Comme il nous restait plus qu'une seule série après Moon Knight on l'a enchainée. Comme souvent on s'est dit "on mate le pilote, on verra après" mais tout ce scénario autour d'une adolescente qui rêve d'être Captain Marvel et souhaite aller à une convention autour des super héros nous avait convaincu. Surtout quand ma copine est cosplayeuse. Et c'était intéressant après une série qui était déconnectée du MCU d'avoir une série qui au contraire assume pleinement sa filiation et offre durant le premier épisode, une convention totalement dédié aux Avengers (par contre : qui fait des conventions en pleine nuit ?)
Une série sur la communauté Pakistanaise
La série repose surtout sur la sympathie que l'on a pour l'héroïne, Kamala Khan, une adolescente à la beauté "ordinaire". Pour le coup, bon point de Marvel, d'autant plus que l'actrice porte la série. Alors, certes, toute l'intrigue lycéenne vient avec son lot de clichés issue de la bd originale : elle a pour antagoniste la star du lycée, elle est pote avec des geeks un peu rejetés. Au passage, son ami Bruno est techniquement "Peter Parker mais sous un autre nom" (très jeune, très nerd, coincé dans la friendzone, bidouilleur scientifique, et on apprend dans le dernier épisode que ses parents sont morts.)
Non, pour le coup, l'accent est beaucoup plus porté sur la famille de Kamala et prend un point de vue assez original : celui les émigrés pakistanais aux USA. Ça avait râlé (surtout par les idiots du printemps républicains qui n'assument pas que les musulmans puissent exister) parce qu'on avait mis l'accent sur le fait qu'elle est musulmane, mais ça a vraiment du sens dans la série.
On apprend plein de choses sur la communauté pakistanaise : les mariages, comment vivent les familles, les petits surnoms, la communauté, comment elle se voit, comment les choses évoluent, le passage à la mosquée, la visite du Pakistan moderne et même un passage historique sur la partition de l'Inde. Le tout est raconté sur plusieurs génération de pakistanais : entre la grand mère qui a du fuir l'Inde enfant, la mère et le père qui ont émigrés aux USA et la fille qui navigue entre les deux, souhaitant à la fois se rapprocher de ses racines mais aussi devenir une citoyenne américaine modèle. Le fait que Kamala soit complètement fan de Carol Denvers renvoit à un modèle de femme bad ass, mais aussi d'une militaire blonde et fine.
Bref, on est dans la droite ligne de Disney et Marvel de mettre en scène de plus en plus de héros venus des 4 coins de la planète (EnCanto, Moon Knight, Shang-chi, etc...) Et c'est chouette.
Mais hélas, c'est une série de super héros
Sauf qu'on est pas dans un drama ou une série de lycée, mais dans une adaptation de comic Marvel, et qu'il faut qu'il y ai une intrigue super-héroïque. Et celle-ci est .... vraiment pas bien gérée et très clichée. A vrai dire, c'est fou comme la série peut passer 25 minutes à parler de la vie de Kamala, de la voir découvrir le Pakistan, puis d'un coup se dire "ha merde, faut aussi qu'on fasse avancer l'histoire des super-pouvoirs et des méchants. "
Parce que oui, c'est vraiment pas ouf. Les principaux antagonistes sont basés sur un comic book que tout le monde avait oublié mettant en scène des super héros venus d'une dimension parallèle et exilée sur Terre. Ce qui rappelle un peu ce que faisait Les Immortels... sortit un an plus tôt et ils arrivent à être encore moins intéressant. (On ne saura quasi rien de leur monde d'origine.) On voit très vite qu'ils vont devenir les méchants et ils le font sans aucune subtilité (la méchante avait gagnée la confiance de Kamala, et elle rate tout parce que d'un seul coup, elle veut lui piquer son bracelet. Ca fait plusieurs siècles que vous êtes sur Terre... ça pouvait attendre deux jours, non ?) Mais bon, j'ai jeté un coup d'oeil au premier ennemi rencontré par Kamala dans les comics et ... vu ce que ça devait être, ça reste moins absurde.
La série aligne un grand nombre de clichés bâclés : la découverte des pouvoirs, l'identité secrète, le meilleur pote confident, le mentor qui va se sacrifier pour l'héroïne (le mec aura vécu à peine trois scènes) le crush qui est aussi un ennemi (mais parfois oui, parfois non.) Cela va jusqu'à l'unité spéciale du gouvernement traquant les super héros et qui est "Les agents du SHIELD mais sous un autre nom." D'ailleurs belle blague d'avoir appelé l'unité "Damage Control." La menace principale d'une série Marvel à pour initiale D.C. Comme c'est subtil !
C'est con parce que le pouvoir de Kamala est assez original (générer temporairement des cristaux, ce qui lui permet de grandir, de faire des plateformes sous ses pieds, de se faire un bouclier, etc...) mais on sent qu'ils ont pas déployé toutes les possibilités que pouvait offrir un tel pouvoir.
Et ne sachant pas trop s'il fallait garder le fait qu'elle soit une mutante (comme dans la bd) ou une descendante des Clandestins... et ils ont décidés de faire "ho c'est ptet l'un ou peut-être l'autre."
Visuellement la série est à cheval entre deux "c'est moyen" et "c'est génial." En effet, si les effets spéciaux sont "Ok tiers", les scènes d'actions pas ouf (c'est souvent découpé à la truelle) on à une direction artistique assez chouette, notamment dans les premiers épisodes (et le dernier.) Par exemple, on voit les idées de Kamala sous forme de petits sketchs à la craie, ou bien les textos envoyés qui s'affichent sur les murs, le mobilier d'intérieur, les nuages, etc... Une super alternative qui permet de faire respirer l'image sans nous montrer un insert sur un appareil téléphonique. On trouve aussi plusieurs scènes où les pensées sont émises sur les graffitis sur les murs, et le générique de fin est basé là dessus.
Bref, je suis curieux de voir ce que ça va donner de voir sa suite en film.
la scène post générique mettant d'ailleurs ça en scène avec Kamala inversant sa place avec Carole Denvers. Ce qui reste assez drôle, c'est qu'on aura plus vu, en temps d'antenne Miss Marvel (une série de 6 épisodes de 45mn) que Captain Marvel elle-même (un film de 2h + quelques apparitions par ci par là.)
Bref, c'est une série sympathique avec un cadre original et destinée à mettre en avant une culture assez méconnue du grand public, mais qui aligne hélas les poncifs comme autant de perles.