D'ordinaire les cinéastes et téléastes qui se penchent sur la question de l'évolution des mœurs, du stupre et de la fornication le font sous l'angle de la libération sexuelle. Hop là, virez moi ces culottes : on a le droit, l'envie, le lieu, on va baiser !
Masters of Sex prend le contrepied total de ce schéma. C'est une série sur le cloisonnement sexuel. Sur ce qu'on préfère taire, ou d'ignorer afin de ne pas se frotter à la réalité.
Bill Masters en est évidemment le héros, mais n'importe quel second rôle, sa mère, son boss, sa femme, ses collègues, présente un rapport au sexe biaisé par la morale, la religion, la peur des autres, parfois l'ignorance pure. Pendant qu'il s'évertue à observer et scrupuleusement quantifier les réactions du corps pendant l'acte, il ne prend pas la mesure de l'importance de son étude à un niveau sociologique. Il veut apprendre parce que personne ne sait, pas parce que tout le monde veut savoir...
Au fil des épisodes, non sans humour, Michelle Ashford met donc en parallèle les grandes avancées de la science et le repli sur soi de ceux qui y participent. Sans atteindre le niveau de maniaquerie de Mad Men, la série Masters of Sex parvient à plonger le spectateur dans l'époque, sans prendre quiconque de haut ni jouer d'ironie dramatique facile. La précision des dialogues est parfaitement restituée par un casting de haute volée, intrépide et livré corps et âme à la cause ! On en vient à se demander pourquoi ce sont les anglais qui font les meilleurs docteurs américains...
Je ne sais pas combien ils tiendront de saisons, mais il semble qu'on a là une des meilleures séries du moment.