Une première saison très décevante, et cela sur plusieurs points. Tout d’abord la construction même du récit. Ouais, l’idée d’avoir plusieurs lignes temporelles qui finissent par se rejoindre (un peu à la Memento) était chouette sur le papier, mais il faut savoir l’utiliser, l’exploiter. Là, on se retrouve avec les premiers épisodes qui tournent en bouclent, puis on se lance enfin (même si on revient toujours sur des passages déjà vus) et arrive enfin le moment de vérité. Alors certes c’est le meilleur épisode de la série, mais quand on l’intègre avec le reste, on se rend compte que tout le montage fait autour ne sert, au final, à rien. L’exemple typique de la bonne idée au-delà de notre portée.
La deuxième partie de la saison est quant à elle d’un intérêt limité : on se demande si elle n’est pas là juste pour allonger artificiellement la saison ou si elle n’a strictement aucun intérêt. Parce que là aussi, on se concentre sur la deuxième énigme centrale mais au final, on se rend compte que le montage fait tout autour ne sert strictement à rien, et surtout rend le final décevant. Non seulement c’était prévisible, mais en plus c’est trop facile comme solution. Le seul intérêt du final est de poser les bases pour la saison suivante (chose qui m’intriguait vu le format de la série). Je ne parle pas des flashbacks (puisque cette fois-ci, on retourne à chaque fois dans le passé) qui n’apportent rien, tournent encore en rond ou ne font que se répéter encore et encore. Bref, trop facile, trop classique, mal exploité.
Mais si ce n’était que ça ! Non, non. Les scénaristes prennent le partie d’inclure tout ça dans un récit plus « normal », avec des petites intrigues spécifiques à chaque épisode. Et aussi surprenant que cela puisse paraître après ce que je viens de dire, c’est là la plus grande erreur de cette série. Premièrement, ce procédé lui retire toute originalité (on croirait presque voir un remake de Dr House et de New York, police judiciaire). Deuxièmement, les mini-intrigues sont d’une nullité sans nom, sans le moindre intérêt, n’apportant pratiquement rien à l’histoire. Enfin troisièmement, c’est par ses intrigues qu’on développe la plupart des personnages.
Des personnages d’ailleurs déplorant. Concrètement, on pourrait croire que l’écriture s’est faite avec les pieds : mis à part le personnage d’Annalise Keating, et éventuellement ceux de Wes Gibbins et Franck Delfino (et encore lui, c’est parce que c’est le genre de personnages que j’aime bien), les autres personnages ne sont qu’une succession de clichés plus gros les uns que les autres et dont le seul but dans cette série est de servir ce cliché. Ça en devient désolant pour certains. À la limite celui de Laurel devient un poil intéressant vers la fin. Mais les autres (Connor, Michaela, Asher, Bonnie, Nate et Rebecca), c’en est presque terrifiant comment leurs rôles ont soit un intérêt néant soit une écriture complètement foireuse quand ce n’est pas les deux cumulés.
Sur le casting, j’ai déjà à peu près tout dit avec les personnages dont les acteurs reflètent bien l’écriture (le pire, je crois, c’est Matt McGory qui était extraordinaire dans Orange Is The New Black et qui là irradie de ridicule à presque chaque scène). Alors je veux bien que pour ceux concernés, l’écriture du personnage ne les a pas aidé (parce qu’effectivement, du coup, ils les interprètent très bien), mais franchement ils pouvaient faire un effort. Heureusement que Viola Davis sauve le tout du naufrage total, avec une interprétation impériale (et qui me donne beaucoup d’espoir pour Suicide Squad).
Techniquement, j’ai pas grand-chose à redire. Tout respecte le cahier des charges pour ce genre de série. Y’a rien d’extraordinaire mais ce n’est pas horrible à regarder non plus. Comme je le disais, y’a peut-être le montage entre les différentes lignes temporelles que je trouve très mal exploitées, mais c’est plus un souci dans l’écriture du scénario que dans le montage lui-même.
Bref, une série très décevante. Elle avait le potentiel d’être le genre de série-passe-temps parfaite ; mais il y a beaucoup trop de faiblesses scénaristiques pour ne serait-ce prendre que du plaisir coupable à regarder, sans parler des personnages sans la moindre saveur ni profondeur. Le final est on ne peut plus décevant et classique. Le concept était intéressant, mais une fois qu’on a vu Memento, cela le rend bien fade et mal foutu. C’est dommage, il y avait bien mieux à faire.