Le premier épisode de Nine Perfect Strangers fait assez envie : un casting en or, avec des pointures comme Michael Shannon ou Melissa McCarthy réunies autour d'une Nicolas Kidman dont l'étrangeté naturelle devient de plus en plus effrayante, et un mélange attrayant d'humour embarrassant et de pistes psychologiques. Avec la caution du showrunner David E. Kelley, le responsable de la réussite de Big Little Lies, d'ailleurs adapté d'un livre de la même autrice, Liane Moriarty, qu'est-ce qui pouvait aller mal ? Eh bien à peu près tout !
Surfant sur la fascination US pour les gourous et les sectes en tous genres, et surtout sur le goût planétaire pour la psychothérapie - surtout quand elle n'est pas trop sérieuse, trop scientifique -, voici donc une historie très rapidement téléphonée de gens perdus, en famille, en couple ou seuls, qui cherchent une réponse à leur désarroi existentiel suite à un deuil, un divorce ou un échec dans un refuge de luxe - où ils sont a priori "invités" - et où ils vont avoir l'occasion d'interagir les uns avec les autres, voire avec le personnel étrange du lieu. Nous allons spoiler - mais ça n'a en fait aucune importance, rassurez-vous - mais le secret de Tranquillum, c'est que la "guérison" se fait avant tout par la libération mentale à coup de psychotropes ! On sent bien ici un retour d'acide des années hippies, avec une défense des drogues (pourvu qu'elles soient administrées sous contrôle, on reste politiquement corrects ici...).
Le problème est que, au delà de ces choix "médicaux" aventureux, Nine Perfect Strangers s'égare dans un dédale de rencontres et de conversations sans intérêt, de conflits conventionnels, le tout filmé de manière lisse comme si nous avions en fait affaire à un long, long clip publicitaire pour Tranquillum, justement. La fin, ratée et lénifiante, vient planter un dernier clou dans le cercueil qu'on ne regardera, à l'extrême rigueur, que pour le talent de ses interprètes, qui arrivent à sauver quelques minutes par-ci, par-là.
[Critique écrite en 2021]