Enfin un regard différent sur le monde des geishas, car ici, Kiyo va se retrouver cuisinière pour les maiko, des apprenties geiko (geishas de la région de Kyoto). Rien de graveleux car les geishas ne sont pas des prostituées mais des artistes d'un raffinement extrême. Les maikos sont d'un coté des jeunes filles comme les autres, rêvant, flirtant, jouant; de l'autre soumises à une discipline de fer dans leur apprentissage (téléphone portable interdit et horaires de travail à rallonge...)
C'est joliment filmé, ce Japon d'un autre temps, Kyoto, ces pièces encombrées de livres et de bric à bracs, la retenue des gens, Kiyo en train de faire son marché pour cuisiner ses plats. Pas de gros drames, c'est lent et calme comme cette ville ancienne.
Et ce qui me frappe, c'est ce portrait des trois jeunes filles: Kiyo, qui n'étant pas très douée pour les arts se retrouve makanai, donc cuisinière; Sumire, son amie d'enfance qui sera vraisemblablement une des meilleures maikos et la dernière jeune fille, lycéenne vivant sous leur toit, désabusée et cynique du haut de ses 16 ans.
Sumire a choisi la tradition en devenant maiko. Elle accepte ce système fascinant mais aussi alienant (si une geiko se marie, elle doit faire une croix sur sa carrière). C'est un métier millénaire où des progrès restent à faire pour les femmes. L'autre lycéenne, fille de divorcée, smartphone en main, image de la jeune fille moderne, qui curieusement, n'a pas l'air de vivre mieux.
La plus heureuse est peut-être Kiyo, qui sans attaches affectives, si ce n'est pour son amie Sumire, se contente de cuisiner et de réconforter les autres par ses plats. Il y a un côté "publicité herta" dans ces scènes de cuisine mais que l'on accepte sans doute grâce à la douceur niponne.
Les deux jeunes actrices principales ont évolué avec beaucoup de charme, belle distribution d'ensemble aussi.
C'est doux, lent, triste aussi, à voir donc.