Three somme
Nouvelle série en huit épisodes de la boite de Jeff, Mixte prend place en France en la sainte année 1963. Au centre du concept, la mixité, autant du côté des élèves que des profs. Et s’il est bien question de mixité des sexes, comme évoqué dans les prémisses, d’autres mixités, sociales ou intellectuelles, seront bien de la partie à trois.
Mixte, l’enfant légitime du protectionnisme français et de l’ogre Amazon. Grâce au décret SMAD (services de médias audiovisuels à la demande ), les géants de la svod doivent à présent investir 20 % de leur chiffre d’affaire récolté sur l’Hexagone dans la création d’œuvres cocoriquienne. Après Netflix et son Lupin sauce thermidor, Sy décevant ; quant est-il de Mixte et de ses promesses d’amazones intégrées dans un monde d’Hercules ?
X-women et profs X
Lycée Voltaire. 1963. Pour cette rentrée scolaire, l’établissement accueille pour la première fois onze élèves de sexe féminin. Chez les profs, c’est Mme Couret qui servira de misogyne-mètre. Dès le pilote, la majorité des protagonistes principaux est présentée avec son lot d’intrigues et d’enjeux. Si les personnages importants tels que le couple Bellanger, Mme Couret, Michelle, Laubrac ou encore Annick Sabiani bénéficient d’un soin d’écriture nuancé, les seconds couteaux restent cantonnés à des postures un brin caricaturales définies par des traits de caractères simplistes et prévisibles. Mais la foule conséquente de personnages ne permettait probablement pas d’élever chaque personnage au même rang de finesse d’écriture.
GAACTACGAGGTA
Si la mixité sexuelle accouche rapidement des premiers enjeux, il faut accorder à la création de Marie Roussin une ambition plus étendue par la suite. Génitrice reconnue, Marie Roussin a déjà participé à d’autres projets dont le Lupin précité ainsi que Les bracelets rouges ou Cut. Des enfants un peu honteux qui aurait pu naître sous X. Avec les premiers émois amoureux et les premières expériences sexuelles, corde lisse ou corps à nœuds il faut choisir, la série embrasse d’autres t’aime comme les origines sociales, la condition féminine, l’avortement, l’homosexualité etc… Si la majorité de ces intrigues est traitée avec justesse et sobriété, la série n’oublie pas son gène divertissement et parvient à tresser une ambiance assez légère malgré quelques sujets pesant. Rarement démonstrative et démagogique, Mixte réussie son numéro d’équilibriste et propose avec beaucoup de fraîcheur à concilier gravitas et margaritas.
La qualité de production n’est pas en reste avec une excellente restitution des décors d’époque et des costumes 100% tergal. Le casting sonne toujours juste grâce à une pléiade d’acteurs harmonieux. Jamais dans la caricature même lorsque leur rôle appelle à la facilité, les comédiens apportent cette brise rafraîchissante qui fait défaut à la plupart des productions US embourbées dans le premier degré ou le cynisme affiché. La bande son est également mise à l’honneur avec des compositions rock inspirés de Fred Avril et des morceaux puisés dans le haut du panier made in rock.
Mixte est une autre réussite française. Consciente de ses forces et de ses faiblesses, elle participe à redorer un blason terni par les séries moisies produites sur TF1 et son sillage nauséabond durant des décennies. A l’instar de Dix pour Cent, Le bureau des légendes et autres, Mixte sait rester subtile, amusante et belle à regarder. Si la gestation de la petite sœur saison 2 se déroule dans les mêmes conditions, je serai en première ligne pour me proposer à l’adoption.