addictif et problématique à la fois

J'ai tranché la poire en deux, cinq étoiles, juste la moyenne. Normalement, je devrais mettre encore moins : tout cela n'a rien de bien puissant et même il faut faire la part de tout ce que cet animé a de dérangeant. Pourtant, cet animé, c'est un poison, on s'y intéresse insensiblement.
Le thème de cet animé n'a rien pour me toucher au départ. Même après avoir vu les épisodes de cette série, je ne sais pas ce que signifient les sigles MMO ou RPG, et je m'en moque éperdument. Pour une bonne part, cet animé transpose sous forme de fiction animée des parties d'un jeu vidéo imaginaire, et même plutôt des séances de chat en ligne au sein du jeu vidéo qu'autre chose, puis on a encore pas mal d'images des joueurs devant l'écran, avec inévitablement les glissements des personnages fictifs aux personnages réels. Parfois, il est amusant de voir la confusion puisque les personnages réels expriment des émotions pour ce qui est créé et vécu à travers les personnages fictifs du jeu, mais bon... J'ai la cruauté de me demander si ce genre de jeu existe et qui est assez débile pour y jouer. Les jeux en ligne à plusieurs, il y a des actions fédératrices et à aucun moment ça ne se relâche pour des conversations qu'on peut très bien avoir dans la vie réelle. Il y a un truc qui débloque dans ce genre d'animés-là. On voit des gens qui regardent des pixels sur un écran avec une hache et un bouclier dans la main, et ils se tapent la causette, ils nouent des intrigues amoureuses, ils ont des coups de foudre, des coups de foudre visuels même pour les créations pixels des autres joueurs en ligne. Il faut croire qu'on est artiste quand on crée un personnage en ligne, parce qu'on a des émois amoureux pour un beau personnage fictif de l'autre sexe. M'enfin, n'importe quel joueur peut prendre un joli personnage, il suffit de le choisir parmi les offres limitées disponibles. J'ai un peu de mal à piger ce qui se passe. Je ne comprends pas non plus très bien les transpositions. Les jeux en ligne il y a un chat avec du texte écrit, mais très souvent les interactions verbales sont spontanées et même avec la meilleure volonté du monde on ne peut pas croire que ça corresponde à du texte écrit. On voit les personnages bégayer, mais pas seulement, les anomalies pullulent. On voit aussi des actions invraisemblables : oh rentrons tous les deux dans une anémone de mer, oh je me pends par les pieds à un arbre, oh j'entre tout juste dans le buisson où nous pouvons nous cacher pour parler, etc., etc.
Et en même temps, le fait que le jeu ne soit que parlottes me fait douter que le profil des héros de cet animé correspondent à des profils types de joueurs au Japon. Je ne crois pas du tout à un rendu fiable.
Et ceci entraîne une autre critique plus sévère. Ces animés vendent un rêve assez malsain. Normalement, un animé doit mettre en garde contre le poison évident de ce genre de socialisation bornée et pathologique au travers des jeux vidéo. Une bonne série ne peut être que satirique sur ce genre de thème. Là, cet animé, c'est aussi mensonger qu'une publicité tape-à-l'oeil, tout est factice dans le conte de fées. Il faut mettre en garde les enfants, pas les livrer à ce genre de stupidité ambiante.
Maintenant, ce que je viens de dire, c'est ce que je peux dire pour justifier mon mépris pour déjà pas mal de séries. Pour celle-ci, je vais quand même faire un sort à part. Les défauts que je viens d'évoquer ont des conséquences fâcheuses, mais le personnage principal féminin est une sorte de Cendrillon efficace pour nos temps modernes. Cette femme neet complètement paumée, très fragile et qui ignore pourtant son potentiel, sa beauté physique même, c'est un personnage très bien fait pour plaire au public masculin qui regarde des animés. C'est aussi au plan symbolique une Cendrillon de notre époque très bien conçue. Et quand elle se fait enfin belle, on n'en rajoute pas des caisses, elle a un charme certain, mais elle a la trentaine et on la rend très belle sans la rendre fracassante. C'est un très bon équilibre auquel le public ne peut qu'être sensible. Même en neet, son charme ressort, elle a un corps très en valeur malgré ses cernes et son côté avachi. En même temps, elle a plein de mimiques, plein de vie expressive, soit quand elle se livre au jeu, soit quand elle souffre de devoir interagir en public avec les gens de la vie réelle. C'est un personnage qui attire la sympathie et intéresse à son sort. Et elle est intégrée à une histoire touchante assez simple, mais transcendée par le fait qu'elle avance en aveugle, tandis que nous ne savons pas tout, mais nous sommes au courant de bien plus de choses qu'elle.
Les bases de l'intrigue sont assez simples. Cette femme a renoncé à une vie sociale et se réfugie dans le jeu en ligne où elle s'invente d'autres vies. Le dernier personnage en date est masculin qui vit dans une guilde et devient le compagnon privilégié d'un personnage féminin. Le jeu fait office d'écran, c'est le cas de le dire, puisqu'il camoufle les identités réelles d'un petit groupe de joueurs qui pour les facilités du scénario sont tous des voisins dans la vie en gros. Or, un matin, notre héroïne est bousculée par une personne qui s'avère être un joueur de sa guilde. Inévitablement, ce qui peut se dire sur le chat en ligne du jeu commence à faire sens pour plusieurs joueurs. Une intrigue amoureuse va alors progresser comme par magie sur deux tableaux, progression par indices du jeu et progression aussi tout de même dans la vie réelle. On peut dire comme par magie, car au-delà des facilités scénaristiques il y a aussi le fait que certaines actions dans la vie réelle deviennent mystérieuses pour certains personnages qui ne devinent pas les implications du jeu, filon que l'animé aurait pu encore plus et mieux creuser à notre sens.
Il faut bien alors revenir un peu sur les défauts de l'animé. Un important problème, c'est que si une femme joue un homme dans le jeu et un homme joue une femme c'est juste un moyen de marquer que les identifications ne vont pas de soi, car en réalité les personnages étant clairement hétérosexuels on a du mal à entrer dans le délire d'une femme qui joue un homme fictif qui veut à tout prix être aimé d'une femme fictive et vice versa le délire d'un homme qui joue une femme fictive et tient à tout à prix à l'amour d'un homme fictif. Là, on est dans le gratuit de chez gratuit, ce n'est pas fin du tout. L'épisode 7 est central pour essayer de rattraper l'affaire, mais je l'ai ressenti comme l'épisode spécialement ennuyeux de la série, et on a juste un joueur qui bien sommairement explique que, pour lui, il s'agissait de jouer un rôle sans prise de tête et que maintenant le lien avec la vie réelle a tout compromis, ce qui ne raccorde pas vraiment grand-chose finalement.
Pourquoi cinq étoiles ? Je vais peut-être repasser à quatre même à trois étoiles... Pffh! Peut-être que l'héroïne principale m'envoûte. J'aime bien aussi le clip de début. Je commente rarement les openings et endings, il ne me viendra jamais à l'idée de les écouter en CD, mais de temps en temps ça mérite un commentaire et ici je parlerai de clip car la musique me charme, mais sans plus, sauf que c'est joint aux images où on voit notre Cendrillon courir avec des jeux de miroir où les personnages d'autres joueurs apparaissent, ça aussi ça contribue à m'envoûter. Enfin, bref, saleté d'animé, va !