Le " sex ", cela peut être très large, chacun de nous le sait.
Lorsque l'on a appris que Showtime préparait une série centrée sur ce sujet si vaste, la plupart des gens connaissant les programmes parfois libidineux de la chaîne câblée ont eu la même réaction : " ah bah, depuis le temps qu'ils en rêvent; ils vont s'éclater et nous foutre du cul partout " !
Que nenni. Les créateurs de la série ont choisi l'angle le plus malin qui soit : étudier le comportement et plus particulièrement les habitudes sexuelles dans la société, sous l'oeil d'un scientifique de prime abord complètement hermétique au sexe, se concentrant exclusivement sur la recherche.
L'écriture est extrêmement fine, soignée et parfois assez cocasse compte-tenu du recul que nous possédons actuellement par rapport aux anciennes générations concernant toutes formes possibles de moeurs sexuelles.
A vrai dire, j'ai tout d'abord été étonné par la maîtrise précoce de cet épisode (oui on continue les jeux de mots foireux), les sériephiles savent pertinemment que les pilotes représentent rarement ce que va donner une série sur le long terme, s'apparentant surtout à un aperçu pas complètement développé.
Ici, d'un point technique et rythmique, on a l'impression que tout est déjà prêt et que l'histoire semble déjà durablement lancée dans le temps, preuve que Showtime compte bien en faire l'un de ses nouveaux shows phares, après la longue agonie du mortellement décevant Dexter.
Ce pilote se concentre essentiellement sur le plaisir féminin, fait aujourd'hui terriblement banal mais totalement hors de propos à une certaine époque révolue, sous peine de se faire traiter de tous les noms.
Nous suivons donc un obstétricien renommé : William Masters, persuadé que son étude portant justement sur le comportement des femmes pendant un acte sexuel et plus largement, sur les habitudes sexuelles est révolutionnaire dans son domaine, quitte à mettre en péril sa brillante carrière en s'attirant les foudres de ses paires.
Les scénaristes ont eu la grande intelligence de placer un point de vue féminin dans l'histoire : Virginia Johnson, fascinée par la thèse du médecin qui décide de s'engager avec lui afin d'apporter son aide qui s'avéra sans nulle doute précieuse.
Outre les différents tests et expériences présentés tout au long du pilote, on nous expose la vie privée de ces deux charmants chercheurs, au moins aussi complexes que leurs études. Particulièrement celle du Dr Masters, brillamment interprété par un Michael Sheen toujours aussi excellent, qui semble partagé entre sa vie de couple et son obsession professionnelle.
Lizzy Caplan se révèle aussi radieuse et juste, tenant la dragée haute au personnage de Sheen.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on attendait cette série au tournant, couteaux aiguisés, prêt à charcuter la série flirtant avec la dépravation et l'érotisme, deux aspects souvent présents dans les séries estampillées Showtime. Nous en sommes très loin, nous faisons plutôt face à une écriture intelligente évitant tous les pièges s'annonçant à la lecture du pitch.
Bien que souffrant des très médiatisées The Blacklist et Agents of S.H.I.E.L.D, Masters of Sex parviendra sans nul doute à tirer son épingle du jeu si elle maintient un niveau aussi excellent, peut être bien plus que ses concurrentes directes arrivées lors de cette rentrée...