C'est un soap qui se distingue aisément de ses pairs (Beverly Hills & co). Un cocktail idéal, mélange du meilleur de Once & again et de My so-called life avec une touche de glamour et d'irréel californiens. Si la série, ici et là, conserve le pire du genre (surtout au début de la première saison), elle détourne et transgresse la loi des scories suffisament tôt pour renouveler le ton d'un genre au goût souvent douteux. Ici, contrairement à Beverly Hills, on ne s'intéresse pas seulement à la vie agité des rich teens de la côte mais également à leurs parents. Quand on vous cause argent ce n'est pas tellement pour vous faire rêver ou vous démontrer une fois de plus que le bonheur ne dépend pas forcément d'un solide compte en banque, c'est plus subtil, lointainement balzacien; chacun vit ici avec ses dettes et ses rêves couverts de félures, chacun est surtout son propre martyr financier et accessoirement moral. La grandeur et décadence de ce petit monde jamais tout noir, jamais tout blanc, rythment le fil de la saga tout autant que les histoires de coeur. Si les personnages stéréotypés de ce show ont du relief et se révèlent au final attachants, c'est qu'ils sont empreints à la fois de distance et de chair fragile. Dialogues irrésistibles, rapports familiaux et d'amitié tyranniques (entre atavisme et oedipes mal réglés), histoires de violence, sont les ingrédients d'un feuilleton facile à regarder, c'est pas les Soprano, c'est pas The Shield, mais c'est suffisament monstrueux pour rester les yeux rivés sur l'écran. De plus, La série a été produite par quelqu'un que l'on suit depuis quelques années déjà, McG, créateur de Fastlane (autre série trompe-l'oeil effrénée et clinquante) et réalisateur au cinéma de Charlie's Angels, ce petit plaisir honteux bien ancrédans nos souvenirs de cinéphile. Plaisir honteux, telle cette série, que l'on chérit jalousement tout seul dans son canapé, un coussin entre les bras, son coeur de midinette à nue, une boîte de mouchoirs toujours à portée de la main.