Les Trésors Enfouis de Nanana
Ryûgajô Nanana no Maizôkin appartient à ces séries qui donnent l’impression de recourir à une somme monstrueuse de poncifs, pour mieux surprendre le spectateur. Au premier abord, il s’agit d’un bon vieux anime-harem des familles, avec un héros insignifiant, le fantôme d’un moe-blob, une loli détective, un travesti, une déléguée de classe timide, et une amie d’enfance tsundere. Sauf que c’est plus compliqué que ça. Le fantôme est une ancienne aventurière ayant caché sur l’île moult trésors aux pouvoirs étranges – qui, à l’instar de la collection de Cats Eye, pourraient permettre de résoudre l’histoire de fond – la détective est réellement compétente, et le héros cache un passé peu glorieux et une personnalité pour le moins inquiétante derrière un air débonnaire. Donc oui, cela change.
Surtout, comme indiqué tantôt, nous avons une histoire de fond – le meurtre de Nanana – dont la résolution ne semble pas servir que de prétexte, et la recherche des trésors enfouis amène plus d’intrigues, quelques scènes d’action, et même des révélations plutôt bien senties, les protagonistes n’étant décidément pas ce qu’ils veulent bien faire croire. Ajoutez à cela le fait que cet anime soit globalement bien réalisé et rythmé – même si nous regretterons l’abus d’imagerie numérique dans les Ruines renfermant les trésors – et vous obtenez un bon petit divertissement.
Ou du moins, au début.
En effet, Ryûgajô Nanana no Maizôkin reste un pur produit de son époque. Et par là, je ne parle pas des clichés dans sa narration ou autre, mais bien de la façon dont cet anime a été pensé.
Très vite, nous comprenons que 11 épisodes seront insuffisamment pour résoudre quoi que ce soit, d’autant plus que certains passages, même si agréables à suivre, ne font strictement rien avancer. Ce qui est parfaitement logique : il s’agit d’une adaptation, et dans la mesure où les studios adaptent de plus en plus tôt des œuvres issues d’autres formats – donc avant que l’auteur n’entame la moindre ébauche de fin – et avec un nombre d’épisodes toujours réduit, il ne faut pas s’étonner d’obtenir des animes qui ne mènent à rien, et qui ne servent à rien d’autre que de publicité pour l’original.
Habituellement, les studios s’arrangent pour rajouter un enjeu inédit lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils n’ont rien à raconter pour mettre un terme à leur récit, et la résolution de cet enjeu servira à donner l’impression que l’anime raconte quelque chose. Mais c’est de la poudre aux yeux : l’histoire s’achève en réalité sur un statut quo, et il est bien évident qu’aucun des véritables enjeux, ceux mis-en-place au début, ne trouveront la moindre résolution. Pire : en adaptant le matériel d’origine, le studio évoque énormément de personnages, de factions, et de sous-intrigues, qui n’apparaitront jamais ou qui ne seront finalement qu’ébauchés, aboutissant uniquement à un résultat plus frustrant qu’autre chose. Nous serions au Japon, à la rigueur, nous aurions le choix de nous pencher sur les romans de Ryûgajô Nanana no Maizôkin – même si cela reste de l’arnaque, dans la mesure où un anime se devrait d’être conclusif – mais pas en Occident, de toute façon.
Cette série se laisse suivre sans déplaisir le temps de ses premiers épisodes, mais il apparait rapidement que nous fonçons dans un mur et que nous n’aurons jamais le mot de la fin. Il laisse donc un goût plus amer qu’autre chose.