Une odyssée narrative de l’émancipation sexuelle des femmes d’après-guerre
Par Cyril Lener
“Je vais leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre pour qu’ils puissent entendre ce que j’ai à leur dire.” Les mots sortent de la bouche de Williams Masters, figure principale de la nouvelle série de Showtime, et sans doute n’est-il pas exagéré d’y lire l’intention stratégique de sa showrunner Michelle Ashford. La modernité des grandes fresques destinées au plus-si-petit écran consiste, il est vrai, à ne plus détourner les yeux de la sexualité. Ce dont les héroïnes de Sex and the City osaient parler entre deux fous rires “entre filles”, les barons du câble, HBO en tête, n’hésitent plus à le montrer. Loin de se réduire à un tic publicitaire en forme de promesse softporn, le sexe (et sa représentation crue) dans les séries modernes acquiert enfin une valeur narrative reconnue dans le large éventail des rapports humains. Mais - sans mauvais jeu de mot - il faut biaiser. Comme le fait William Masters, obstétricien consacré par ses pairs, qui à l’aube des années 60 mène en sous-marin des études sur les mystères de la sexualité humaine et se voit rapidement confronté à la frilosité pudibonde du milieu universitaire. Au hasard d’un remplacement de secrétaire, il obtient le soutien tenace de Virginia Johnson, une femme déjà en rupture du modèle conjugal classique, qui voit dans les travaux de Masters les perspectives de libération sexuelle de toutes les femmes. Autour d’eux, Barton Scully, le doyen de l’hôpital à la vie de couple sentant la naphtaline saupoudrée de secrets “honteux” et Libby, l’épouse de Masters, dont l’infécondité présumée fait peser sur le foyer une chape de plomb encourageant son mari à se réfugier dans son travail. (...)
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