Cette saison 4 de Narcos marque un tournant évident pour la série : changer de lieu, mais aussi de protagonistes, tout en restant dans ce ton mi-documentaire, mi-drame qui a fait son attrait et son succès.
Mais, las, la genèse du cartel mexicain n'offre pas un personnage aussi savoureux et "plus grand que nature" qu'Escobar, et tous les Felix, Don Neto et même Azul ont du mal à tenir la distance. Le problème ne vient pas seulement d'une réalité moins extraordinaire, mais aussi d'une écriture des personnages assez insipide : aucune aspérité ne leur est offerte, aucun passé n'est proposé en contrepoint.
Félix est un mutique cérébral qui aime sa femme? Évacuons là.
Don Neto tient à son fils, qui aura un destin tragique ? N'en parlons qu'à sa mort.
Seuls Kiki et Rafa se montrent un tant soit peu épaissi, mais malheureusement, cela est fait avec de gros sabots bien lourdauds : Rafa se défonce pendant la moitié de la saison en ruminant son histoire d'amour, Kiki est contraint par la corruption locale qui lui coupe les ailes...
Concernant le protagoniste principal, Kiki, là aussi ca coince. L'idée de présenter les débuts de la DEA, sans gloire, sans matériel ni appuis politiques peut être interressant, mais au final, on se retrouve surtout avec des personnages impuissants, tournant en rond dans leurs cages avant de reprendre leurs barbecues familiaux bien ricains.
J'en viens donc au plus gros problème que pose ce Mexico: c'est MOUUUUU!
Des personnages vides, des enjeux uniquement subis, une histoire vraiment moins palpitante... et un réal' qui nous sort régulièrement de longs plans introspectifs à la Breaking Bad (Felix voyage, seul dans sa voiture, au milieu du désert ; Kiki regarde sa femme, allongé dans on lit...). Mais on n'a aucune accroche ni affection pour ces personnages, donc le spectateur ne peut se projeter dans cette introspection!
En fait, Mexico est à l'image de la peinture ornant le bureau de Felix : un tableau certainement exécuté de bonne volonté par un technicien capable, mais dont le sujet n'en reste qu'un type mou dans une position peu ordinaire... Dommage.