Mr. Sunshine, diffusé sur tvN en 2018, c’est un peu comme un western spaghetti qui aurait pris une grosse cuillère de drame historique coréen, ajouté une pincée de romance à la Roméo et Juliette, et le tout servi avec une esthétique qui ferait rougir un directeur artistique de Netflix. La série, orchestrée par Kim Eun-sook (la magicienne des récits qui vous accrochent dès le premier épisode), nous transporte dans la Corée du début du 20e siècle, alors que l’ombre de l’impérialisme menace et que l’honneur, la liberté et l’amour se transforment en chevaux de bataille.
Eugene Choi (incarné par Lee Byung-hun), notre héros au charisme de Clint Eastwood et à l’histoire aussi tourmentée qu’un roman de Dostoïevski, revient dans son pays natal en tant que soldat américain. Sa simple existence est un mélange explosif : coréen de naissance, américain par l’adoption du sort, il se retrouve dans un pays qu’il ne reconnaît plus, mais qu’il comprend toujours à travers ses blessures d’enfance. C’est le genre de personnage dont le regard silencieux en dit plus long qu’un monologue de cinq minutes.
À ses côtés, Go Ae-shin (Kim Tae-ri), l’aristocrate rebelle qui manie le fusil mieux que Cupidon ne sait tirer ses flèches. Elle est le cœur battant de la série : farouche, élégante et prête à tout sacrifier pour la liberté de son peuple. Leur histoire d’amour est un tango sous tension où chaque geste est un risque, chaque rencontre un miracle. On se surprend à retenir notre souffle chaque fois qu’ils se croisent, car même un simple échange de regards suffit à faire basculer un épisode dans la tragédie potentielle.
Là où Mr. Sunshine brille vraiment, c’est dans sa capacité à transformer l’histoire en un opéra visuel. Chaque plan est une peinture, chaque scène est orchestrée avec un sens du détail qui ferait pâlir les meilleures productions hollywoodiennes. Le budget semble infini : uniformes d’époque, batailles grandioses, paysages à couper le souffle... tout est là pour rappeler que, non, les Coréens ne font pas les choses à moitié. La musique, composée par Nam Hye-seung et Kim Jang-woo, se marie parfaitement aux drames et aux scènes d’action, ajoutant des couches d’émotion comme un bon nappage sur un gâteau trop beau pour être mangé.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Gu Dong-mae, le samouraï à l’âme en lambeaux (joué par Yoo Yeon-seok), est la définition même du "méchant sympathique" : il vous poignarderait dans une ruelle sombre, mais avec une larme de regret. Et puis il y a Kim Hee-sung (Byun Yo-han), l’aristocrate désinvolte et sarcastique, qui apporte des touches d’humour et de mélancolie dans un monde où même le thé semble chargé de tristesse.
L’intrigue, bien qu’un peu dense par moments (avec des alliances et des complots qui se tissent comme un tricot hyper détaillé), parvient à maintenir un équilibre entre l’action palpitante, le suspense politique et des scènes où l’on cherche désespérément un mouchoir. Car oui, Mr. Sunshine sait faire pleurer dans les chaumières, même si ces chaumières risquent de finir en cendres dans une explosion de drame.
Certains pourraient reprocher à la série de prendre son temps, avec des dialogues qui s’étirent et des plans contemplatifs. Mais c’est justement cette lenteur, cette volonté de nous plonger dans la beauté et la laideur de chaque moment, qui fait de Mr. Sunshine une fresque épique. On n’est pas là pour une course contre la montre, mais pour une plongée dans l’âme humaine, avec toutes ses contradictions et ses passions.
En résumé, Mr. Sunshine est une lettre d’amour à l’histoire coréenne, une ode à l’honneur et à l’amour impossible. C’est une série où chaque sourire est un défi, chaque larme une promesse, et chaque coup de feu une note dans une symphonie tragique. Si vous êtes prêt à sacrifier un peu de légèreté pour une expérience immersive et intense, enfilez votre hanbok émotionnel et préparez-vous à un voyage qui vous marquera bien après le générique final.