Quand réalisateur et scénariste travaillent de concert, la musique est belle

Si nous passons outre l'impression par moment :

- de nous retrouver face à l'esthétique sommaire d'un docu-fiction,
- que les dialogues (parfois trop contemporains) auraient gagné à être un plus marqué par le "parler" de l'époque (quelques tournures de phrases, quelques mots de vocabulaire essaimés ici et là) pour se rapprocher du moyen français parlé au XVème siècle,
- le budget limité (ou mal géré ?) qui empêche de donner une vraie ampleur aux scènes de bataille,
- le manque de variété dans les décors,
- l'usage parfois maladroit d'incrustations d'images de fond pour compléter des décors (vue d'une ville ou d'un paysage depuis un bacon),
- une lumière parfois excessivement froide,
- et enfin une actrice principale (Christa Theret) dont le jeu manque de nuances et dont la voix scolaire récite son texte sans arriver à vraiment passer l'émotion.


Il n'en reste pas moins que ce téléfim, en 2 parties, démontre le talent de son scénariste Martin Ambrosch qui reste ici dans une écriture d'une très belle justesse. Tout se tient. Les éléments s'enchaînent sans faiblir. Aucun élément narratif n'y est inutile ou décoratif, la mise en place est efficace et aride, le ton général est d'égal facture tout du long.


Le réalisateur, Matthias Weber, lui aussi rend compte de l'aridité du ton dans ses images sans effet tape à l'oeil et sur-enchère inutile. Ces deux là (scénariste et réalisateur), avancent dans le même sens et se comprennent et ça finit par se voir à l'écran.


Le résultat est, par moment, digne du cinéma. La musique y avance aussi à l'économie sans verser dans le larmoyant ou le pathos échevelé. Jean-Hugues Anglade et Sylvie Testud sont parfaitement mis en scène dans leur rôle de monarques français manipulateurs, sombres et détestables.


Les second rôles (Tobias Moretti, André Penvern, Fritz Karl...) ne sont pas simplement décoratifs, parfaitement mis en valeur et bien interprétés, ils participent tous à rendre cette histoire d'amour et de pouvoir la plus réelle possible pendant les 3h que dure cette mini série.


Son format très court concourt certainement à éviter les écueils du remplissage propre à d'autres feuilletons. Même s'il est plus que certain que les événements relatés ici ne sont pas tous d'une exactitude historique factuelle, il n'en reste pas moins que l'oeuvre est, dans son ensemble, très agréable à suivre.


Voilà un téléfilm qui donne envie de se replonger dans les livres d'histoire. Et rien que pour cela ça vaut la peine de supporter les travers cités plus haut et savourer ces 3h de film qui passent même un peu trop vite.. ou presque !

Presque
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le 22 juil. 2018

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