Malcolm, diffusée sur FOX à partir de 2000, c’est la sitcom qui a réconcilié les intellectuels et les amateurs de chutes dans la piscine. La série nous plonge dans l’univers déjanté d’une famille où le mot "normal" a pris ses jambes à son cou il y a longtemps. Malcolm, le héros au QI d’Einstein et aux soucis d’un ado, incarne l’idée que l’intelligence ne garantit ni la gloire ni la tranquillité d’esprit. Bien au contraire, elle devient le moteur de sa propre torture, coincé entre une mère autoritaire, des frères déjantés, et un père qui semble avoir été conçu pour être le roi de l’absurde.
Le secret de Malcolm réside dans son casting parfait. Frankie Muniz incarne Malcolm avec cette capacité rare à jongler entre sarcasme, frustration, et éclats de génie. Bryan Cranston, dans le rôle de Hal, vole chaque scène avec un naturel déconcertant, oscillant entre la figure paternelle aimante et l’enfant dans le corps d’un adulte qui trouve une joie sans fin dans des activités insensées (comme courir après des abeilles en slip). Jane Kaczmarek, en Lois, donne vie à l’une des mères les plus intransigeantes et les plus hilarantes de l’histoire de la télévision, capable de régner sur son foyer avec une main de fer et un cri de guerre qui ferait fuir un régiment.
Les épisodes sont un joyeux mélange de récits centrés sur les galères de Malcolm à l’école (où il fait partie de la classe des "Têtes d’ampoule" – un club de génies sociaux inadaptés) et de scènes familiales où tout dérape. Et quand on dit "dérape", on parle de courses-poursuites en chariot de supermarché, de batailles de boue et de plans machiavéliques de ses frères, Reese et Dewey, qui transforment chaque jour en compétition digne des Jeux de la Faim version banlieue américaine. Ajoutez Francis, le grand frère qui fuit la maison pour un internat militaire et plus tard l’Alaska, et vous obtenez un cocktail explosif où le chaos est la norme.
Visuellement, Malcolm casse les codes des sitcoms de l’époque avec sa réalisation dynamique : adieu les rires en boîte, bonjour le quatrième mur brisé par Malcolm qui nous lance des regards de détresse et des remarques aussi pertinentes qu’amères. La série utilise aussi des effets visuels surprenants et des montages rapides qui amplifient le côté délirant des situations. On ne parle pas ici de gags prévisibles, mais de scènes où l’on se demande comment le réalisateur a réussi à passer de "préparer un petit déjeuner" à "combattre un incendie dans la cuisine" sans ciller.
Ce qui rend Malcolm unique, c’est sa capacité à traiter de thèmes universels sous une couche d’humour décalé. Les difficultés de grandir, l’injustice de la vie, et les luttes de pouvoir au sein de la famille sont abordées avec une honnêteté brute et une dérision salvatrice. On rit parce que c’est absurde, mais on rit aussi parce qu’on s’y reconnaît un peu (voire beaucoup). La série réussit à mêler le slapstick, l’humour noir et des moments touchants sans jamais tomber dans le piège de la morale facile.
Cependant, si l’on veut chipoter, Malcolm peut parfois flirter avec la répétition, et les aventures de certains personnages deviennent prévisibles à force d’excès. Mais qui pourrait vraiment en vouloir à Hal pour avoir passé un dimanche entier à perfectionner sa technique de patinage artistique dans le salon ? Personne. Hal est une légende.
En résumé, Malcolm est une lettre d’amour au désordre familial, une célébration des imperfections et des dysfonctionnements qui rendent chaque foyer unique. C’est la série qui nous rappelle que même si votre famille semble venir d’une autre planète, elle reste la meilleure (ou du moins, la plus divertissante). Si vous n’avez jamais rêvé de sauter sur un trampoline géant ou de construire une catapulte avec vos frères, Malcolm vous fera reconsidérer vos choix de jeunesse.