Pour cette année 2019, ce n’est que sur le tard que j’ai repris l’habitude de consommer régulièrement des séries animées. L’avantage, c’est que le regard rétrospectif permet d’éviter un bon nombre d’animes « jetables » saisonniers, ces séries que l’on mate volontiers de manière hebdomadaire pour se passer le temps mais que l’on oublie rapidement après leur diffusion. Le problème en revanche est que les voix anonymes du web, le score moyen d’un site ou encore le top 10 d’un influenceur ne permettent pas toujours de séparer le bon grain de l’ivraie, subjectivité oblige.
Je dois avouer qu’au premier regard, je rangeais moi-même « Doukyonin wa hiza, tokidoki, atama no ue » (abrégé Doukyonin) dans la catégorie des divertissements passables et seul son thème principal, la relation entre un chat et son maître m’a poussé à franchir le pas. Douze épisodes plus tard, cette adaptation de manga devenait une très bonne surprise que je ne peux m’empêcher de partager.
Doukyonin raconte l’histoire de Subaru, un jeune écrivain atteint de troubles d’anxiété depuis la mort accidentelle de ses parents, qui suite à une rencontre prédestinée décide de recueillir un chat errant (Haru). Alors qu’ils apprennent à s’appréhender, un lien unique va se tisser entre ces deux existences et leur vie va graduellement changer.
Doukyonin est une série drama et tranche de vie. Bien différente de la caustique d’un « Wagahai », l’oeuvre montre de manière équilibrée la perspective des deux protagonistes; bien souvent en commençant un épisode avec Subaru avant de reprendre, synthétiquement, les scènes du point de vue animal. L’approche est intéressante et la manière dont est vécue différemment les événements donne lieu à des contrastes humoristiques ou au contraire des résonances émotionnelles.
En parlant d’émotions, on ne peut pas dire que Dyoukonin en manque. Bien sûr, utiliser l’attachement largement universel des hommes pour leur animal de compagnie est un filon simple à exploiter. Malgré cela, l’anime ne m’a jamais paru céder à l’empathie facile et au sentimentalisme. Il faut dire que l’écriture est plutôt bonne et cela se ressent en particulier dans l’approche psychologique de l’oeuvre.
En ce qui concerne la psychologie animale tout d’abord, l’auteur évite en grande part l’écueil de l’anthropomorphisme et bien que le comportement d’un chat dépend largement de son caractère, du matou conspuant à la boule de poil affectueuse, les scènes représentant Haru sonnent justes et parleront aux propriétaires de félin.
Plus surprenant, j’ai également trouvé la personnalité de Subaru bien cernée. Malgré le fait que les premiers épisodes ne m’aient pas donné une très bonne impression du personnage tant il est socialement inepte, j’ai finalement trouvé que Dyoukonin a réussi à dépeindre un vrai handicap social, loin du simple stéréotype de l’otaku renfermé sur lui-même qui est souvent utilisé avec légèreté dans ce medium.
La vraie beauté de l’anime est de voir peu à peu une harmonie s’établir entre Haru et Subaru. Ce rapprochement donne lieu à des développements particulièrement gratifiants pour ce dernier. Si Haru a été le point fort du début de la série, c’est la confrontation de Subaru avec son passé qui est devenue la principale source de mon appréciation envers la série.
Doukyonin s’avère donc être engageant et réussi. Exceptionnel ? Je n’irai pas jusque là. En effet, en dehors des points développés ci-dessus, je n’ai rien de particulier à dire sur l’intrigue en elle-même, l’humour, la qualité technique ou encore sur les personnages secondaires, qui sont tous fonctionnels mais sans plus.
Des oeuvres meilleures que Dyoukonin, il y en a : plus ambitieuses, plus profondes, plus prenantes. Néanmoins, mon impression finale et mes souvenirs sont suffisamment forts pour vous le recommander. La thérapie animale possède de nombreuses formes je suppose.