Quand devenir le ninja ultime nécessite plus de bavardages et de flashbacks que de shurikens

Naruto, diffusé sur TV Tokyo en 2002, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris un shonen classique, l’avait saupoudré de ninjas, de pouvoirs magiques et de démons renards géants, et avait décidé que la recette parfaite inclurait également des tonnes de discours sur l’amitié, la volonté, et, bien sûr, des flashbacks à foison. En résulte une série qui, sous ses airs de ninja rebelle, aime bien prendre son temps (parfois un peu trop) pour nous rappeler qu’avant de balancer un Rasengan, il faut d’abord se parler à cœur ouvert pendant cinq bonnes minutes.

L’histoire suit Naruto Uzumaki, un orphelin turbulent, bruyant et un peu agaçant au départ (mais on s’attache, promis), qui rêve de devenir le Hokage, soit le chef suprême du village caché de Konoha. Le twist ? Naruto n’est pas qu’un ninja ordinaire ; il abrite en lui le démon-renard à neuf queues, un monstre qui a failli détruire le village des années auparavant. Mais au lieu d’avoir une vie normale, Naruto est ignoré, voire méprisé par les habitants de son village. Et pour couronner le tout, il n'est pas très doué en classe. Bref, pas vraiment un départ idéal pour devenir le ninja numéro un.

Mais ce qui rend Naruto intéressant, c’est que, sous ses airs de série pleine d’action, elle parle surtout de la résilience. Naruto ne lâche jamais rien (et vous pouvez compter sur lui pour le répéter au moins dix fois par épisode). Il veut être reconnu, il veut des amis, et il est prêt à tout pour prouver sa valeur. Ce mélange de détermination aveugle et de naïveté touchante fait de lui un héros atypique, souvent agaçant mais difficile à détester.

Le véritable charme de la série, en dehors des combats épiques (on y reviendra), réside dans ses personnages secondaires. Naruto est entouré d’une galerie de ninjas aux histoires et motivations complexes, comme Sasuke Uchiha, le rival un peu trop ténébreux pour son propre bien, ou Sakura Haruno, qui passe une bonne partie de la série à s’inquiéter pour Sasuke plutôt qu'à développer ses propres compétences (mais bon, tout le monde a droit à une évolution, non ?). Sasuke est le gars ultra-talentueux avec un passé de tragédie digne d’une telenovela (spoiler : son frère a massacré tout son clan, ambiance). Forcément, ça rend les révisions au lycée ninja un peu compliquées.

Les combats, parlons-en. Oui, ils sont spectaculaires, surtout avec les jutsus (techniques ninja), les invocations de créatures mythiques et les pouvoirs élémentaires qui transforment chaque affrontement en un véritable feu d’artifice. Voir Naruto utiliser son Multi Clone Technique ou son Rasengan pour éclater des adversaires est toujours un plaisir, et les combats deviennent de plus en plus élaborés à mesure que la série avance. Mais voilà, les affrontements sont souvent interrompus par… beaucoup de dialogues. Vous savez, ce moment où l’on est sur le point d’avoir un duel à couper le souffle, et où les personnages décident soudainement de s’arrêter pour discuter de la souffrance intérieure, de leur passé tragique, ou pour nous expliquer en long, en large et en travers leur stratégie. C’est sympa, mais disons qu’un peu de ninja mute ne ferait pas de mal.

Et puis il y a les flashbacks. Naruto a une passion quasi obsessionnelle pour les flashbacks. Parfois, on se demande si l’on n’a pas déjà vu la même scène cinq ou six fois, surtout quand il s’agit de revenir sur l’enfance solitaire de Naruto, la destruction du clan Uchiha ou les moments où Kakashi, leur sensei cool aux cheveux gris, fait des trucs mystérieux et badass. C’est comme si les créateurs avaient peur qu’on oublie un détail important, donc ils le répètent encore et encore, au cas où.

Visuellement, la série commence bien, mais comme beaucoup de séries longues, elle souffre parfois d’incohérences dans la qualité de l’animation. Certains épisodes sont magnifiquement animés, surtout lors des grandes batailles (coucou, combat Naruto vs. Sasuke !), tandis que d’autres semblent avoir été dessinés un peu à la va-vite. Mais globalement, le style graphique, avec ses décors colorés et ses designs de personnages distinctifs, reste l’un des points forts de la série.

En termes de bande-son, Naruto fait un travail impeccable. Les thèmes musicaux, qu’il s’agisse des morceaux épiques pendant les combats ou des musiques plus mélancoliques pendant les moments introspectifs, accompagnent parfaitement l’action et les émotions. Les génériques, quant à eux, sont devenus cultes, avec des chansons qui collent à l’ADN de la série, entre énergie pure et touches plus sombres.

Mais l’un des reproches que l’on peut faire à Naruto, ce sont ses longueurs. La série est truffée de filler episodes, ces épisodes qui ne font pas avancer l’intrigue principale et qui servent souvent de prétextes pour meubler le temps en attendant que le manga d’origine avance. Les fans les plus dévoués sauront s’accrocher, mais pour ceux qui veulent aller droit au but, ces épisodes peuvent être frustrants.

En résumé, Naruto est une série qui, malgré ses défauts, a marqué toute une génération avec ses combats spectaculaires, ses personnages attachants et ses leçons sur la persévérance. Si vous aimez les récits où les héros ne lâchent jamais rien, même face à l’adversité la plus ridicule, alors Naruto est fait pour vous. Mais préparez-vous à de longs discours entre deux coups de shuriken, et surtout, n’oubliez pas que devenir Hokage, c’est plus qu’une question de pouvoir : c’est une question de cœur (et de beaucoup de flashbacks).