Belle découverte que cette première saison de Daredevil, qui confirme la qualité des pools de scénaristes de Netflix - mais aussi de ses réalisateurs, grâce à quelques fulgurances de mise en scène. Probablement meilleure série de super héros à ce jour, Marvel's Daredevil puise paradoxalement ses forces et faiblesses de la construction de l'antagoniste. Là où d'autres séries moins inspirées se concentrent logiquement sur le héros en lui opposant un archétype figé dans le marbre, l'on assiste ici à la brutale évolution psychologique de Wilson Fisk, incarnée de manière très intéressante par Vincent d'Onofrio, qui parvient fort heureusement à dévier de son maniérisme initial, en particulier au cours des derniers épisodes. Si cette construction s'avère tout à fait passionnante, notamment grâce à une galerie globalement réussie de seconds rôles, l'on en vient toutefois à regretter que le protagoniste ne bénéficie pas d'un tel traitement. Le personnage de Matt Murdock - et avec lui son pendant justicier - reste en effet curieusement en retrait, et manque surtout d'une profondeur que ne parviennent jamais à insuffler les différents flashbacks distillés tout au long de la saison. Le résultat, confrontation atypique entre un héros un peu creux et un antagoniste bien mieux développé, n'en reste pas moins tout à fait agréable, et mérite amplement le coup d’œil. Ainsi peut-être qu'un changement de titre : pourquoi pas "Marvel's Wilson Fisk" ?