My Dearest
8.5
My Dearest

Drama MBC (2023)

Attention, divulgâchis à foison et longue critique. A la lecture des avis ici-même publiés, ou encore sur IMDb ou MyDramaList, je m'attendais à une série du calibre du triptyque de chefs-d'oeuvre absolus que sont My Mister, Reply 1988 et Mr Sunshine, bref, du splendide qui vous écarquille grand les mirettes et vous éparpille le ciboulot, des histoires complexes, sans failles et qui collent au réel, une poésie qui vous perçe le coeur et surtout un attachement viscéral aux personnages avec qui on rit et on pleure, sans retenue. Que nenni. Rien de tout ça ici. Ce qu'on a, c'est une histoire certes relativement logique et bien ficelée, mais sans âme, pleine de poncifs et qui manque de plausibilité. Moi qui suis pourtant prompt à verser ma larmichette, je n'ai pas eu les yeux embués cette fois-ci. Trop artificiel. Trop invraisemblable. Comme si la scénariste s'était dit, à coup de crayon épais : tiens, là, j'vais faire çà, j'suis sûr que ça va faire chialer dans les chaumières. Effets ratés en ce qui me concerne, c'est prévisible et même parfois presque pathétique. Et j'avoue du coup ne pas comprendre comment cette série peut être aussi bien notée. Ai-je perdu mon ingénuité à tout jamais ? Suis-je finalement devenu un vieux con insensible ? Alors oui, les images sont magnifiques et les acteurs excellents, à l'exception des gamins que je trouve très mauvais dans leurs rares apparitions (il faut dire que je viens de finir The good bad mother avec les deux mômes absolument épatants). Nos personnages principaux ici sont attachants, et notamment l'actrice Ahn Eun Jin, déja vue dans The good bad mother justement et aussi dans Hospital Playlist dans un rôle pas facile, et qui nous transmet toute une palette d'émotions à travers ses longs regards et son beau visage expressif. Mais les yeux ont piqué plus d'une fois devant la faiblesse du scénario, trop inégal, et les raccourcis paresseux. A cet égard, je ne comprends pas comment on peut comparer My Dearest avec My Mister. Hwang Jin Young, à mon humble avis, n'a pas le talent de la si sensible et si douée Park Hae Joung (My Liberation Notes a profondément ému le grand introverti que je suis). Autant l'histoire de My Mister vous prend littéralement aux tripes et vous immerge dans son réalisme, autant là, les sensations éprouvées sont bien moins intenses et le niveau général plutôt moyen. C'est trop hollywoodien si je puis dire, c'est trop peu plausible. My Mister, Reply 1988 et même, à un degré moindre, Mr Sunshine, ce sont des histoires hyper-réalistes qui sentent le vrai, qui vous englobent dans leur cocon, comme si vous en faisiez partie. Ce ne sont pas des histoires qui flirtent trop souvent avec l'impossible, et qui, du coup, en sont beaucoup moins intéressantes (pour du sensationnel et de l'impossible, je regarderais de la science fiction). Et je m'explique. Si je peux par exemple, sans être devin, prédire ce qui va se passer dans les instants qui suivent à l'écran, c'est mauvais signe. Et cela se produit malheureusement de nombreuses fois dans cette série, où tu vois le cliché arriver avec ses gros sabots, où l'abus de coïncidences bien utiles finit par saoûler. Comprenons-nous bien : les clichés et les coïncidences bien utiles, cela arrive, même aux meilleurs. My Dearest, cependant, en use et en abuse ad nauseam. A commencer par toutes ces scènes qui se répétent et sont caractéristiques d'une écriture qui tombe dans la facilité, ces énormes stéréotypes vus des millions de fois comme celui-ci par exemple : X est sur le point de se faire trucider par Y, mais juste à ce moment-là, à la seconde près, Z surgit et évite le pire en tuant Y. Et une deuxième fois. Et une troisième. Et encore. Et encore ... Soupirs. Pas plausible. Ou alors, plus en détail, lorsque le village célèbre le soixantième anniversaire de mariage des anciens, tout le monde y s'amuse, tout le monde y rigole, et tu ne peux pas t'empêcher de sentir le gros coup du sort venir ... 1,2,3 ... boum, et voila, les méchants barbares débarquent juste pour gâcher la fête. Ou la volée de flèches vers notre héros favori ... qui a pu, ne serait-ce qu'un instant, croire qu'il était vraiment mort ? Pas moi. Ce dernier épisode est d'ailleurs assez confus, ce qui illustre parfaitement mes propos d'un scénario faiblard. J'avoue ne pas avoir très bien compris ce qui se passe, et peut-être quelqu'un voudra bien éclairer ma lanterne de spectateur perplexe ? Le personnage du chanteur, Ryang Eum, au passage une façon bien coréenne de s'éveiller au wokisme ... non, je plaisante, la touche gay est plutôt bien amenée et colle à l'aura qu'a notre personnage principal, mais je m'égare ... ce chanteur donc, nous dit-on, a passé de nombreuses années enfermé dans les geôles royales. Et pour nous le faire comprendre, on l'affuble d'une chevelure blanche du meilleur effet. En outre, on comprend que le jeune érudit qui l'interroge est le fils (adoptif) de l'esclave sur qui lorgne Yang Cheon, interprété au passage par l'acteur Choi Moo Sung qui est dans tous les bons coups (Reply 1988, Mr Sunshine, Weightlifting Fairy Kim Bok Joo, The Good Bad Mother, Hospital Playlist et j'en passe). Donc, la période où Ryang Eum a les cheveux blancs doit se dérouler une bonne vingtaine d'années après la mort supposée du héros principal. Pourtant, il y a une brève scène où Ryang Eum vieilli rencontre Gil Chae qui, elle, n'a pas pris une ride et où le héros principal semble avoir disparu pour de bon ... dimension alternative ou songe éveillé peut-être ? Ou alors c'est toute la partie "Happy End" qui est un rêve ? Je n'ai pas compris. Et qui est ce mystérieux personnage royal, aperçu de dos, qui décide du sort de Ryang Eum ? Enfin, tout n'est pas à jeter. En parlant de prédictibilité, je trouve, par exemple, que le personnage de la princesse Qing a beaucoup plus de profondeur et est ambiguë à souhait : impossible de savoir si elle va te couper la tête ou t'embrasser ! Pour résumer donc, un ensemble inégal, des moments d'éblouissements certes, une cinématographie impeccable, une plongée historique intéressante dans les us et coutumes de cette période méconnue, de bons acteurs mais un scénario décousu de fil blanc et parfois éculé, et des moments qui frisent le poétique sans toutefois empêcher cette impression de manque de spontanéité et de réalisme. Une espèce de sous Mr Sunshine en somme qui en reprend certains codes sans en reprendre l'intelligence et l'intensité. A bon entendeur.

ChouetteGuy
5
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le 16 févr. 2024

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