Navarro, c’est un peu comme si ton oncle, fan de vieux films policiers, avait décidé de se lancer dans une série télévisée. Le résultat ? Une enquête policière des années 90 où l'action avance à un rythme si tranquille qu’on se demande parfois si les criminels eux-mêmes ne prennent pas des pauses café entre deux méfaits. Roger Hanin campe le commissaire Navarro, un flic bourru mais au grand cœur, qui gère ses enquêtes avec autant de rigueur que de fausses colères. Il est le genre de flic que tu verrais plus avec un verre de rouge à la main qu’un revolver.
Le problème avec Navarro, c’est que tout semble incroyablement prévisible. Les épisodes se suivent et se ressemblent, et le suspense n’est jamais vraiment au rendez-vous. Navarro et son équipe, un ramassis de seconds couteaux attachants mais un peu plats, passent leur temps à poser des questions, à tirer des conclusions d'une évidence sidérante, et à résoudre des enquêtes qui ne te laisseront jamais sans voix. Le criminel ? Souvent un suspect que tu as flairé dès les premières minutes. Mais rassure-toi, Navarro mettra tout de même une heure à le découvrir.
Le personnage principal, avec son imperméable beige, sa démarche nonchalante et sa voix grave, est le stéréotype parfait du flic old-school. Navarro est un peu ce tonton que tu croises aux repas de famille : toujours dans les bons coups, mais qui aime se plaindre du "système" et qui résout tout avec son autorité naturelle… et une bonne tape sur l’épaule. Il est censé être la force tranquille qui impose le respect, mais après une dizaine d'épisodes, tu te demandes si ce respect ne vient pas plutôt de sa légendaire patience pour des enquêtes si peu palpitantes.
Le reste de l’équipe est tout aussi stéréotypé. Tu as le jeunot fougueux qui veut tout faire vite, la femme flic qui tente de se faire respecter dans ce monde d’hommes bourrus, et l’informaticien de service qui te sort toujours LA réponse au moment parfait (mais après 45 minutes de galère, bien sûr). Chaque épisode semble suivre le même canevas : une petite enquête qui devient un gros problème, des interrogatoires répétitifs où Navarro semble passer plus de temps à philosopher qu'à réellement questionner les suspects, et, au final, une résolution qui tombe comme un soufflé raté.
Visuellement, Navarro ne révolutionne rien. Le Paris des années 90 est filmé de manière fonctionnelle, sans éclat particulier. Les scènes se passent souvent dans des commissariats gris ou des ruelles mal éclairées, et les rares moments d'action sont plus de l'ordre du "tu me cours après, je m'arrête" que des poursuites haletantes. Le décor est aussi fatigué que Navarro lui-même. On se croirait dans un Paris où le temps s’est arrêté, comme si la ville elle-même avait décidé de ralentir pour s’adapter au rythme de la série.
Mais le vrai coup de grâce, c’est le manque total de tension. Les enquêtes sont cousues de fil blanc, et même les tentatives de scènes dramatiques tombent à plat. Navarro pourrait être dans une situation de vie ou de mort, mais tout ce que tu ressens, c’est une envie de lui proposer une tisane pour calmer ses nerfs. Il n’y a jamais ce sentiment d’urgence ou de danger imminent, ce qui fait que tu te retrouves à regarder les épisodes avec la même énergie que si tu regardais un reportage sur les chèvres du Larzac. Oui, c’est apaisant, mais pas ce que tu attends d’une série policière.
L’humour (involontaire) de la série, c’est Navarro lui-même. Ses coups de gueule, ses petits moments de pseudo-philosophie où il se lance dans des tirades sur la justice ou l’honneur, son attitude paternaliste qui frôle parfois la caricature... Tout ça fait de lui un personnage à la fois attachant et fatiguant. Il incarne l’autorité à l’ancienne, celle qui n’a pas besoin de technologie, mais juste d’intuition et d’expérience. Mais dans un monde où tout va vite, Navarro ressemble à un vieux disque rayé, coincé dans un rythme qui ne change jamais.
En résumé, Navarro est un polar qui se regarde comme on feuillette un vieux magazine dans une salle d'attente : on ne s'y ennuie pas totalement, mais on sait que rien de palpitant ne nous attend. Les enquêtes sont prévisibles, les personnages manquent de relief, et même si le charisme de Roger Hanin fait sourire, il ne suffit pas à sauver la série de sa propre monotonie. Si tu cherches de l'action ou des retournements de situation, passe ton chemin. Ici, le crime a pris une retraite anticipée, et Navarro est là pour te le rappeler, tranquillement, épisode après épisode.