Marvel's Daredevil
7.2
Marvel's Daredevil

Série Netflix (2015)

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La meilleure série de super-héros, la touche netflix !

Amateur de comics, de films et de séries de super-héros, j'attendais avec impatience Daredevil au risque d'être déçu. Ai-je été surpris du résultat ? Pas vraiment, mais elle a su combler toutes mes attentes.


Daredevil n'est pas une série profondément originale, si ce n'est qu'elle est la première série de super-héros ambitieuse. Je me dois donc pour mes éclaireurs qui ne seraient pas encore motivés à la regarder récapituler ses qualités.


La qualité qui me rend systématiquement sensible à une série se résume au charisme des personnages. Et c'est en effet le point fort de la série à travers un héros et un vilain parfaits. Charlie Cox incarne avec élégance et sobriété à la fois l'avocat Matt Murdoc et son alter ego Daredevil, qui n'est pour l'instant que "the black mask".
On suit en effet les débuts du personnage en tant que justicier, si la retenue et l'efficacité de l'avocat est parfois mis en avant avec succès, c'est surtout l'humanité du justicier qui marquera clairement l'esprit par son réalisme, une humanité double.
Cette humanité passe par le réalisme des combats et du combat en général de daredevil, sans super-pouvoir il n'arrive pas à moins à impressionner et à transmettre le sentiment d'un véritable surhomme exceptionnel. Une scène de combat à la fin de l'épisode deux a marqué la plupart des spectateurs ; beaucoup louent de manière très superficielle selon moi l'audace de la réalisation à travers un plan fixe dans un couloir qui ne cède pas aux multiples cuts, aux effets d'accélérations et de ralentissement pour rendre la scène plus impressionnante. C'est en effet une mode cinématographique d'user systématiquement de ces procédés jusqu'à parfois en abuser mais il est tout aussi à la mode dénigrer ses procédés systématiquement de la part des "critiques" tant professionnelles qu'amateurs. C'est passé à côté de la véritable raison du succès de ses procédés, leur efficacité inhérente ! Ce sont peut-être des procédés faciles, mais ce sont des procédés efficaces ! Il serait ridicule de s'en passer par principe. Si j'ai ainsi digressé, c'est parce qu'il me semblait important de pouvoir expliquer clairement la réussite de cette scène qui tient en effet en partie à sa réalisation ! Oui le plan fixe est ICI une très bonne idée, si la série se refuse à accélérer systématiquementt l'action, c'est pour la simple et bonne raison qu'elle souhaite mettre en avant la difficulté du justicier à lutter contre de multiples ennemis mais aussi sa capacité à ne jamais abandonner. Son endurance exceptionnelle, sa détermination sans faille le rendent alors véritablement admirable alors qu'on ne cesse de le voir prendre des coups et les subir réellement. Il tombe, il s'essouffle, il semble au bord de s'évanouir, le combat semble si souvent perdu d'avance, et pourtant il se relève toujours, titubant, chancelant, au bord du précipice.
Combattant des plus efficaces, la série n'hésite pas à montrer une réelle violence sans jamais que celle-ci ne se révèle putassière, bien que les normes de bienséance médiatiques nous rendent ce spectacle suffisamment rare pour qu'on puisse les trouver très marquantes. Une exception à cela malgré tout, j'ai trouvé difficilement soutenable une scène de violence lors d'une analepse consacrée à l'enfance du "caïd" interprété ici par Vincent d'Onofrio. J'ai alors détourné le regard. Certes se révèle par cette violence assumée, l'audace et le réalisme de la touche Netflix, mais si celle-ci est tant louable c'est qu'elle se révèle véritablement pleine de sens, réaffirmant le caractère iconique propre au super-héros mais aussi la violence de la ville qui nous est présenté.
Le vilain d'ailleurs que je viens de mentionner m'a particulièrement impressionné, sa carrure, sa violence retenue semble palpable. On ne doute pas un instant de sa puissance physique et il apparaît alors comme une véritable menace qui ne peut s'inspirer une certaine crainte.
Si je parlais d'une double humanité tout à l'heure, c'est qu'au-delà de ce réalisme, les personnages sont emplis d'humanité au sens psychologique du terme au-delà de tout manichéisme. Les caractères tant du vilain que du héros sont habilement justifiés par quelques analepses ponctuant la série. On suit alors le personnage de Wilson Fiks avec un intérêt, presque malsain, non pas fait d'admiration mais de compassion. Difficile de ne pas voir l'humain sous le monstre, ses sentiments, sa sensibilité à fleurs de peau et de ne pas compatir par instant à sa souffrance ; la série quitte alors le sentier du manichéisme. Et le catholicisme du héros est aussi intelligemment repris pour nous montrer les problématiques morales auxquelles se confrontent notre aveugle. Les scènes de réflexion religieuses et de discussions avec le prêtre permet de questionner le bien-fondé de ses actes, ou futures actions. L'une des choses que j'ai alors trouvé le plus intéressant dans cette série fut le parallèle établi entre le héros et le vilain, qui veulent tout deux créer une ville meilleure, améliorer la condition des habitants. Mais alors que l'un privilégie les individus particuliers, l'autre ne croit au changement qu'à travers celui des structures. Et peut-on blâmer le vilain de croire cela ? N'a-t-il pas finalement raison ? Les moyens utilisés par les deux hommes se ressemblent, mais ceux du super-héros sont limités naturellement par son ambition moindre. Il n'est pas aussi nécessaire au héros de damner son âme sachant ses ambitions plus limitées.


Pour moi ces deux personnages opposés et similaires dans le même temps est vraiment l'une des principales réussite de la série. Mais la touche Netflix n'est pas à sous-estimer et contribue grandement à la qualité de la série ! Si j'apprécie souvent l'esprit des séries britanniques, c'est qu'il est souvent structuré par une véritable cohérence qui naît de la réalisation d'une saison conçue dans ses détails jusqu'à sa réalisation du début à la fin. Loin du système américain, d'une saison globalement prévue mais qui ne se construit définitivement qu'au fil des audiences, épisode après épisode. Un format aussi contraint par les tranches horaires télévisuelles, les attentes des spectateurs déterminées empiriquement... Finalement l'une des faiblesse de tant de série américaines tient à la prédominance du spectateur sur la narration elle-même, absence de prise de risque gouvernée par le consumérisme. Netflix ne joue pas moins sur la tentation consumériste qui nous habite presque tous, mais son public est suffisamment large pour qu'il puisse tabler sur un certain public, plus ouvert et plus exigeant, notamment quant à la narration. Et on sent bien en effet la qualité très égale de chaque épisode durant l'ensemble de la saison. Attention cependant, cela pourrait apparaitre aux yeux de certains comme un défaut. En effet, si l'excellente qualité de chaque épisode est un véritable bienfait pour la narration, le spectateurs peut lui avoir la sensation d'une baisse de qualité par l'habitude qu'il prend de celle-ci. Fausse impression mais risque malgré tout, moi-même qui ai apprécié cette caractéristique, je n'ai pu m'empêcher d'être légèrement (très légèrement) déçu par le dernier épisode dont j'aurai aimé ressentir la montée en puissance finale. Sans attendre un coup de théâtre, j'aurais aimé une accélération jouissive. Mais revenons-en aux qualité de cette narration, cohérente de bout en bout donc, elle varie aussi d'une manière très équilibré, les périodes d'introspections, d'action, d'enquête. Je me souviens alors de mon sujet de dissertation de capes, il y a deux ans qui rapportait une citation de Segalen contre la forme traditionnelle du roman, plombé par la difficulté selon lui de sa "ductilité". Ce terme technique et non littéraire signifiait en contexte, la difficulté sur un aussi grand nombre de pages, sur une narration étendue à garder à la fois sa cohérence interne et son intensité. Et c'est en effet une des véritables difficultés du genre contrairement à la poésie et, outre la pression de l'audimat, c'est aussi l'un des véritables enjeux d'une série ambitieuse qui distingue ce format de celui cinématographique. Et Netflix a parfaitement su relever ce défi, en gardant tout au long des épisodes, la même intensité, la même tension sans pour autant en devenir plombant, usant. On voit d'abord d'un poitnd e vue purement mathématique cette volonté de cohérence, de développement au rythme "juste" avec la longueur des épisodes pouvant être variables allant de 48 minutes à 1heure. Netflix ne se contraint pas à un format poussant à penser forcément la scène dans une structure très précise. Mais cette réussite tient surtout au développement de l'intrigue via l'enquête des personnages secondaires plus légers, l'avocat collègue, la future secrète puis le journaliste. Certains, probablement, verront alors une baisse de rythme lors de ces passages et pourtant, ils sont toujours nécessaires à la narration. De plus s'ils permettent de rééquilibrer la gravité narrative, ils n'en tombent pas moins dans une légèreté inappropriée. Ces passages ne sont pas réellement légers ou véritablement comiques, ils sont simplement moins pesants et permettent ainsi à la série de conserver une énergie qui permet de tenir en haleine le spectateur du début à la fin sans l'essouffler. Malgré donc le sérieux de la série, on peut facilement la regarder d'un tenant, enchaînant en trois jours l'ensemble de la saison, si bien entendu notre emploi du temps s'y prête.
La réalisation s'accorde aussi à l'ambition de Netflix. Sur ce plan des séries, comme sur tant d'autres, les précédentes séries Marvel, Agents of shield et Agent Carter, se révélaient bien plus décevants. Tout en mettant en avant l'aspect sombre de la ville, à l'image de sa violence, les visages des personnages et leurs silhouettes s'y distinguent néanmoins clairement et de manière appréciable.
Toujours en rapport avec la touche netflix, outre la narration proprement dite, le scénario lui-même bien que relativement classique se révèle très bien maitrisée. Le véritable vilain se fait sentir par son absence dans les premiers épisodes et n'en est que plus impressionnant lorsqu'il paraît. D'autres ennemis, des subalternes l'entourent, mais tout en ayant leur propre personnalité. Le scénario n'a pas succombé à la facilité d'enchainer les ennemis à abattre un par un, jusqu'à la confrontation finale dantesque avec le chef suprême. Chacun des chefs subalternes se révèlent doué de sa propre conscience, de son propre objectif, d'une existence propre en définitif ! Ils forment malgré tout une véritable communauté, une véritable structure où chacun se trouve à sa place. S'attaquer à l'un d'entre eux, ce n'est pas franchir une nouvelle étape dans la lutte, mais bien tenter de miner un mur porteur d'où la nécessité de construire d'abord la narration pendant plusieurs épisodes avant d'en faire céder un. Si le comptable du groupe manque légèrement de charisme à mon goût, bien que cohérent, tous les autres sont véritablement charismatiques et se révèlent des adversaires dignes de ce nom !
Le scénario n'hésite donc pas à intégrer au rythme qui lui convient les éléments qui le constituent. En tant que spectateur, je n'y étais d'ailleurs plus habitué ! J'avais ressenti quelques frustration à ne pas avoir de réponses me semblant cohérentes quant à la formation du héros, je ne voulais pas forcément que tout soit développé longuement, grignotant alors l'intrigue principale, mais simplement quelques éléments pouvant rendre plus logique par exemple le style de combat du héros. Lorsque la première analepse sur l'enfance du héros apparait et se termine, je n'avais pas encore cette élément de réponse et j'étais frustré parce que j'imaginais alors que je n'en aurais pas plus. Et pourtant, je fus satisfait un peu plus loin ! De manière très subtile donc j'ai du remettre en causes mes mauvaises habitudes de spectateurs habitués à certains motifs narratifs.


Voilà donc plus ou moins les qualités principales de la série qui en font un véritable coup de coeur, qui attisent aussi ma curiosité et ma volonté d’enchaîner avec une seconde saison que je devrais attendre bien trop longuement à mon goût !


L'essentiel a été dit, mentionnons donc rapidement les quelques défauts qui m'ont empêcher de mettre dix à cette série. Si Matt Murdoc, l'avocat est mis en avant au début de la série, il devient beaucoup plus discret par la suite. Matt Murdoc, l'humain derrière le masque, lui est toujours traité heureusement. L'avocat était charismatique, il est un peu décevant de ne pas le voir davantage dans ce rôle. Karen Page, le personnage principal féminin, a aussi eu une certaine tendance à m'agacer au fil des épisodes. Enfin la dernière déception dans le dernier épisode est d'abord graphique, on voit finalement le véritable costume de Daredevil, un véritable symbole ! Amateurs des comics de Miller, c'est le genre de détails qui ne m'apparait pas anodin ! Et je ne sais encore trop pourquoi, le masque m'a semblé manquer de charisme, avoir un aspect un peu artificiel. Honnêtement, il est Kitsch, je préfère même celui de Ben Affleck. C'est un véritable raté. J'en suis venu à trouver que paradoxalement, il ne semblait pas plus charismatique avant de porter le costume de Daredevil ! Et c'est pourtant un costume que j'apprécie particulièrement dans les comics ! Mais ce dernier épisode est tout de même bien entendu des autres épisodes, parce qu'en tant que dernier épisode, il aurait dû être plus intense et qu'il se retrouve pourtant légèrement moins bon que le reste. Outre l'énorme déception du costume, il faut quand même dire que la réalisation n'est à la hauteur, seul épisode réalisé par le producteur, on comprend bien que marquer une réalisation de sa patte est un vrai métier. En effet, si la réalisation n'est en soi pas catastrophique, elle perd en grande partie la particularité de la série jusque-là, elle se trouve terriblement plus classique, proche des films cinéma, notamment les scènes d'actions bourrines et réalisées à travers les multiples champs/contre-champs ne mettant pas en valeur de la même façon les combats et les rendant paradoxalement moins percutants. Pourquoi paradoxalement, car la chorégraphie des combats est plus délurée, dirons-nous. Moi j'aime bien, l'idée de faire évoluer davantage le personnage vers le statut de super-héros avec des talents particuliers. Donc mouvement improbables de plus en plus nombreux, cabrioles, je suis pour. Mais là, on perd en grande partie l'efficacité réaliste, la sensation de coups qui portent et qui font mal de la série. Bon après, c'est un unique épisode dont je ne parlais pas autant s'il n'était pas le dernier épisode, ne remettant pas du tout en cause la qualité de cette saisons, mais pouvant laisser présager une seconde saison moins génialissime.


J'espère en tout cas que cette série sera le succès qu'elle mérite d'être !

Vyty
9
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Créée

le 12 avr. 2015

Critique lue 624 fois

8 j'aime

Vy Ty

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8

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