Suivant les mêmes conseils avisés qui m'ont poussé à visionner True Detective, autre merveille de l'année, je me suis lancé il y a quelques jours à la rencontre de Master of Sex. Et quelle rencontre ! Dans un monde où on prend (trop) doucement conscience de l'importance de la sexualité, la série de Showtime apparaît comme une épiphanie.
Je commencerai par le seul bémol, selon moi, de la série. La nudité et la censure. Master of Sex, dans sa forme, présente une douloureuse contradiction : on y parle du sexe, dans tous ses états, de l'orgasme et de l'onanisme mais... Point de phallus ou de vagin à l'horizon. C'est fort dommage car cela enlève, selon moi, un peu de ce contraste "cru"-"raffiné" sur lequel s'appuie pourtant la série. Je me doute qu'il s'agit là d'une volonté d'avoir un public aussi large que possible mais, après tout, on parle de libération sexuelle, de plaisir et aussi de performances sexuelles !
Soit. Mais je n'ai pas mis la note ultime à la série pour cette raison, principalement.
D'un autre côté, les points positifs sont légions et la série est largement plébiscitée pour ceux-ci, à raison :
- Le jeu d'acteur. Fascinant. Masters et Johnson sont deux personnages particulièrement intéressants, ambigus, mais terriblement attachants. Un bon point donc. Mention spéciale à Lizzy Caplan, qui incarne avec brio la transition entre l'Amérique profondément puritaine et la prise de conscience de l'égalité des sexes.
- Le générique ! Non, sérieusement, le générique est une véritable pépite d'humour, de jeu entre la musique, l'image et l'intrigue même de la série. Par ailleurs, c'est le seul générique, tous genres confondus, que je regarde toujours avec plaisir, sans le couper.
- L'univers également est un mélange réussi entre huis clos (le jeu entre les différents espaces vécus par les personnages a quelque chose de saisissant), et une "vie" extérieure. Le contraste entre ce que l'Amérique vit, en dehors de l'hôpital, et la révolution qui bourgeonne dans le laboratoire a un impact majeur dans la perception de la série. J'espère entendre encore davantage de musique d'époque, à l'image d'un Mad Men, dans les futures saisons.
- Et enfin, le leitmotiv de la série : le sexisme. Oui, parce qu'au-delà du simple "éveil" à la sexualité, on assiste à une véritable lutte des genres dans la série. Les femmes se battent pour la reconnaissance dans un monde encore patriarcal. Pas qu'au niveau sexuel (et conjugal), mais également au niveau social (Mme Scully et tant d'autres), professionnel (Johnson, mais aussi et surtout le Dr. DePaul). Et mon dieu que ça fait du bien de voir ça !
C'est peut-être ce qui m'a attiré dans la série, quand on m'a raconté le pitch. La véritable problématique sociale n'est pas tant la pudeur face au sexe, mais réside surtout dans la recherche du plaisir des individus, femme, homme, couple...
Un série à voir, donc, mais surtout à faire découvrir à son entourage, pas forcément toujours au point en ce qui concerne l'égalité des sexes dans tous les compartiments de la vie.
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