Mindhunter
7.8
Mindhunter

Série Netflix (2017)

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Le synopsis nous ment et c'est bien ! Doutes et identité.

Ici vous pouvez spoiler


Cette analyse critique se centrera essentiellement sur le personnage principal et comment il est mis en tension tout au long des épisodes. Il est déconseillé de la lire sans avoir regardé les 10 premiers épisodes si l'on ne veut pas se faire spoiler.


Question vive de cette série : L'agent du FBI a-t-il tout compris ou est-il trop impliqué personnellement ?
Nous allons donc voir à quel point.


Doute :
Le doute est présent dès le début avec un personnage à priori tourmenté qui cherche à "faire le bien" tout en étant incompris par ses paires.
On a une légère frustration lorsqu'on s'identifie au personnage quant au mépris qu'il reçoit de la part de son supérieur. Cette frustration, construite en sinusoïde, un peu classique mais bien menée, nous permet de nous tenir en haleine. Mais rapidement, peut être trop d'ailleurs, cette frustration va disparaître (lorsque les études son financées) pour laisser place étrangement à un doute concernant le personnage principal avec ses méthodes d'interrogatoire surprenantes de résultats mais très perturbantes. En effet, les questions que l'on se pose sont clairement explicitées. Est-ce que les détenus disent la vérité ? Est-ce que lors des enquêtes sur le terrain ces méthodes fonctionnent vraiment ? Ce qui est un point positif dans cette série c'est qu'elle pose les questions mais n'y répond pas et nous laisse alors plusieurs choix devant nous.
De plus, ce doute va s'intensifier progressivement pour sortir de l'écran et nous atteindre nous. Est-ce que je suis d'accord avec lui ou pas ? Est-ce que je dois le suivre ou non ? Si le paris était de créer une introspection du spectateur en le questionnant sur ses propres valeurs il est donc pour ma part réussi.
En bref, le doute voyage de personnage en personnage. Un chemin étonnant que l'on va suivre sans hésitation, un peu comme un chien qui cours après un lapin. Le supérieur au début, les coéquipiers ensuite, la petite amie (on en parlera plus tard), pour en venir jusqu'au spectateur avant d'en arriver au personnage principal, ce qui nous amène sensiblement à la question de l'identité de ce dernier.


Identité :
Holden Ford, agent du FBI, un esprit nouveau, curieux et controversé. Un peu à la "Sherlock Holmes" comme il est décrit. Voilà ce qu'on sait au premier épisode.
Mais étrangement je n'ai très vite pas eu le sentiment de le connaître si bien que ça. Un personnage simple à priori, qui laisse très légèrement visible la complexité de son esprit, un peu à l'image un fil de lumière entre deux planches d'une cabane en bois.
Retraçons les indices qui nous permettent de l'affirmer.
Premièrement la rencontre avec Debbie sa petite amie est un premier "déclencheur" (le terme est volontairement choisi ainsi). Cette jeune étudiante, avec un esprit "hippie" (comme Holden la décrit), aussi curieux que le sien, et intelligent, par dessus un caractère fougueux, traîne Holden hors de son cadre de vie et cela ne lui déplait pas. Entre pratique sexuelles torrides, drogue et alcool cette fille donne à Holden de quoi s'évader un peu. Déjà une première frontière que va dépasser l'agent du FBI.
Puis progressivement Holden va sortir des sentiers battus pour diverses raisons jusqu'à entretenir une relation presque amicale avec un criminel. Une scène mémorable me vient à l'esprit, celle d'un entretien plutôt formel qui débouche en un rien de temps sur ce qui à tout l'air d'être une discussion entre ami avec Edmund (deuxième déclencheur). Mais cet aspect n'est pas trop développer par la suite, on y a fait attention lors de cette scène mais on l'oublie par la suite, comme pour faire germer une petite idée dans notre inconscient. Très finement joué de la part de l'équipe de réalisation. Puis cette idée va refaire surface lorsque Holden va commencer par employer les mêmes termes que les tueurs avec une aisance déconcertante. C'est d'ailleurs la qu'on se pose la question "A-t-il tout compris ou est-il trop impliqué?".
La complexité de l'esprit de cet agent du FBI va se révéler de plus en plus à tel point qu'on peut observer comme une contre balance dans le couple Debbie Holden, Debbie à l'air davantage plus simple comparé à Holden et elle commence à se détacher de lui. On l'observe une première fois lorsque Holden repasse en pleine nuit avec un comportement hyperactif, et puis lors de la scène sur le banc à la fin de l'épisode 10 certainement le troisième déclencheur.
En somme, à travers ces 10 premiers épisodes on apprend à connaître un peu plus l'agent du FBI qui à mon sens apprend lui aussi à se connaître. Cette recherche d'identité est travaillée dans le scénario pour n'être que dans un fond quasi invisible mais qui remonte à la surface à une échelle logarithmique pour exploser en fin d'épisode 10.


En conclusion,
Nous avons ici une série avec un très haut potentiel qui pour l'instant est bien exploité.
Entre le doute qui vagabonde autour des personnages qui est très bien utilisé, supposant ce qui va suivre, et l'identité de Holden remise en question par lui même et par le spectateur très finement travaillée. On ne peut donc qu'accroché à un scénario qui aussi intrigant que troublant nous rend dépendant, tout comme l'est Holden, de ces entretiens avec les tueurs et de cette recherche.
Ce qui est fort intéressant avec cette série c'est que rien qu'avec 10 épisodes le spectateurs se retrouve à appliquer les méthodes de profilage pour établir le profil du personnage principal. Cet espèce de triangle de Penrose nous propose de quoi nous tenir occupé sur pas mal d'épisode. Cependant il va falloir faire attention à ne pas gâcher ce plaisir et continuer de bien développer le potentiel de cette série.
Enfin pour rentrer dans le vif du sujet, je ne pense pas que l'idée ici soit de savoir comment fonctionnent les esprits criminels des tueurs en séries, comme veut nous le faire croire le synopsis où même la surface du scénario, mais de savoir ; si, ou à quel moment le "chausseur" deviendra à son tour ce qu'il chasse...


DM.


Paranoïa :
Un trait hypothétique de cette série qui reste à découvrir, une possible paranoïa peut s'installer dans l'esprit de Holden à force d'analyse et d'interrogatoire en immersion quasi intrinsèque dans la tête des tueurs les plus bestiaux. Déjà amorcée, avec le directeur de l'école chatouilleur d'enfant puis à la toute fin avec un simple regard lancé à un homme en sortant de l'épicerie. Un trait qui peut être développer par la suite et rajouter une dimension intéressante au scénario.


Hors propos : le versant légèrement érotique de cette série pourrait certainement faire l'object d'une autre analyse, avec des petits détails tel que le magazine playboy dans la boite de Bill lorsqu'il descend au sous sol (observable dans la scène de l'ascenseur) ou bien la poupée gonflable dans la boite que tiens le supérieur de Holden lorsqu'il s'entretiens avec lui au milieu d'un couloir. Ces détails sont à mon avis beaucoup moins anodins qu'il n'y paraît. Je vous laisse donc chercher les autres indices et vous laisse comprendre ce qu'il veulent dire.

Je_SuisCharlie2
8
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Créée

le 30 déc. 2017

Critique lue 840 fois

Dorian Merchat

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