Ce que je préfère, dans Jessica Jones, c'est son ambiance de film noir. Chaque série Marvel développe son propre univers : les arts martiaux d'un côté, la Blaxploitation de l'autre. Cet univers donne à la série sa coloration et son ambiance (le rouge et noir dangereux et violent de Daredevil ou le jaune chaleureux de Luke Cage, dans un décor idéalisé de Harlem). Jessica Jones, elle, évolue dans un univers de film noir. Nous avons tous les éléments : le personnage de détective privé, les questions de morale, la voix off...
Ce que je préfère, dans Jessica Jones, c'est son personnage principal. Je m'en doutais déjà un peu, mais c'est devenu une évidence en regardant The Defenders : Jessica est mon personnage préféré parmi les séries Marvel jusqu'à présent. Son personnage blasé et volontiers alcoolo, complètement anti-politiquement correct, ses punchlines bien senties : elle apporte de l'humour et de la légèreté dans un univers qui, sans elle, se prendrait beaucoup trop au sérieux. Et elle est beaucoup plus subtiles aussi que les autres.
Ce que je préfère, dans Jessica Jones, c'est que l'on n'insiste pas trop sur ses pouvoirs. Alors que les autres séries nous noient sous un déluge de scènes d'action et de trucages, Jessica Jones privilégie les enquêtes et la psychologie plutôt que la volonté d'impressionner. Nous avons la description subtile d'un personnage torturé par son passé et qui voit ressurgir face à elle les traumatismes qu'elle voudrait noyer sous un flot de whisky. Kilgrave dans la saison 1, IGH dans la saison 2 : « mon passé est en train de faire des morts ». un personnage qui ne joue pas au super-héros, qui refuse même cette qualification et s'en amuse. A l'inverse d'un Luke Cage devenu la super-star de la communauté noire, Jessica voit ses pouvoirs comme une malédiction qui ne font qu'attirer des ennuis sur elle et sur les personnes autour d'elle. Toutes ses relations sociales sont pourries à cause de ces pouvoirs, qui provoquent soit la peur, soit le malaise, l'incompréhension ou la jalousie.
Ce que je préfère, dans Jessica Jones, c'est que les deux saisons sont bien différentes. La première est un face-à-face entre Jessica et Kilgrave, auquel le décidément génial David Tennant prête sa folie furieuse et son regard de malade. Un Kilgrave d'autant plus dangereux qu'il n'a même pas besoin d'être là pour tuer. Un Kilgrave qui s'infiltre dans les cerveaux et force les gens à faire ce qu'il leur ordonne, même contre leur gré. Cela donne une des scènes les plus réussies de la série, dans un commissariat.
La saison 2, quant à elle, est une enquête sur l'énigme des pouvoirs de Jessica. La saison se divise clairement en deux parties très différentes tournant autour d'un épisode pivot, le numéro 7 (pile poil au milieu de la saison). La première partie, la plus intéressante, se base sur un mystère : que s'est-il passé pendant vingt jours, 17 ans plus tôt ? Ces vingt jours qui ont littéralement disparu dans la vie de Jessica, entre le moment de son accident et le jour où elle a été admise à l'hôpital ? (la seconde partie de la saison, prenant une direction bien différente, est moins passionnante et traîne un peu en longueur).
Ce que je préfère, dans Jessica Jones, ce sont ses personnages. Bien entendu, il y a Jessica elle-même, mais aussi Trish consumée par sa jalousie, rêvant avoir les même pouvoirs que sa « sœur », et Jeri l'avocate. Avec ces trois personnages, la série nous propose une belle réflexion sur les femmes et le pouvoir, loin des clichés habituels. Super-pouvoirs, pouvoir médiatique, pouvoir judiciaire. Ici, pas de conneries du genre « grands pouvoirs, grandes responsabilités ». Juste une question de morale, comme dans tout film noir qui se respecte. « Jusqu'où faut-il aller pour aller trop loin ? » se demande Jessica. Où se situe la morale lorsque l'on gagne sa vie en brisant des couples ? Et que faire lorsque l'on est obligé de tuer ?
La série nous présente aussi avec plaisir le personnage de Malcolm, voisin junkie de Jessica, qui va beaucoup se développer dans la saison 2.
Ce que je préfère, dans Jessica Jones, c'est le panel d'émotions que présente la série. Humour, drame, mélancolie, mystère, on passe par de nombreux sentiments, et c'est ce qui fait le sel de la série (et ce qui en fait, pour moi, la meilleure série Marvel pour le moment).
Bon, il y a bien quelque chose que je n'aime pas trop dans Jessica Jones. Je trouve (et c'est un point commun entre les deux saisons) qu'ils n'ont pas de quoi remplir 13 épisodes. Je me demande si c'est un dogme des séries Marvel : mis à part Defenders, les autres séries ont toutes des saisons à 13 épisodes et ont toujours du mal à les remplir. Deux épisodes de moins, et ça aurait été parfait.