s). Cette confiance en une continuation future vient du fait que « Major 2nd » découle de la franchise « Major », un manga extrêmement populaire au Japon durant sa parution entre 1994-2010. Major 2nd s’inscrit comme un successeur à part entière en suivant le parcours du fils du protagoniste précédent. Il n’y a donc pas de contradiction majeure (hohoho) à regarder cet anime sans connaissances préalables de son prédécesseur.
Les 25 épisodes de la première saison étaient tout à fait corrects et remplissaient leur rôle d’introduction d’une jeune et nouvelle génération de joueurs de baseball, avec en tête le nouveau héros Daigo Shigeno, un enfant moins talentueux que son père mais tout aussi obsédé par le baseball. Explorer les limites de Daigo et ses craintes ont permis de dévoiler une approche plus moderne du baseball mais pas toujours aussi captivante que son aîné, plus dramatique et héroïque.
Et pourtant, malgré des débuts peu transcendants qui m’ont laissé tout juste satisfait, j’ai été complètement scotché par la nouvelle deuxième saison dès le premier épisode. Une réelle surprise pour cette reprise deux ans plus tard sans réel changement, à part un bon dans le temps entre école primaire et collège.
En rétrospective, le déclic est à attribuer en partie à la progression accumulée jusqu’ici par Daigo. Les tracas et anxiétés de celui-ci ont forgé un personnage intrigant durant la première partie et il agréable de le voir transfiguré par ses expériences, tout en restant un adolescent avec ses insécurités.
Daigo continue également d’évoluer dans son rôle de support, non seulement en tant que catcher mais aussi en tant que coach pour son club de baseball. La nouvelle perspective centrée sur l’ensemble d’une équipe, après s’être focalisé précédemment sur le duo catcher-pitcher, est le second point fort de cette saison selon moi. Pour un anime sportif d’équipe, il est généralement judicieux de développer collectivement un groupe si l’on veut pleinement accrocher le spectateur. Major 2nd s’en sort admirablement ici et la bande de Daigo est très attachante. Même certains personnages plus problématiques comme Nishina ou Tina, je les ai tous appréciés, voire adorés.
La particularité du club est sa composition majoritairement féminine, le baseball étant mixte jusqu’au lycée. La présence de ces joueuses est une facette essentielle dans cette saison. En effet, à un âge de développements physiques importants où l’écart de puissance musculaire commence à se faire ressentir, les doutes et les brimades sont des obstacles, inévitables pour un sport aussi compétitif, auxquels les membres du « sexe faible » vont devoir faire face. Alors certes ce clash des genres se limite généralement au dénigrement répétitif des demoiselles par les équipes adverses, et l’anime ne s’appesantit pas dans les détails du dimorphisme sexuel ni dans l’analyse poussée de l’impact social des sexes dans le monde du baseball traditionnellement masculin, mais, tout de même, cet angle d’approche reste un courant d’air frais, une source de drama original qui inscrit encore une fois Major 2nd dans la modernité, et ce sans être moralisateur.
En outre, je dois avouer avoir souvent rêvé d’un bon et pur anime/manga sportif, et sérieusement sportif, avec un casting féminin qui ne soit pas altéré par le kawaii ou autre fétichisme crasse. Récemment, Hanebado était une bonne tentative récente (merci Nagisa) mais entaché par une surabondance de drama pauvrement écrit. Finalement, Major 2nd se rapproche plus d’un idéal que j’ai longtemps cherché. Aussi, même si Daigo est destiné à se séparer de ses consoeurs dans le futur, c’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai accueilli cette ère des dames durant cette saison.
Il y d’autres qualités subjectives que je pourrais mentionner : les couleurs vivantes, les musiques vibrantes par le compositeur de Cross Game (qui n’a jamais commercialisé sa bande-sonore, ma pire frustration dans le genre). La réalisation, gérée par le grand Ayumu Watanabe (Uchuu Kyoudai, Koi wa Ameagari no You ni) est tout aussi louable, avec une insertion bien pensée des flashbacks notamment. Mon seul véritable reproche envers Major 2nd jusqu’à présent, en dehors du fait que l’anime ne continue pas dès maintenant, est le manque de rôles adultes importants. Une perspective adulte dans ce genre de série contribue bien souvent à leur excellence (Ginga e Kickoff me vient en tête) et la touche de maturité requise n’est certainement pas supplée par la superviseuse du club, un gag ambulant, ou le père un peu simplet de Daigo.
Dans tous les cas, Major 2nd a encore beaucoup d’avenir devant lui. Cette oeuvre au rythme de roman fleuve est encore à ses débuts mais après une introduction acceptable, l’anime m’a assurément conquis avec ce nouvel arc et je n’hésite pas à l’inscrire désormais dans la liste des bonnes séries de baseball. Qui sait, la nouvelle génération pourrait bien dépasser un jour son illustre prédécesseur.