Un animé exceptionnel. Il est composé de trois saisons. Les deux premières qui datent d'il y a quelques années flirtaient avec une certaine perfection. La troisième s'est fait attendre qui est bonne, mais sans plus, si ce n'est qu'elle conclut l'intrigue et qu'il faut donc la suivre tout de même.
Il s'agit d'une comédie romantique avec un triangle amoureux entre un garçon et deux filles, mais tout au long des trois saisons l'amour n'est jamais avoué, jamais fixé par des mots. Il y a un non-dit redoutable qui traverse l'ensemble des 38 épisodes. Le héros masculin a plus d'importance et d'autres personnages féminins vont quelque peu graviter autour de lui, ainsi que quelques autres personnages masculins secondaires.
L'introduction du premier épisode nous fait la lecture d'une dissertation écrite par le héros où il exprime son mépris de la jeunesse et de la fausseté des relations sociales. Pour sa punition, l'enseignante qui le prend en charge (et qui on le comprend très vite pense qu'il faut l'aider car il a un bon fond) l'oblige à s'inscrire à un club d'activités assez étonnant : il s'agit d'un club d'assistance pour résoudre les problèmes d'élèves qui en font la demande. Ce club a déjà un membre du sexe opposé, la très belle première de classe Yukino Yukinoshita. La rencontre est conflictuelle, en apparence très froide, mais on devine facilement que les deux vont au contraire très bien s'entendre. Une troisième membre les rejoint, beaucoup plus extravertie, Yui. Ce club permet de résoudre les problèmes d'autres élèves, mais aussi les leurs petit à petit, sauf que, par son cynisme et son côté autodestructeur, le garçon, s'il règle efficacement les problèmes, le fait avec une méthode blâmable qui l'enfonce de réputation, ce qui choque Yukino. Nous apprenons également qu'un événement passé lie déjà nos trois protagonistes entre eux.
Petit à petit, divers personnages sont introduits. Il est vrai qu'après un premier épisode exceptionnel, on peut avoir un peu peur de l'évolution de la série avec les personnages caricaturaux de l'otaku qui veut devenir écrivain ou du joueur de tennis androgyne, mais outre que même ces épisodes-là ne s'effondrent pas vraiment, la série se reprend bien en mains.
Le fort intérêt de la série réside dans la qualité des dialogues et des répliques, elles sont vraiment de très haut niveau, surtout pour un tel animé visant en principe un public un peu passe-partout. Il est clair que l'animé s'adresse à des gens qui ont une certaine sensibilité littéraire, ce n'est pas un animé facile à comprendre, il est tout en subtilités. Qu'on regarde pour la qualité littéraire ou pour se distraire, en tout cas, je pense qu'on peut dire que les deux premières saisons sont exceptionnelles et que la troisième se traîne un petit peu et a du mal à conclure de manière pertinente.
Dans la mesure où l'amour ne se dit pas entre les personnages, il s'immisce une réflexion sur les rapports humains, avec des idées de "codépendance", avec des leurres sur la justesse de définir les choses en un seul mot, etc. La série suppose aussi une certaine satire, c'est particulièrement évident au sujet de la novlangue des conseils lycéens.
J'ai beaucoup de regrets quant à la troisième saison qui a un vrai problème de cohérence et même d'intérêt, c'est dommage parce que la série est passionnante à suivre.
Au plan esthétique, je n'ai pas trop de réflexions importantes qui me viennent en tête. Mais il y a un travail sur la chaleur humaine et, inspirés des visages du light novel dont cet animé est l'adaptation, les visages ont des qualités expressives importantes. La palme revient à Yukino Ykinoshita, mais Yui et la sœur du héros ont une importante richesse et efficacité dans les compositions du visage. On peut penser à la fille couturière à longs cheveux blancs qui veut aider sa famille ou à la sœur de Yukino également. Les personnages ont une réelle présence et font peser leurs regards, ce qui est primordial dans un animé qui joue pas mal sur le non-dit, les silences, les émotions pas clairement expliquées aux spectateurs. Le héros masculin a sa particularité, deux minuscules pupilles pour signifier le regard de poisson mort qu'on lui reconnaît. L'enseignante et une jeune élève de primaire sont assez significativement des filles à cheveux longs fort ressemblantes physiquement et psychologiquement à Yukino.
Derrière le traitement de la fragilité psychologique, la série est remplie d'un humour frais qui passe bien. On sent aussi un bon fond généralisé des personnages, zone de confort dans laquelle s'inscrit plutôt le récit.