Mo
7.2
Mo

Série Netflix (2022)

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La découverte et les bonne surprises existent donc encore sur Netflix : suggéré sur ma page d’accueil, Mo se place modestement parmi d’autres et ne semble pas briller par son originalité. Pas de high concept, mais un portrait, qui semble assez biographique, et fait suite à quelques spectacles eux-mêmes présents sur la plateforme.


L’avantage de la série, c’est le temps. Si elle en abuse souvent pour dilater inutilement des sous intrigues et essorer une formule, elle peut aussi exploiter cette équilibre de la diffusion pour faire exister ses personnages. Car Mo est avant tout une forte galerie de caractères, dont les traits distinctifs cristallisent toute la question de l’identité dans le melting-pot tendu qu’est l’Amérique contemporaine. Mo est un palestinien en attente de visa depuis des années, autour duquel gravitent une petite amie latino, des amis musulmans, une avocate juive, le tout au milieu des texans.


Les qualités sont nombreuses : les personnages sont bien écrits, brillamment interprétés, et la modestie de l’écriture permet de rendre la communauté aussi crédible qu’attachante. Les risques pris par le sujet sont soigneusement évités : la série ne sombre pas dans la bienpensance, et reste toujours au niveau du personnage principal, galérien parmi d’autres, pas toujours pertinent dans ses choix, la gestion de sa colère ou les relations aux autres.


La première saison, souvent assez drôle, sait comment séduire le spectateur et l’attacher aux personnages. Le rythme est bien tenu, les mésaventures savoureuses, les portraits solides et les situations, souvent insolites, toujours à même de révéler l’absurdité des formalités administratives, et l’identité en suspens de cette famille suspendue aux décisions arbitraires.


Mais c’est dans la deuxième saison que la série prend véritablement son envol : la question de l’identité s’approfondit, et celle de l’appartenance s’enrichit d’un voyage dans le passé de la famille, et sur la terre des ancêtres. L’occasion d’un discours de plus en plus incarné et frontal sur la question de l’occupation de la Palestine, et une représentation du sujet généralement invisibilisé, particulièrement dans la culture américaine. Sur le fil, entre saillies explicites et un constat sans fard sur la situation, Mohammed Amer aboutit à un véritable tour de force : faire jaillir chez le spectateur la colère et les larmes, tout en gardant, quoi qu’il en coûte, le sourire à l’écran. Soit l’opposé à tous les discours qui gangrènent notre monde en voie de décomposition.

Sergent_Pepper
8
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il y a 2 jours

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